Le développement de la pêche et de l’aquaculture en Guadeloupe

Le développement de la pêche dans le pays Guadeloupe se structure autour du Plan régional d’organisation et d’équipement des ports de pêche (PRDEPP) qui a été adopté récemment et qui décrit dans le détail la straté- gie de la Région en charge du développement économique pour les investissements à opérer sur les ports de pêche de l’archipel guadeloupéen.

Ce dispositif permet d’ac- compagner les ges- tionnaires dans l’édifi- cation de leurs ports de pêche ou espaces portuaires équivalents, de consolider l’espace de travail des pêcheurs et leur permettre de s’appuyer sur des ports forts pour développer cette activité écono- mique sur le territoire.

Actuellement, 11 ports de pêche sont bénéficiaires dans un premier temps dont 5 ports départemen- taux que sontLa Désirade, Sainte- Rose, Grand-Bourg, Port-Louis et Gosier, 6 ports communaux avec Saint-François, Terre-de-Haut, Gourbeyre, Deshaies, Sainte- Anne et Bouillante.

En 2018, la Commission euro- péenne a permis le financement du renouvellement de la flotte de pêche dans les Régions ultrapéri- phériques comme la Guadeloupe.

Aux côtés de l’Etat et des socio- professionnels, la Région a pris sa part dans l’élaboration de ce plan de renouvellement de la flotte de pêche guadelou- péenne et saint-martinoise.

C’est ainsi qu’elle a confirmé son engagement financier en finançant des navires de plus de 12 mètres et a présenté une stratégie de déve- loppement spécifique, cohérente, globale et concertée basée sur le développement de la pêche au large pour la pleine exploitation de la Zone économique exclusive (ZEE) rattachée à la Guadeloupe

. Depuis juillet 2016, la Région est cheffe de file du projet «ORFISH». Ce projet vise à développer de nou- velles pratiques de pêche artisanale en haute mer peu impactantes et innovantes pour les Régions ultra- périphériques. Le principal objectif étant d’atténuer les pressions de la pêche sur les ressources côtières.

L’aquaculture n’est pas en reste et sonpotentiel de développement en Guadeloupe est considérable compte-tenu de l’étendue de nos eaux et des sites potentiels de déploiement, de la forte diversité en organismes aquatiques qui pour- raient être élevés et des conditions environnementales favorisant une croissance plus rapide.

Face à ce constat objectif, il s’agit de prendre des mesures conséquentes pour le développement durable de l’aquaculture, secteur identifié à haut potentiel, mais qui peine à se développer. La collectivité régionale a individualisé une enveloppe de 6 millions d’euros dans le cadre du Plan de relance régional.

Il s’agit dans ce secteur d’accompa- gner l’investissement des entre- prises aquacoles en création ou en développement, de soutenir les ini- tiatives de structuration collective indispensable à l’essor de la filière avec la formation, l’appui technique aux producteurs, le transfert de technologies, de multiplier par 3 les volumes de productions actuels en passant de 25 à 75 tonnes/an, de favoriser la créa- tion brute de 20 emplois directs.

A noter que 5 dispositifs de finan- cement régionaux existent pour accompagner la structuration de la pêche et de l’aquaculture dont l’aide au développement de la pêche, l’aide au développement de l’aquaculture, l’aide régionale à la transformation-commercialisa- tion des produits, l’aide régionale à la structuration des entreprises qui est en réalité une aide forfai- taire et l’aide régionale à l’emploi de matelots.

En nombre de dossiers présentés en 2020, 142, 2019, 66, 2018, 88, 2017, 57 et en 2016, 26 pour un total de 379. Montant payé en 2020, 3 308 577 euros, 2019, 2 030 262 euros, 2018, 2 313 320 euros, 2017, 2 030 262 euros pour un total de 11 078 738 euros. C’est l’évolution du nombre de dos- siers et des montants payés pour la période de 2016 à 2020.

Cependant, de gros efforts de com- munication et de vulgarisation de ces différents dispositifs res- tent à faire encore par la Région Guadeloupepour mettre ces infor- mations à la disposition de tous les socio-professionnels de la pêche et de l’aquaculture pour la pleine c onsommation de ces crédits destinés à ce secteur économique guadeloupéen.

Le Fonds européen pour les affaires m aritimes et de la pêche (FEAMP) est l’instrument financier de l’Union européenne crée pour garantir le d éveloppement durable de la pêche professionnelle et l’aquacul- ture pour la période 2014-2020.

Ce Fonds a pour objectif de soute- nir l’aide aux pêcheurs afin d’adop- ter des pratiques de pêche dura- bles, l’aide des populations côtières pour diversifier leurs activités éco- nomiques et le financement des projets destinés à créer des emplois et à améliorer la qualité de vie le long du littoral guadeloupéen.

Le FEAMP finance aussi le plan de compensation des surcoûts (PCS) par rapport à la France continen- tale, l’aide à la création d’entreprises pour les jeunes pêcheurs, l’efficacité énergétique et l’atténuation au changement climatique (remotori- sation, etc…), les ports de pêche, sites de débarquement, halles de criée et abris, les investissements productifs dans l’aquaculture, la commercialisation, la recherche de nouveaux marchés, l’amélioration des conditions de mise sur le mar- ché, la transformation des produits de la pêche et de l’aquaculture.

DES EXEMPLES DE PROJETSD’INVESTISSEMENTS FINANCES PAR LE FEAMP EN GUADELOUPE

L’entreprise K ARUKÉRA O CÉAN D ISTRI - BUTION intervient dans la transfor- mation des produits de la pêche (poisson et autres produits de la mer). Elle a été créée en 2003 et l’investissement consistait à équi- per deux sites en matériels et instal- lations pour la transformation du poisson et de crustacés.

Le site de Goyave dédié à l’écail- lage, l’éviscération et la transfor- mation de produits bruts en filet et un site à Jarry dédié à la fabrica- tion de produits fins. Le FEAMP est intervenu dans ce projet à hauteur de 584 976,21 euros.

Dans l’investissement productif en aquaculture, il a accompagné finan- cièrement la société pour un mon- tant de 241 740 euros. C’est une société spécialisée dans la pro- duction et la commercialisation de produits aquacoles (ombrine ocellée, tilapia rouge, chevrettes) créée en 1999.

L’entreprise produit ses juvéniles qui sont mis à grossir dans des struc- t ures d’élevage (étangs et cages d’aquaculture marine). Impactée par les incidents climatiques des der- nières années, la société a sollicité la Région pour le remplacement de 2 c ages d’élevages plus grandes et plus résistantes, ainsi que pour la mise en place de moyens méca- n iques modernes pour de meilleures conditions de travail et l’aide régio- nale a été de 57 064 euros.

Autre exemple, l’étude technique de faisabilité pour l’installation d’une ferme aquacole à Marie-Galante. Le porteur de projet, l’entreprise M B O A Q UACULTURE visait la création d’une ferme aquacole de production de poisson tropical en cage flottantes immergeables sur l’île de Marie- Galante tel que l’ombrine tropicale.

L’opération consistait à réalise une étude technique de faisabilité préa- lablement à la création de la ferme en incluant notamment une évalua- tion environnementale, le diagnos- tic, l’étude d’impact.

Le FEAMP a débloqué 18 000 euros, la Région 6 000 euros pour un coût total de 30 000 euros. 8 bénéficiaires conventionnés ont reçu du FEAMP des subventions instruites (hors PCS) d’un mon- tant de 1 669 553 euros.

75 autres bénéficiaires conven- tionnés eux aussi du plan de com- pensation des surcoûts (PCS) toujours du même organisme un montant total de subventions ins- truites de 1 061 763 euros.

Signalons pour la bonne informa- tion des lecteurs qu’au niveau de la pêche et de l’aquaculture en Guadeloupe que les financeurs ins- titutionnels sont la Région, l’Europe, dans une moindre mesure l’Etat et que le Conseil départe- mental intervient financièrement essentiellement sur les ports dépar- t ementaux de sa compétence. C’est dire que la pêche et l’aquacul- ture dans le pays ont un avenir cer- tain à la condition de continuer à combattre l’individualisme dans ce m ilieu professionnel pour s’ouvrir plus que jamais sur l’esprit coopéra- tif afin de faire baisser les coûts sup- p ortés par les pêcheurs en particu- lier concernant les opérations de modernisation de la flotte et des équipements à entreprendre, don- ner la priorité à la formation pour être en capacité de monter les dos- siers complexes de financements, être en mesure d’affronter un envi- ronnement concurrentiel avec l’im- portation de plus en plus massive du poisson et des crustacés, d’assurer en permanence une production en qualité et en quantité pour satisfaire la demande locale en produits frais sortis de la mer qui nous entoure.

A ce prix-là et uniquement à ce prix-là, nous pourrons envisager un développement durable de la pêche et l’aquaculture bien- entendu dans le cadre plus vaste de la responsabilité guadelou- péenne dans les affaires guade- loupéennes avec en ligne de mire l’autosuffisance alimentaire pour satisfaire tous les besoins du consommateur guadeloupéen qui avec le temps devient de plus en plus exigeant et très sensible aux avancées réalisées par les profes- sionnels de la mer tant dans le domaine de la transformation que de lacommercialisation des pro- duits mis en vente sur le marché «Gwadloup», friand de produits frais locaux pêchés dans nos eaux territoriales ou proches dans la région Caraïbe dans la perspective à rechercher d’une étroite coopé- ration caribéenne mutuellement avantageuse sur le plan écono- mique et politique afin de pérenni- ser ce couple pêche/aquaculture dans l’intérêt supérieur de la pré- sente et future génération.