Vaste mobilisation pour Luc Reinette

«Oui, j’affirme à la face du monde que les Français sont des étrangers, qui se sont imposés ici comme dans leurs colonies d’Afrique, d’Asie et d’Amérique par le meurtre, l’assassi- nat, le sang, la déportation, le viol, la mise en esclavage, la torture et le travail forcé. C’est l’exacte vérité que nul ne peut contester. Ces gens-là, ces Occidentaux qui rusent en per- manence ne sont pas nos amis, qui considèrent notre pays comme leur bien, comme leur possession. Cessons d’être naïfs !»…

C" est donc un extrait de la déclara- tion politique de Luc Reinette, lançant un appel à la jeunesse, qui a incité la justice à le convoquer pour des faits présumés d’incitation à la haine ou à la violence, à l’égard d’un groupe de per- sonnes, en raison de leur origine.

Cette convocation a indigné et déclenché la mobilisation de nombreux Guadeloupéens de tous bords, indépendantistes ou non, qui se sont regroupés devant les grilles de la gendarmerie, au Morne Miquel, à Pointe-à- Pitre, pour manifester contre l"attaque à la liberté d"expression et contre l"intimidation.

Tout cela intervient dans un contexte où on est en droit de s’interroger sur les véritables motivations de l’Etat colonial en Guade- loupe, lorsqu’on constate que cette même justice peine a`traduire devant les tribunaux les gendarmes responsables de la mort de Claude Jean-Pierre, et consent a`prononcer la prescription dans l’affaire de l’empoison- nement au chlorde´cone du peuple guade- loupéen. On peut ajouter la convocation de Maître Harry Nirelep, avocat au barreau de la Guadeloupe, pour avoir dénoncé cette offensive de l’Etat colonial.

La réalité, s’il faut parler de racisme, les populations noires en sont victimes histori- quement, et encore plus aujourd’hui.

Luc Reinette, entouré de tous ceux qui, au nom de la liberté d"expression ou de la défense des intérêts de la Guadeloupe a donc répondu à la convocation pour dénon- cer cette atteinte à sa liberté d"expression et celle de tout individu à se mobiliser dans l’in- térêt de son peuple. A l’issue d’une longue audition, Luc Reinette est sorti sous les acclamations de ceux qui sont venus le soutenir. Il a expliqué les motifs de sa convocation et indiqué ne pas avoir répondu aux questions des militaires, se disant prêt à aller, s"il le faut, à un procès en bonne et due forme pour en faire une tri- bune de la cause qu’il défend.

Les représentants des organisations poli- tiques et syndicales, les forces vives ont, tour à tour, dénoncé avec fermeté l’offen- sive de l’Etat colonial et la persistance de telles pratiques dans un contexte où le pays est en grande difficulté et qu’aucune réponse n’est apportée aux préoccupations des Guadeloupéens (crise sanitaire, eau, chlordécone, santé, etc.).

A l’issue d’une marche militante dans les rues de Pointe-à-Pitre, la manifestation s’est dissipée dans le calme.

Le Parti Communiste Guadeloupéen réitère son soutien à Luc Reinette et appelle les Guadeloupéens à lui mani- fester toute leur solidarité. L’heure de nous-mêmes est arrivée.