Le carnaval 2021 à huis-clos

La préfecture a signé une charte d"engagement avec les associations carnavalesques leur permettant de se réunir dans leurs locaux malgré la pandémie. A ce propos, nous avons donné la parole à Mme Guylaine Boucher, présidente du groupe Akiyo

Quel est votre ressentiment parrapport à la charte signée entre le préfet et les associations carnava- lesques ?

Guylène Boucher :C’est la même charte que celle de l’évènementiel. Le préfet s’est basé sur un document qui existait déjà depuis un certain temps. Dans les faits, il n’y a pas de car- naval 2021, car ce n’est pas une organisation de carnaval. Quand on fait le carnaval, cela se passe dans les rues. Il est impossible de le faire dans un local, ni dans un stade, ni dans un endroit fermé. La charte prévoit cinquante per- sonnes, mais en même temps, l’Etat nous empêche de fonc- tionner car, il limite les rencon- tres à six personnes.

Ne pensez-vous pas qu’il est impor- tant de protéger la santé des gens avant de se défouler ?

C’est bien pour cette raison que nous ne sommes pas dans les rues. Mais nous tenons à ce que nos adhérents se rencontrent. En revanche, nous constatons que tout fonctionne dans le pays sauf ce qui est propre aux Guadeloupéens

. Nous, sommes une association culturelle. C’est le patrimoine guadeloupéen que nous préser- vons alors, il n’était pas question de faire l’impasse. Nous sommes conscients du problème et nous avons même publié des com- muniqués en ce sens.Comment faites-vous pour vousexprimer durant cette période ?Tous les dimanches, nous sommes au local comme en période de car- naval et nous échangeons entre nous. La semaine dernière nous avons mis sur pied un atelier tam- bour/chant, c’était un temps d’ini- tiation. Le 1 e r dimanche du mois de janvier, nous avons hissé notre dra- peau sur le mât au rond-point de Chauvel Abymes. C’est notre rituel pour marquer l’ouverture de la saison, puis nous avons regagné nos foyers sans tam- bour, sans trompette. Bien évidemment, nous respec- tons les gestes barrières liés aux mesures sanitaires et nous pre- nons nos précautions. Ceci dit, notre local fonctionne.Le mode d’encadrement est-iladapté à notre mode de vie ?

Nous savons que nous sommes dans un pays colonisé. Le docu- ment n’était même pas encore signé que le préfet communiquait déjà dessus. Depuis 2020, le pré- fet avait annoncé qu’il allait rece- voir les associations carnava- lesques, puis plus rien. Je pense que lorsqu’il a réalisé que certains groupes avaient pris l’ini- tiative de sortir le 1 er dimanche du mois et vu ce qui s’était passé en Guyane et en Martinique, il a peut-être décidé de prendre les devants pour ne pas avoir les mêmes effets en Guadeloupe. C’est ainsi que cette réunion a été rapidement mise en place.

Il semble que les collectivités, régionale, départementale et l’Etat ont décidé d’accorder une subven- tion aux associations carnava- lesques à hauteur de 1 millions d’euros. Comment appréciez-vous cette annonce ?

Notre association n’a jusqu’à ce jour reçu aucun document à remplir pour obtenir cette subvention et nous n’avons déposé aucun dossier pour recevoir une subvention. Cela ne veut pas dire que nous ne le ferons pas mais pour l’instant nous ne sommes pas dans ce «larèl».Extraits de la Charte d’engagement portant sur les activités carnavalesques

«Respecter les capacités maximales et conditions de réalisation suivantes qu’il leur appartient de mettre en oeuvre pour assurer la santé et la sécurité des participants dans le cadre des réu- nions, des entraînements, répétitions ou captations carnavalesques : - espace de 4 m 2 au minimum par personne, et en tout état de cause, 50 personnes au maximum - huis clos (sans public), - mise à disposition de gel ou de solution hydro-alcoolique, - accès réservé aux seuls membres de l’association concernée, dans le local associatif (…) - port du masque obligatoire (…) - déconseiller très fortement à leurs adhérents et sympathisants, de défiler et débouler sur la voie publique, compte tenu du risque sanitaire et pénal (…) La préfecture, le Conseil régional, le Conseil départemental s’engagent à :

- mettre en place un fonds de soutien d’un montant total de 200 000€ au cours du premier trimestre 2021, permettant d’accompagner selon les conditions de l’appel à projets tripartites - la prise en charge partielle de certaines dépenses engagées spécifiquement pour le carnaval, dont les défilés ont été annulés (…). Lire la charte sur le site de la préfecture