1949-2019 : Comment les communistes ont sorti la Chine du sous-développement (extrait)

Les médias occidentaux ont beau tenté d’oc- culter cette évi- dence, elle saute aux yeux : la Chine a accompli en 70 ans ce qu’aucun pays n’a réussi à faire en deux siècles. En fêtant l’anniver- saire de la République populaire, proclamée par Mao Zedong le 1 er octobre 1949, les Chinois savent quelle est la situation de leur pays. Mais ils savent aussi dans quel état il se trouvait en 1949. Dévasté par des décennies de guerre civile et d’invasion étrangère, c’était un champ de ruines.

Aujourd’hui, l’économie chinoise représente 18% du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, et elle a dépassé l’économie américaine en 2014. La Chine est la première puis- sance exportatrice mondiale. Sa puissance industrielle représente le double de celle des Etats-Unis et quatre fois celle du Japon. Pourtant l’endettement global du pays (dette publique et privée) est infé- rieur à celui des Etats-Unis (250% contre 360%) et sa dette exté- rieure est faible.

La Chine est le premier produc- teur mondial d’acier, de ciment, d’aluminium, de riz, de blé et de pommes de terre.

Ce développement économique a amélioré les conditions d’exis- tence matérielle des Chinois de façon spectaculaire. L’espérance de vie est passée de 40 à 64 ans sous Mao (de 1950 à 1975) et elle approche aujourd’hui 77 ans (contre 82 ans en France, 80 ans à Cuba, 79 ans aux USA et 68 ans en Inde). Le taux de mortalité infan- tile est de 7‰ contre 30% en Inde et 6‰ aux Etats-Unis. L’analpha- bétisme est quasiment éradiqué. Le taux de scolarisation est de 98,9% dans le primaire et de 94,1% dans le secondaire.

L’une des questions fondamentales du développement est celle de l’ac- cès aux technologies modernes, c’est pour régler ce problème cru- cial que Deng Xiaoping a organisé en 1979 l’ouverture progressive de l’économie chinoise aux capitaux extérieurs : en échange des profits réalisés en Chine, les entreprises étrangères y procéderaient à des transferts de technologie en faveur des entreprises chinoises.

En 40 ans, les Chinois ont assimilé les technologies les plus sophisti- quées, et l’élève a dépassé le maî- tre ! Aujourd’hui, la part de la Chine dans les industries de haute technologie atteint 28% du total mondial et elle devrait surclasser les Etats-Unis en 2021.

Dotée de 80 technopoles, elle est numéro un mondial pour le nombre de diplômés en sciences, technolo- gie et ingénierie, et elle en forme quatre fois plus que les Etats-Unis. Ce développement spectaculaire de la République populaire de Chine est le résultat de 70 ans d’efforts titanesques. Pour y parvenir, les Chinois ont inventé un système socio-politique original, mais que les catégories en usage en Occident peinent à décrire. Loin d’être une «dictature totalitaire», en effet, c’est un système néo-impérial dont la légitimité repose exclusivement sur l’amélioration des conditions d’existence du peuple chinois.

Habitués à penser que la démocra- tie repose sur le rituel électoral, les Occidentaux ne comprennent pas ce système. D’ailleurs, ils ne voient même pas que leur «démocratie» s’accommode d’une désignation du président par les banques, alors qu’en Chine les banques obéissent au président.

Pour conduire le développement du pays, les Communistes chinois ont bâti une économie mixte pilotée par un Etat fort. Son objectif priori- taire est la croissance, appuyée depuis les réformes de 1979 sur la modernisation des entreprises publiques dominant les secteurs- clé, la constitution d’un puissant secteur privé, le recours aux capi- taux étrangers et les transferts de technologie en provenance des pays plus avancés.

Tout en justifiant l’ouverture éco- nomique, Jiang Zemin a rappelé en 1997 que la Chine ne perdait pas de vue l’édification du socia- lisme. C’est pourquoi l’État doit conduire le développement, la propriété publique rester domi- nante et le secteur financier demeurer sous contrôle.

L’expérience historique de la République populaire de Chine est unique : c’est la réussite d’une stra- tégie de sortie du sous-développe- ment à une échelle sans précédent, et sous la direction exclusive d’un Parti communiste. Certes les pro- blèmes demeurent immenses (vieillissement de la population), les paradoxes stupéfiants (un socia- lisme avec des capitalistes), les fra- gilités non négligeables (fléchisse- ment de la croissance). Mais la Chine de 2019 a l’intention de poursuivre le mouvement. Elle entend bâtir une «société de moyenne aisance», développer son marché intérieur, promouvoir la transition écologique. Il faudra se faire une raison : décidée à refermer la parenthèse de la domi- nation occidentale, la Chine aspire à retrouver la place qui lui revient.

Par Bruno Guigue (ancien haut fonctionnaire français, Analyste politique)