Se souvenir pour construire

«Un peuple qui ne connait pas son passé se condamne à le revivre».Et l’on vit des Guadeloupéens rassem- blés à Le Moule le 14 février en mémoire aux victimes de la tuerie de 1952. Devoir de mémoire pour se souvenir ensemble d’un événe- ment passé qui participe du fonde- ment de notre identité nationale.

Commande d’une politique de mémoire qui permette d’enraci- ner nos histoires de peuple dans un cadre global qui interroge les fondements de la lutte que nous disons mener. Une démarche qui doit rappeler nos capacités à résister à l’oppression, à rester solidaires face aux agressions.

Les victimes de Le Moule étaient rassemblées. Ensemble, elles menaient le même combat, ensemble elles ont compris que leur différence renforçait leur courage et enrichissait leurs sources de motiva- tion. Puisse cet hommage qui leur est rendu servir de prétexte à rom- pre avec l’éparpillement et l’autolâ- trie qui minent notre lutte pour plus de dignité, plus de liberté, plus de souveraineté.

L’unification du combat que nous menons représente à mes yeux un enjeu important au regard du contexte extrêmement difficile dans lequel nous militons.

Nous partageons tous des objectifs communs, des principes semblables et la même volonté d’oeuvrer dans le sens de l’émancipation de notre peuple ; de ce fait, il me paraît indis- pensable de serrer les rangs, d’unir nos forces pour permettre l’accélé- ration, l’amplification et la solidifica- tion du mouvement. La prise en main de notre destinée exige que chacun d’entre nous, gardant son identité et son indépendance poli- tique, puisse concentrer toutes ses forces pour le renforcement du combat commun. Les ressources sont là ! Il nous appartient de les mobiliser pour les consacrer au ser- vice de la cause.

Ce faisant, nous aurons apporté chacun et tous la solidarité agissante à laquelle aspirent les hommes et les femmes de notre pays ; c’est une contribution commune qui dissipera quelque peu l’ombre croissante du désespoir qui menace notre exis- tence en tant que peuple.

«Car la multitude qui ne se réduit pas à l’unité est confusion».