Le temps des conquêtes coloniales est terminé !

Une loi portant sur le «patri- moine sensoriel» vient d’être adoptée par le Sénat. Elle pren- dra effet début 2022. Cette loi nous intéresse à plus d’un titre et nous verrons pourquoi.

R appelonsque cette loi était la conclusion d’une saga judiciaire qui avait opposé une brave campagnarde à ses voisins «nouveaux venus» qui se plaignaient du chant du coq de Mme Fesseau.

Désormais, précise cette loi, tout achat de terrain devra préciser les «bruits et effluves du monde rural qui entourent le terrain acheté».

Pourquoi disons-nous être très intéressés par cette loi ? Elle arrive au moment où l’indignation de la population guadeloupéenne dans toutes ses composantes éclate à la suite de procès intentés par des«moun vini».

Certains de ceux-ci, installés dans des petits ghettos, ne veulent plus entendre chanter les coqs, battre les tambours, klaxonner les voitures à pain, aboyer les chiens, voisiner avec nos églises et nos temples…

Mais que diable sont-ils venus chercher dans nos pays quand on sait que le monde caribéen s’est forgé dans le «bruit et la fureur» de la terre, de la mer, des vol- cans, des massacres d’Amérindiens, du marronage et des guerres d’indépendances.

Eh oui, Messieurs et dames, les peuples de ces pays ont en com- mun des choses qui ont l’air de vous déplaire mais qui ont «forgé leur âme».

Oui, nous aimons rire et danser, de Trinidad à Cuba, de l’Argentine au Brésil, lors du Carnaval ou de fêtes populaires : Salsa, rumba, meringué, biguine, zouk, gwo-ka, calypso, reg- gae.. rythment nos vies. Savez-vous que les Farc dansaient dans les forêts de Colombie tout en menant leur guerilla, que les com- battants cubains déposaient leurs armes à l’entrée des boîtes de nuit pour des moments de répit.

Savez-vous que ce sont les chants du coq qui indiquaient l’heure du lever aux travailleurs de nos cam- pagnes et que cela perdure encore ? Savez-vous que les aboiements de chiens poursuivant les «nèg mar- rons» dans nos forêts, nous les avons encore à nos oreilles et que nous nous en accommodons.

Et pourtant, nous avons réussi à faire de notre zone une des rares zones de paix dans ce monde en plein bouleversement.

Savez-vous que les voitures à pain continuent de sillonner les rues de nos bourgs et de nos villes, ce qui rend service aux personnes âgées ? Non, vous ne le savez pas, enfermés que vous êtes dans votre «arro- gance» et votre «inculture». Pourquoi, d’ailleurs, n’êtes-vous pas restés dans vos campagnes désertées du Lot et de la Creuse, où règne le silence que vous semblez rechercher.

Cette question, nous nous la posons, tout en pensant qu’il n’y a rien de sain à vivre «entre soi» mais nous mettons aussi en garde nos compatriotes qui ven- dent leurs terres en oubliant leurs enfants et petits-enfants, qui de plus en plus, retournent au pays et ont droit à ces terres fécondées par des siècles de sueur, de sang et de larmes de nos aïeux.

Le monde a changé. Le temps des conquêtes coloniales est terminé. Heureusement pour vous et pour nous, tous les «moun vini» ne vous ressem- blent pas. Beaucoup ont déjà compris que c’est avec nous et non sans nous que se construira la Guadeloupe de demain…