Le Mémorial de la discorde ?

Les débats qui se développent actuellement dans le pays à travers les réseaux sociaux, les échanges épistolaires entre historiens, philosophes, politiques et les confrontations de projets entre associations représentants différentes communautés enracinées sur cette terre de Guadeloupe témoignent de l'existence d'un certain malaise, pas encore au stade antagonique, heureusement, dans notre société.

Mais, il faut faire gaffe à ce phénomène car, dans ce domaine, les équilibres tiennent souvent à un fil. Il faut le reconnaitre, le débat a évolué sans que personne n'y prête attention vers un malaise depuis que le projet du Mémorial ACTe est entré dans sa phase inaugurale. Ce projet conduit par un conclave d'initiés, sans liendir ect avec la vie du pays, de hautes qualités architecturales certe s, a semblé sur gir de terr e en déconnection avec le pays réel. A l'évidence, il soulève bien de frustrations et pointe des contradictions dans la gouvernance du pays.

Les porteurs du projet : élus et militants des peuples noirs ont beau se défendre, ils ne pourront pas empêcher aux citoyens de s'interroger sur la dimension de ce mémorial au regard de l'ampleur des problèmes que ces mêmes acteurs ne cessent de rappeler chaque jour.

Mais le plus grave, ce sont les frustrations qui nourrissent les antagonismes que réveille chez les différentes communautés, le Mémorial ACTe tel qu'il a été pensé et conçu.

Oui, l'esclavage et la traite négrièr e qui concer ne une majorité de Guadeloupéens est un des éléments fondateurs de la constitution de notre communauté guadeloupéenne, mais ce n'est pas le seul. Oui, il faut se battr e pour que les descendants des esclaves puissent s'approprier cette histoire, Oui, il faut que le contenu de la loiT aubira sur la mémoir e soit transcrit en actions concrètes,

Mais, dans le cas de la Guadeloupe, communauté multiculturelle et multi-ethnique, on n'a pas le droit d'oublier les autres souffrances et les autres mémoires.

Le Mémorial ACTe nous renvoie à la question essentielle, absente des débats : Celle de l'existence d'un peuple guadeloupéen.

Ici, nous parlons de peuple et non de population composée de personnes qui habitent le pays temporairement. Nous parlons d'hommes et de femmes enracinés historiquement, économiquement, culturellement et qui partagent des intérêts communs sur cette terre de Guadeloupe.

Ces hommes et ces femmes qui sont les éléments constitutifs du peuple guadeloupéen sont les rescapés Caraïbes, ceux qui viennent d'Europe, d'Afrique, de l'Inde, de la Syrie, du Liban. Ils forment le peuple guadeloupéen, même s'ils ne font pas encore peuple.

Cela signifie que le peuple guadeloupéen n'est ni blanc, ni noir ni indien, ni arabe. Il est le brassage de toutes ces composantes même si nous devons considérer qu'il y a encor e des communautés qui cultivent encore leur différence.

Le Mémorial ACT e peut encor e éviter la division et la guerr e des mémoires qui semblent se mettre en place avec le Mémorial à la mémoire des Indiens à Capesterre Belle-Eau et la stèle des premiers colons à Sainte-Rose, si vraiment il s'ouvre à toutes les mémoires du peuple guadeloupéen.

Lors d'un débat télévisé cette semaine, Luc Reinette du Comité International des Peuples noirs, a parlé d'ouvrir le chantier de la réconciliation des différentes communautés du peuple guadeloupéen ; Michel Narayanissamy du Gropio a posé l'exigence du vivreensemble.

Nous ne pouvons que les approuver car , c'est là le chemin de la concorde pour forger une communauté de destin