Les perspectives de rebond post Covid en Guadeloupe

La crise sanitaire Covid-19 a mis en exergue la détresse sociale de la population gua- deloupéenne. L’économie de la Guadeloupe paralysée par 50 jours de confinement et les restrictions d’activités et des libertés indi- viduelles durant cette période ont affecté de nombreuses d’entreprises en Guadeloupe.

H uit entreprises sur 10 ont accusé le choc Covid. Dans sa dernière note de con- joncture, l’Insee fait état d’une reprise de l’économie française en août 2020 à environ 95% de son niveau d’avant crise. En Guade- loupe, la croissance économique affichait un taux de croissance de 3,4% en 2017, suivie d’un ralentis- sement à hauteur de 1,5% en 2018.

En ce début 2020, l’économie, sur décision gouvernementale a été mise sous cloche, avec pour consé- quence des pertes financières conséquentes pour nombre d’en- treprises, entrainant de fait, une forte dégradation de la situation.

Il convient dès lors de s’inquiéter sur les perspectives de rebond des entreprises de Guadeloupe éprou- vées par ce choc.

C’est pour répondre à cette ques- tion que la CCI a initié une enquête par questionnaire auprès des entre- prises de la Guadeloupe.

L’objectif de cette enquête est de cerner les perspectives de rebond des entreprises de Guadeloupe consécutives au choc Covid-19.

Un peu plus de 560 ont répondu, dont une majorité d’artisans com- merçants, situés pour la plupart, sur le territoire de Cap Excellence.

Il ressort de cette enquête que : 83% des entreprises ont été affec- tées par le choc Covid dont, 32% ont fermé leur établissement, 52% ont enregistré des baisses de com- mande, 30% ont souffert des rup- tures, 22% un allongement des délais fournisseurs d’approvisionne- ment, 63% une contraction forte de la fréquentation de clientèle, 15% ont enregistré l’absence de collaborateur.

Bien plus encore, 461 entreprises sur les 564 interrogées ont enregis- tré des pertes de chiffres d’affaires d’importance variable : entre 10,2% et 100% pour certaines et d’autres se sont trouvées en incapacité de payer le loyer pour 42% les salaires, pour 62%, les charges sociales et fiscales, pour 48% les dettes four- nisseurs et remboursement de cré- dit entre autres.

Les aides de l’Etat ont été d’un grand secours puisque beaucoup ont pu mobiliser les dispositifs mis en place notamment le chômage partiel, le fond d’urgence régional, le fond de solidarité, le prêt garanti Etat (PGE). L’enquête réalisée par la CCI montre en effet que 8 unités sur 10 ont été affectées à divers degrés par cette pandémie et envi- rons 45% des entreprises ont fait appel au chômage partiel présenté comme un dispositif pour éviter le licenciement.

Le confinement a été une opportu- nité pour certaines entreprises de revoir et adapter leurs modèles éco- nomiques et sociaux. En revanche, beaucoup n’ont pas de visibilité sur les perspectives économiques à court et moyen terme et affichent un pessimisme sur le climat des affaires. Il en découle un attentisme avéré en matière de prise de déci- sion pour investir, ou embaucher.

Malheureusement le devenir de de beaucoup dépend en grande partie de ce plan de relance peu ambitieux du gouvernement. Nul doute, on devrait s’attendre à un choc dont très peu d’entre- prises se relèveront, au prix d’une casse sociale.

Il n’est peut être pas encore trop tard pour agir à l’émergence d’un nouveau modèle économique et social, réfléchir aux possibilités de plus de responsabilités locales qui s’entrouvrent, et ne pas rester à attendre immuablement les jours qui passent dans l’espoir que les choses reviennent à la normale car, il demeure une certitude que «rien ne sera comme avant».

La priorité est sans doute de tout mettre en oeuvre pour un retour de l’économie fonctionnelle mais l’ho- rizon de ce retour demeure cepen- dant incertain compte tenu de la reprise de cette pandémie qui conduit l’exécutif à prendre en octobre des mesures de fermeture sélective et souvent incohérentes.

On ne peut encore parler de réces- sion consécutive au choc Covid mais plutôt de «désynchronisation de l’économie» selon le terme de l’économiste Robert Boyer.

Cependant, il est inéluctable que cette situation aggravera ce chô- mage de masse endémique et l’en- dettement public en Guadeloupe.

En réalité, cette enquête de la CCI a le mérite de confirmer nos analyses de la situation économique de la Guadeloupe que la Covid a révélé au grand jour. Cette situation, si elle s’est aggravée avec la crise n’est pas la conséquence directe comme on a tendance à laisser croire.

On ne peut ainsi espérer même après crise avoir une améliora- tion s’il n’y pas fondamentale- ment de remise en cause du modèle et du système.