Une première dans l'histoire israélienne, 250 enseignants refusent de participer à un programme destiné à légitimer l'occupation de la ville palestinienne d'Hebron

Pour la première fois dans l'histoire israélienne,plus de 250 enseignants ont signé une lettre où ils affirment qu'ils refuseront de participer à un programme de l'Éducation nationale qui les contraint à emmener leurs élèv es dans des «visites du patrimoine» de la ville palestinienneoccupée d'Hébron.Hébron est la seuleville palestiniennecomptant une coloniejuiv e au cœur de la cité.Pour permettre à quelques centaines de colons de se déplacer librement,Israël choisit de mettre en place une politique officielle de discrimination envers les habitants palestiniens de la ville,et au fil des ans,le centreville d'Hebron est devenu une ville fantôme.

« E n février 2011, vous annonciez un nouveau programme de visites appelé 'Monter jusqu'à Hebron'», ont écrit près de 260 enseignants la semaine dernière au Ministre de l'Education Gideon Sa'ar. «Introduire ce programme dans les écoles, c'est manipuler les élèves et les enseignants, qui ne seront plus que des pions politiques. Puisque nous sommes dévoués à l'éduca- tion des enfants, notre conscience nous empêche de devenir des agents d'une telle politique». Udi Gur, professeur de littéra- teur de Jérusalem et un des initiateurs de la lettre des enseignants a déclaré à Haaretz dimanche dernier que «nous sommes peut-être au début d'une nouvelle ère où les citoyens devront payer un prix personnel pour arrêter la vague nationaliste». «Nous espérons que d'autres enseignants n'au - ront pas peur, car nous n'avons aucune intention de reculer devant les menaces». Gur a continué : «Le système éducatif est pris d'assaut par des forces politiques extrémistes, cherchant à remplacer l'éducation par l'endoctrinement. Nous ne les laisserons pas faire».

Les enseignants s'opposent au plan de Sa'ar qui serait prêt à dépenser des millions de she - kels -montant révélé par le Ministère de l'Education- pour financer les visites : «Vous pré- tendez que le but de ces visites n'est pas politique», lit-on dans la lettre. «Mais lors de votre visite à Shiloh, vous annonciez ouvertement vos objectifs : 'C'est une bonne chose de se rendre dans les colonies. C'est une bonne chose que les colonies s'épanouissent. Il ne faut pas laisser chez les Arabes s'ancrer l'illu - sion qu'un jour, il n'y aura plus de Juifs ici. Les Juifs vivront toujours ici et toute autre illu- sion entretenue est un obsta- cle à la paix'. Voilà pourquoi on nous demande de visiter laT ombe des patriarches et Shiloh. Vous profitez de notre système éducatif national pour renforcer et pérenniser les colonies Juives dans le coin. A cette fin, la réalité à Hébron est présentée d'une façon partiale et tendancieuse. Effacer cette réali- té politique est bien une actionpolitique».

Le programme controversé des «visites du patrimoine» n'était dirigé jusqu'à présent que vers les élèves du district scolaire deJér usalem ; mais il y a quelques semaines, Sa'ar a annoncé qu'il serait étendu à d'autres élèves, dans tout le pays. Parmi les nouveaux projets lancés par Sa'ar, des rencont- res avec des officiers de l'armée visant à «renforcer le lien et la coopération entre les écoles et les Forces de défense Israéliennes» et un doublement du budget del'assoc iation Randonnée Isra- élienne dont le but est de «rendre plus évident et de renforcer le lien entre le peu - ple d'Israël et la terre d'Israël, tout en faisant comprendre nos racines en tant que peuple et notre droit à la terre».

Gur a ajouté : «Nous voulons dire sans la moindre ambiguïté à notre ministre que ni les élèves ni nous ne sommes ses soldats. Il ne s'agit pas d'une déclaration gau- chiste, mais bien une déclara- tion d'enseignants qui souhai - tent que leurs étudiants puis- sent se forger une opinion indépendante basée sur de réelles connaissances. Ces visites à Hebron et Shiloh propo - sent l'exact opposé, puisque leur but n'est pas éducatif. Leur but est de créer une identificat ion émotionnelle, tout en faisant avancer certaines idées politiques». Les enseignants ont insisté sur le fait qu'il s'agissait de la première fois que des enseignants s'opposaient, publique - ment et non de façon anonyme, à une politique du ministère.