Vivre avec nous, chez nous !

Le processus de constitution de la communauté que nous formons, issue du brassage des populations venues des cinq continents a fait de nous ce peuple que nous sommes aujourd’hui.

Un peuple multi-ethnique, multiracial, multiculturel, qui a appris et cul- tive naturellement le vivre ensemble. Notre façon d’être et de vivre ne relève d’aucun atavisme, ni de manies qui se perpétuent par habitude.

Nos ancêtres, les Calinagos, les Africains, les Indiens, les Européens, ont connu, pour certains, l’extermination, la déporta- tion et l’esclavage. Pour d’autres, l’engagisme et le bannissement. Mais tous ont connu les violences, les souffrances, les misères de l’exploitation coloniale et capitalistes déshumanisantes.

Ils ont survécu et se sont libérés de cet enfer et des fers par la pra- tique de la résilience. C’est-à-dire par leur grande capacité de résis- tance et de se relever des pires atrocités, par leur aptitude à faire vivre les valeurs de solidarité, de partage, de respect, de fraternité, tout en préservant leurs traditions ancestrales.

C’est cette capacité de résilience et toutes ces valeurs qu’ils nous ont transmises en héritage qui soudent aujourd’hui notre commu- nauté et nous permettent de revendiquer notre lien au monde.

Nous sommes donc un peuple ouvert au monde, pacifique et accueillant, ce qui est reconnu par tous ceux qui entrent en relation avec notre communauté.

Dans notre société il n’y a ni racisme, ni sectarisme, ni communau- tarisme, ni rejet de l’autre. Mais, la fierté, la dignité, le patrimoine culturel de l’homme guadeloupéen représentent la ligne jaune à ne pas dépasser, au risque de saper les bases du vivre ensemble.

Ce que nous entendons et voyons depuis quelques temps venant de personnes qui viennent s’installer et vivre chez nous soulèvent, il faut le dire, un grave problème pour l’équilibre de notre société.

Ces allogènes, après s’être attaqués au chant du coq qui nous réveille chaque matin, dénoncer une prétendue «maltraitance» sur les boeufs tirants, s’offusquer des sons du ka qui montent de nos rencontres populaires, prétendent aujourd’hui faire interdire le klaxon de notre légendaire voiture à pain et deman- dent la démolition d’un temple hindou.

Dans le même temps, ils veulent imposer l’apartheid dans notre pays en multipliant les résidences privées pour Européens. Ils bétonnent les plages pour interdire l’accès à la mer aux Guadeloupéens.

Encouragés par le négationnisme des dirigeants politiques et quelques philosophes et historiens français, ils s’engouffrent dans l’affirmation d’un colonialisme décomplexé.

Ils ont tort, car ils risquent de réveiller dans notre subconscient des blessures non cicatrisées. Il est encore temps d’éviter l’en- grenage que personne ne sait exactement où il peut conduire.

Vivre avec nous, chez nous, en respectant nos droits, notre patri- moine, notre culture, nos us et coutumes, est certainement la forme de relation la plus intelligente pour avancer ensemble en humanité.