La loi Justine Bénin : Une tartufferie !

« L’hypocrisie est chez une nation, le dernier degré du vice»a dit l’écrivain français Honoré de Balzac. C’est cela que nous a donné à voir le débat et le vote de la loi rapportée par la députée Justine Bénin à l’Assemblée nationale française, le 28 janvier dernier.

Elle a trouvé 83 députés français, parmi lesquels, les quatre députés guade- loupéens, pour voter cette proposition de création d’un prétendu service public de l’eau en Guadeloupe qui se révèle, en fait, un modèle de tartufferie en la matière. Fort heureusement, pour l’honneur de la démocratie et par respect des institutions locales, 6 députés se sont abstenus dont le représen- tant du groupe communiste.

Le texte adopté en première lecture à l’Assemblée nationale ne fait que confirmer l’arnaque dénoncée par le Bureau Politique du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG) dans sa déclaration du 10 décembre 2020.

Aucune des questions qui, selon certains élus, usagers et autres personnali- tés, seraient réglées par la loi, ne l’a été. En supprimant l’article 3 de la pro- position, sur amendement du gouvernement, le ton était donné : l’Etat n’a aucune intention d’intervenir dans le règlement des problèmes financiers et de ressources humaines laissés par la dissolution du Siaeag. En proposant tout simplement de transformer les dettes des EPCI et autres collectivités en prêts bancaires, il ne fait que déplacer le problème.

De même, qu’elle hypocrisie en remplaçant dans le texte «commis- sion consultative» par «commission de surveillance», avec toujours la même fonction consultative et prétendre avoir répondu à la demande des usagers de participer avec voix délibérative au Conseil d’administration du Syndicat mixte ouvert (SMO) !

La plus grande hypocrisie dans cette affaire vient du gouvernement qui a choisi ou obligé, on n’a pas encore la réponse, deux parlementaires à être leurs chevaux de Troie sur ce dossier. Car, la vérité était indiscutable, lors du débat à l’Assemblée nationale. Du jamais vu ! C’est le ministre de l’Outre-Mer en personne qui, du banc du gouvernement, ne se conten- tait pas de donner la position du gouvernement, mais portait et défen- dait cette proposition parlementaire.

En s’employant avec un certain cynisme à démolir les arguments de tous ceux qui ont exprimé leurs désaccords avec cette méthode qui conduit à élaborer une loi d’exception pour la Guadeloupe, il a dévoilé les manoeuvres que recouvre cette proposition de loi.

L’enjeu, comme nous l’avons dit, n’est pas simplement la création d’un Syndicat unique mixte et ouvert, mais, c’est surtout la question cruciale du mode de gestion qui est posée : Régie publique ou délé- gation de service public ?

En laissant soi-disant cette question, dixit le ministre, à la discrétion des élus locaux qu’il s’est employé à mettre hors-jeu, il a lui-même vendu la mèche sur les intentions camouflées des complices de cette loi en décla- rant dans l’enceinte de l’Assemblée qu’il n’y a aucun opérateur national qui veut s’engager dans la gestion de l’eau en Guadeloupe.

Est-il complotiste de penser que des pourparlers sont menés activement dans cette direction ? Voilà ce qui explique l’acharnement à vouloir liquider le Siaeag avant la création du SMO. Car, au nom de la continuité du service public, le processus serait enclenché avec une multinationale opérationnelle qui reprendrait le service du Siaeag, avant de poursuivre avec le SMO.

Quelle hypocrisie ! S’opposer à cette tartufferie sous-laquelle on cou- vre les débordements de la nation, c’est faire acte de citoyen nous dit encore, Honoré Balzac.