Capesterre Belle-Eau : Réflexions autour de la question du transport urbain

15 jours après les protestations des usagers de la commune de Capesterre Belle-Eau obligeant le maire J-P Courtois, la CASBT et la Région à revoir leur copie suite à la mise en application de la réglementation régissant la question du transport urbain et non urbain, plusieurs questions interpellent. Mais avant tout, il est bon de rappeler à nos lecteurs sur quoi repose l’organisation du transport en Guadeloupe.

C’ est en 2015 qu’une nou- velle organisation territo- riale de la République (la loi Notré) redéfinissait l’organisa- tion institutionnelle des transports publics collectifs. Ainsi, à partir de 2017, c’est la Région qui devient, avec les compétences en matière de transport urbain, le chef de file la mobilité dans notre pays. Le Conseil départemental gardait la responsabilité de l’organisation du transport scolaire pour les élèves en situation d’handicap.

Derrière cette nouvelle organisa- tion se pointe également la ques- tion de la transition énergétique. Par conséquent, afin d’avoir un équilibre antre les besoins d’accès et de mobilité des la population et de la protection de l’environne- ment et de la santé, chaque AOM doit mettre en place un plan de déplacement urbain (PDU). Des enjeux importants et multiples pour le pays qui doivent répondre à plusieurs objectifs. Notons en deux :

• La diminution du trafic auto- mobile

• Le développement des transports collectifs et des modes de déplace- ment les moins polluants

Ces rappels de connaissance nous permettent de comprendre que dans la colère exprimée par la population capesterrienne, c’est un rappel à l’ordre que la Région a tout simplement exécuté : faire cesser la concurrence du trans- port non urbain en obligeant les transporteurs à éviter le passage dans le bourg de la commune. Alors que peut-on reprocher à la Région et bien évidemment à la CASBT et au maire de la com- mune J-P courtois ?

Tout d’abord, le fait d’appliquer une réglementation sans tenir compte de nos spécificités locales et ensuite de ne pas avoir associé les usagers, les transporteurs à cette décision.

Quelque soit la décision qui a été prise ou sera prise, des problèmes majeurs sont posés :

• multiplicité des lieux d’organisa- tion et de décision du transport dans un petit pays comme le nôtre.

• L’application systématique de la règlementation décidée au niveau de l’Etat sans tenir compte de nos spécificités bien guadeloupéennes.

• Le choix de mettre à l’écart des lieux de décision, les usagers et les professionnels.

Nous le répétons inlassablement, seule une Guadeloupe autonome, dotée d’un vrai projet visant le développement harmonieux et l’émancipation de notre peuple et d’une gouvernance plus efficace qui permettra de régler tous ces pro- blèmes récurrents comme le trans- port, l’eau, les déchets, etc. Cependant en poussant notre réflexion un peu plus, la question de la crédibilité de l’élu politique en charge de la gestion des collectivi- tés et celle en particulier de la com- mune de Capesterre Belle-Eau J-P Courtois pose problème.

En effet, sa parole donnée et son efficacité sont mises à l’épreuve sérieusement. Il est à constater que son slogan «un homme, un man- dat» rapidement mis en oeuvre pour l’ensemble de son équipe ne l’est pas pour lui. Face aux guade- loupéens, il décide de démissionner de la Région pour exercer sa mis- sion de maire à 100%, donner l’exemple à son équipe et respecter les valeurs d’éthique et de morale qu’il voudrait endosser.

Le résultat aujourd’hui : non seule- ment qu’il revient sur sa parole donnée en refusant de démission- ner, mais est dans l’incapacité de suivre les décisions prises à la Région et à la CASBT.

Encore une fois, une affaire, qui nous invite à réinventer notre pays, à prendre le chemin de la responsabilité, à choisir des hommes et des femmes qui sou- haitent et qui luttent pour l’inté- rêt général du pays. Cela est pos- sible ! Tout est question de luci- dité, de responsabilité et de cou- rage de la population. En tout cas, bravo aux Capesterriens et Capesterriennes qui savent mon- ter au créneau pour défendre leurs intérêts.