Central Energie Antilles : Leur déterminant ? La détermination…

Boulevard de la Pointe Jarry à Baie-Mahault, cela fait plus de six mois que la majorité des techniciens de la Centrale Energies Antilles se rend quoti- diennement sur leur «piquet de mobilisation». C’est ainsi qu’ils appellent l’espace qu’ils occu- pent devant la centrale pour travailler à leur projet depuis le 24 juin 2020, date à laquelle la centrale (qu’ils ont mis en ser- vice il y a vingt ans), a arrêté de produire de l’électricité, non pas par faute de rentabilité (dix neufs millions de bénéfices en 2018), mais simplement par faute de contrat avec EDF.

Q uel est l’objet de cette mobilisation hors norme ? La conversion de la centrale pour passer du fioul au bio-fioul comme énergie primaire, et son redémarrage. Cette revendica- tion est motivée par :

1- Techniquement, le besoin de sécuriser et stabiliser rapidement le réseau électrique, sur lequel est injecté l’électricité produite par les énergies intermittentes telles que le solaire et l’éolien, avec des moyens moins coûteux et moins polluants que ceux utilisés depuis l’arrêt de la centrale.2- Ecologiquement, la transition énergétique qui impose de ne plus utiliser les énergies fossiles comme énergie primaire pour la production d’électricité.

3- Socialement, le maintien de l’em- ploi (une quarantaine d’emplois directs et indirects) sur un territoire déjà gravement touché par un chô- mage endémique, et accentué par cette crise du Covid.

Les arguments technico-écono- miques, législatifs et sociaux qu’ils ont présenté pour étayer leur pro- jet, répondent positivement à ces trois points, et ont permis de démontrer que les licenciements économiques, voie de garage vers laquelle les dirigeaient pour d’obs- cures raisons, la Région et les ser- vices de l’ancien préfet Gustin en complicité avec leurs entreprises, n’étaient pas justifiés (démontrant entre autre qu’il n’y avait pas d’arrêt définitif de l’activité) et ne répon- daient pas au principe selon lequel la transition énergétique doit être une transition juste, socialement.

C’est donc sur la base de ces argu- ments que le 6 décembre 2020, l’Assemblée régionale a réinscrit dans la Programmation plurian- nuelle de l’énergie (PPE), la cen- trale dans l’ensemble des moyens de production d’électri- cité en Guade-loupe. Cette étape était cruciale dans le chemine- ment du projet qui doit les emmener vers la signature d’un nouveau contrat avec EDF, et donc le redémarrage de l’usine.

Pour l’heure, le dossier de la PPE, co- piloté par la Région et l’Etat, doit être avisé par l’Autorité environne- mentale la Direction générale de l’énergie et du climat et le ministère des Outre-Mer pour validation finale. C’est un délai de trois à qua- tre mois voire plus, qui s’ajoute aux six mois qui viennent de s’écouler, avant de pouvoir voir aboutir leur projet de redémar- rage de la centrale avec une éner- gie primaire propre.

En conclusion, l’action menée par ces quinze salariés participe au niveau de la Guadeloupe à la mise en oeuvre concrète et effective de la transition énergétique, indispensa- ble pour le bien de la planète et la limitation de la dérive climatique, et est une illustration du principe bien connu «Penser global, agir local».

La détermination et le travail rigoureux de groupe dont font preuve ces salariés depuis qu’ils ont commencé à travailler sur la reconversion de leur centrale, démontrent que rien n’empêche les travailleurs à être les acteurs vivants de leur destin.

Nos politiciens feraient bien d’en prendre de la graine pour se donner les moyens de s’organiser afin d’être en capacité, une bonne fois pour toute, de prendre en charge la Guadeloupe de façon responsable.