Haïti : Depuis 200 ans, objet de haine et de vol des pouvoirs (2 ème partie)
L" instabilité sous contrôle américain a duré près de 25 ans jusqu"en 1957, lorsque François Duvalier a pris le pouvoir, qui a gouverné en tant que prési- dent à vie, mettant en vedette des massacres brutaux, des persécu- tions, des arrestations, des dispa- ritions et des tortures contre les dirigeants de l"opposition et la population civile, le tout à la vue du gouvernement des États-Unis qui a toujours approuvé de telles actions. À la mort de Duvalier, son fils lui succéda qui poursuivit la «politique» de son père jusqu"à son renversement en 1986.
Il semblait qu"Haïti pouvait alors commencer sa rencontre avec la démocratie et avec elle le progrès et le développement. En juin 1988, il y a eu des élections dans lesquelles Leslie Manigat a gagné, qui est devenu le premier président élu en plus de 30 ans. Cependant, il a été rapidement renversé, inaugurant une période de gouvernements militaires courts et instables jusqu"à l"élection de Jean Bertrand Aristide en 1991, qui a également été ren- versé mais rétabli au pouvoir grâce à la pression internationale, mais en 2004, lorsque le pays a commé- moré le bicentenaire de son indé- pendance, les États-Unis ont orga- nisé un coup d"État pour renverser Aristide plongeant Haïti dans une crise aux proportions gigantesques. Aristide a été kidnappé par les forces armées américaines et forcé de quitter le pays de la même manière que le président Manuel Zelaya du Honduras le sera quelques années plus tard. L"événement a produit de violents incidents qui ont conduit à une vio- lence généralisée.
L"Afrique du Sud, destination finale d"Aristide, a exigé de l"ONU une commission d"enquête sur le ren- versement d"Aristide, mais cette demande n"a jamais été entendue. En retour, l"ONU a créé une force d"occupation militaire sous le nom douteux de «Mission des Nations Unies pour la stabilisation». Elle n’a pas été en mesure de remplir sa mission, ni de stabiliser le pays. Au contraire, les États-Unis, qui étaient à l"origine du problème, ne pou- vaient guère être le promoteur de la solution, en usant de leur droit de veto au Conseil de sécurité de l"ONU pour empêcher toute déci- sion indiquant une issue favorable pour Haïti, dirigeant à son caprice le contingent militaire subordonné à ses intérêts.
Le contingent de l"ONU est devenu un nouveau fléau pour Haïti. Déjà en 2005, ils ont produit un terrible massacre dans la ville de Soleil cau- sant des dizaines de morts dont des femmes et des enfants. À cela s"ajoutent les viols continus de femmes sans défense de la popu- lation humble et leur incapacité à faire face aux calamités d"un pays qu"elles ont dû stabiliser.
Cette force d"occupation, qui comp- tait près de 11 mille membres parmi l"armée, la police et les fonction- naires et qui a été sous le comman- dement des forces armées de 20 pays, dont 9 d"Amérique latine, est une honte pour l"ONU, devenant un nouveau fléau qui a tourmenté le pays.
En janvier 2010, un énorme trem- blement de terre a dévasté tout le pays, faisant plus de 300 000 morts, 350 000 blessés, 1,5 million de sans- abri et la destruction presque totale des infrastructures fragiles du pays. Bien qu"une aide internationale soit arrivée qui a permis d"atténuer dans une certaine mesure, la crise huma- nitaire monumentale générée, elle était insuffisante, ne servant que d"argument pour une nouvelle intervention américaine auprès de 20000 Marines, dont la mentalité impériale n"a pas beaucoup aidé à éteindre l"angoisse des gens sans défense.
Au contraire, la crise a été utilisée par des personnes sans scrupules pour profiter des souffrances du peuple haïtien. Le cas le plus fla- grant et le plus répugnant est celui de l"ancien président Bill Clinton, qui a utilisé sa fondation pour développer un plan d"ur- gence et de reconstruction qui a reçu des milliards de dollars en détournant illégalement une par- tie de cette aide et empochant un pourcentage.
Pour Haïti, la Fondation Clinton a reçu beaucoup plus d"argent que ce qu"elle a envoyé au pays sous forme d"aide humanitaire, comme elle l"avait déjà fait au Mozambique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et avec l"ouragan Katrina à la Nouvelle- Orléans, volant de grandes quanti- tés de ressources, en utilisant ses contacts à Washington pour éviter d"être audité ou d"être soumis au contrôle de l"utilisation de la gigan- tesque aide reçue. Une autre expression de la moralité impériale sale et du châtiment auquel ils continuent de soumettre le pays des Caraïbes.
Aujourd"hui, le peuple haïtien se bat à nouveau pour ses droits et contre la prétention du président fantoche placé par les États-Unis pour pro- longer illégalement l"exercice du pouvoir, soutenu par la force et la répression menée par les organisa- tions paramilitaires créées pour réprimer les rebelles.
Pour le Venezuela, la solidarité avec Haïti est une dette impérissable, on ne sait pas combien de temps l’ar- mée républicaine aurait mis pour obtenir la liberté et combien de vies auraient été perdues si Bolívar n’avait pas reçu la solida- rité et l’aide désintéressée du pré- sident Petión. Notre indépendance et notre émancipation - ainsi que celle des cinq autres nations que Bolívar a libérées - sont inextricable- ment liées à Haïti.
Dans cette mesure, tout ce que nous faisons est peu. Haïti n"a pas besoin de l"armée, elle a besoin d"une aide au développement et, dans cette situation actuelle, d"un soutien moral et d"une solidarité pour vaincre le satrape qui gou- verne sous les diktats de Washington. À suivre…