Le génie guadeloupéen s’émancipe
Qui a dit que le génie guadeloupéen se limi- tait au génie sportif ? La Guadeloupe a tou- jours révélé des inven- teurs, des scientifiques, dans les disciplines les plus diverses.
P l us de onze ans après les évène- m ents de 2009, ce gracieux p apillon qui plane avec fierté et dignité au-dessus de la mer des Caraïbes, fait encore parler de lui au plan mondial, avec la découverte du docteur Henry Joseph, propriétaire du laboratoire Phyto-bôkaz qu’il dirige et anime, avec des hommes et des femmes de talents et de convic- tion dans la recherche de la pharma- copée du pays Guadeloupe.
Cet éminent chercheur, docteur en pharmacognosie, après avoir démon- tré depuis de nombreuses années les vertus de nos plantes alimentaires et médicinales ou «rimèd razié», dont l’herbe à pic (zèb a pik), pour lutter notamment contre la grippe, l’hépa- tite C, la dengue, le zika et la rou- geole, vient de démontrer, en colla- boration avec son assistant, le jeune docteur Damien Bissessar, que cette même plante contient des molécules pouvant servir de barrière dans la lutte contre les coronavirus. Ainsi, la demande de Brevet déposée le 10 février 2021 ouvre de sérieux espoirs pour prévenir et vaincre le covid-19.
C’est vrai qu’il y a plus de trente ans que ce pharmacien, le Docteur Henry Joseph, ne cesse de répéter que :«L’Outre-Mer est riche et doit préparer sa transition énergétique car, l’or vert est notre avenir». Nous croyons pou- voir affirmer aujourd’hui, qu’un grand pas a été fait en ce sens.
Qui a dit que le génie guadelou- péen se limitait au génie sportif ? La Guadeloupe a toujours révélé des inventeurs, des scientifiques, dans les disciplines les plus diverses. C’est d’ailleurs pourquoi le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) n’a pas hésité, en son temps, à leur adresser un courrier les invitant à contribuer à la recherche d’un remède dans le cadre de la lutte contre le sida.
Mais, nous savons aussi que le statut juridique de la Guadeloupe, administra- tivement département français, l’em- pêche de rayonner dans le monde car, toutes ses richesses et découvertes sont frappées du sceau français.D’autre part, le non développement et l’exode organisé de la jeunesse vers la France ou vers d’autres cieux, appauvrissent le pays de ses richesses propres. Pays dont l’économie a une structure coloniale, la Guadeloupe est victime de fuites de ses cerveaux et de sa jeunesse.
Heureusement qu’il y a quelques uns qui affrontent les difficultés et qui reviennent s’installer pour porter leur contribution au rayonnement de leur pays, la Gua-deloupe. C’est le cas du docteur Henry Joseph et nous devons saluer le fait qu’il ait pu convaincre à ce retour, son collaborateur, le docteur Damien Bissesar.
Faudrait-il citer encore quelques autres inventeurs et chercheurs gua- deloupéens ? Raoul Georges Nicolo, Gosérien dont les travaux ont porté sur les télécommunications et la phy- sique nu-cléaire.
Germain Saint-Ruf, qui, ayant com- mencé sa carrière à l’institut du radium a obtenu son doctorat en chi- mie organique et thérapeutique. Ses travaux ont contribué notamment à la lutte contre le cancer et la toxicolo- gie alimentaire et lui ont valu sa nomination à la direction de recherche au CNRS. Une oeuvre ina- chevée puisqu’il meurt malheureuse- ment peu après cette nomination.
Lucien Degras, une grande figure de la recherche et du monde agricole. Marcel Etzol, médecin marie-galan- tais, aux qualités multiples, qui a su, avec bonheur, pallier l’absence de chi- rurgiens sur la grande Galette. En outre, il a créé à Marie-Galante un laboratoire pharmaceutique de fabri- cation de solutés physiologiques. La jeune Nathalie Minatchy, qui a mis au point le pur jus de banane…
Au moment où la jeunesse guadelou- péenne a besoin de repères, il serait plus que temps de créer une banque de données pouvant lui servir de bous- sole, dans l’espoir de lui redonner confiance en elle, pour la construc- tion d’une Guadeloupe nouvelle, prospère et assumant son destin en toute responsabilité.