«Dékatyé» les manoeuvres de l’Etat

La France déjà aux abois sur le front extérieur n’en- tend pas faire dans la nuance, il veut imposer son pouvoir absolu par la force. Voilà pourquoi il mobilise tout son appareil d’Etat dans la recherche d’un rapport de force avec les Guadeloupéens.

La situation qui se déve- loppe en Guadeloupe actuellement, doit être appréciée avec la plus grande luci- dité et gérée avec prudence et sang-froid. Car, il ne faut pas croire que ce qui se passe doit être imputé aux seules conséquences de la crise du Covid 19. Tous les mouvements en cours renvoient à l’intervention de L’Etat en Guadeloupe.

Cela a commencé bien avant l’ap- parition du virus, et pour être précis, le coup d"envoi de cette offensive de l’Etat pour invalider la représen- tation élue et l’appareil polico-admi- nistratif de la Guadeloupe a été donné par le Président Macron dans son discours à Saint-Martin au len- demain de l’ouragan Maria.

Misent en accusation en public pour incompétence, gabegie, pré- vérification, détournement de fond, les élus ont subi l’outrage sans un sursaut politique.

La première victime de cette ligne de confrontation affichée a été la PDG du groupe Semsamar. Auréolé de cette première victoire, fortifié par une feuille de route claire qui consistait à nettoyer les écuries d’Augias, Philippe Gustin pouvait, des lors, s’installer en tant que pré- fet-gouverneur de la Guadeloupe.

La tâche lui a été facilitée par la lâcheté des élus, leur insuffisance, leur position assimilationniste et leur gestion entachée de faits de corruption. Ce qui lui a permis de gagner une deuxième manche en «déchoukan» Lucette Michaux- Chevry l’égérie de la droite, en savonnant la planche pour noyer Jacques Bangou, en obtenant la dis- solution du Siaeag considéré comme un repère de brigands.

Cette politique de l’Etat qui ne relève pas de l’improvisation s’ins- crit dans un contexte interna- tional ou le néocolonialisme fran- çais avec son bras politique le franc CFA subissent les coupsde boutoirs de la jeunesse africaine lan- cée sur le chemin de la libérationde l’Afrique du vautour français.

L’impérialisme français prépare son repli dans ses dernières colonies et notamment en Guadeloupe promu à un rôle de nouvel eldorado avec sa réserve mondiale de la biosphère.

Décentralisation ou pas, l’Etat français est engagé dans un pro- cessus de vassalisation des Assemblées locales pour se main- tenir comme le seul et unique pouvoir politique dans le pays. Mais, il a un obstacle majeur à sur- monter pour gagner cette partie : c’est la volonté du peuple.

La France déjà aux abois sur le front extérieur n’entend pas faire dans la nuance, il veut imposer son pouvoir absolu par la force. Voilà pourquoi il mobilise tout son appareil d’Etat dans la recherche d’un rapport de force avec les Guadeloupéens.

C’est ce qui explique le comporte- ment inqualifiable de l’appareil judi- ciaire dans l’affaire de l’empoisonne- ment au chlordécone et dans l’inter- vention des gendarmes qui a entraîné la mort de Claude Jean- Pierre à Deshaies. Le vote d’une loi parlementaire qui décide à la place des élus l’organisation pour la ges- tion de l’eau participe à cette straté- gie, tout comme la provocation orchestrée avec la convocation du militant indépendantiste Luc Reinette et le harcèlement musclé par les services fiscaux, la dégrada- tion des rapports sociaux sous l’oeil impavide des services de l’Etat com- pétents pour faire respecter les droits et les règlements.

Il est clair que l’Etat conduit une stratégie à double détente, à savoir ; soit la Guadeloupe se «couche» ou alors, la confrontation se résoudra dans la rue. Il y a là comme un relent du climat qui a entouré Mai 1967.

Si c’est le but recherché, le risque est grand car, comme l’a dit le grand penseur communiste Karl Marx «l’histoire se répète, tout d’abord comme une tragédie, après comme une farce».