Le dernier combat du troisième mousquetaire

Luxa Diakok n’a pas fait mouche A plus de 102 ans, il a livré son dernier combat et n’a pas fait mouche. Mais, c’est la loi de l’existence. On chemine sur une route plus ou moins par- semée d’obstacles que l’on fran- chit ou que l’on contourne valeu- reusement. La longueur n’est jamais connue d’avance mais, on sait que le dernier obstacle est inexorable.

N ous avons rencontré notre compatriote le jeudi 24 juin 2004. Il nous a retracé son parcours en précisant tout d’abord :«Je n’aime pas qu’on parle de moi car, je ne suis pas un personnage impor- tant». Cette fenêtre sur sa vie, jusqu’à cette date, a été publiée dans le n° 113 du 1 er juillet 2004 de Nouvelles Etincelles. Il nous plait de rappeler que ce combat s’est déroulé sur plusieurs fronts.

Durant son parcours scolaire, plu- sieurs jobs salariés lui ont permis d’aider ses parents. Il obtient son Brevet élémentaire et, après sa démobilisation à la fin de la guerre 1939-1945, il passe différents concours administratifs dont l’un lui permet de travailler à la sous- préfecture. Mais, c’est l’Education nationale qui obtient finalement sa préférence car, il a depuis tan- tôt la vocation de préparer les jeunes à la lutte, dans cette Guadeloupe coloniale.

Alors, l’ancien élève d’Antoine Combé au cours complémentaire de Sainte-Rose, ancêtre du collège, s’engage résolument dans la poli- tique et le syndicalisme. Militant communiste depuis 1950, iI parti- cipe à la création du Parti Com- muniste Guadeloupéen aux côtés de ceux qui sont à l’origine de «l’Appel au Peuple» de 1944.

Trésorier du Syndicat national des instituteurs (SNI), l’unique syndi- cat d’enseignants à l’époque, il constitue avec deux de ses col- lègues, Roger Verdol, communiste, et Etienne Portécop, sympathisant communiste, un «Triumvirat»connu sous l’appellation «les trois mousquetaires», parce qu’on les voit toujours ensemble d’une part et, d’autre part, en raison de leurs faits d’armes dans la lutte syndi- cale, face à l’administration acadé- mique. Ce qui ne les empêche pas d’accéder rapidement à des postes de responsabilité : directeurs d’école durant des décennies pour Luxa Diakok et Roger Verdol,«l’homme à la cravate rouge».

Quant à Etienne Portécop, sa car- rière s’est surtout déroulée dans le corps des professeurs de cours complémentaire, où il s’est fait apprécier et respecter par toute sa hiérarchie. Ces trois hommes ne passaient pas inaperçus quand ils quittaient le local syndical sur l’Assainissement à Pointe-à-Pitre, après des heures de travail et de concertation. Il leur arrivait tout de même d’affronter des anti-commu- nistes, tant dans la corporation qu’au niveau de l’administration. Alors, le mousquetaire Roger Verdol, brandissant sa cravate, assé- nait sa réplique : «Je sais que c’est ça qui vous emmerde»au début de leur argumentation d’une objectivité et d’une clarté indiscutable.

Depuis son départ à la retraite en 1978, Luxa Diakok a pu continuer sa vie dans la plus grande sérénité, exprimant son attachement indé- fectible au Parti Communiste Guadeloupéen. Quittant ce mon- de à 102 ans, il a montré le che- min afin que le flambeau laissé allumer ne s’éteigne jamais.