Les polémiques politiques, scientifiques et médicales : Impact sur les populations

Politiques, chercheurs, scienti- fiques et monde médical contemporains sont unanimes à dire que la nature de la pandé- mie qui touche la planète depuis 2020 est exceptionnelle et, évi- demment, compte tenu de leur âge, ils n’ont jamais vécu une telle situation. S’il est possible de dater approximativement la date et le lieu de son déclenche- ment, personne ne pourrait s’aventurer à prédire la date de fin de ses ravages et dans quel état se trouvera l’humanité.

C’ est dire que l’incertitude totale pèse sur le monde, d’autant plus que, depuis le début, on assiste à différentes polémiques, à tous les niveaux, dans la lutte contre le virus SARS- Cov-2, responsable du Covid-19. En outre, on n’en finit pas avec les rebondissements depuis que ce dernier a décidé d’user et même d’abuser de son privilège microsco- pique en se mutant à son gré, pour jouer avec les nerfs de tous ceux qui cherchent à le traquer et de tous les humains qui ne savent pas com- ment lui donner un «masko»se protéger. Cet ennemi invisible ne connaît aucune politique de l’ex- trême gauche à l’extrême droite, ni riches, ni pauvres, ni jeunes, ni vieux, ni croyants, ni athées, ni anal- phabètes, ni universitaires. Il sévit !

De mémoire d’homme, jamais les politiques, les chercheurs, les scien- tifiques, les médecins, toutes spé- cialités confondues, n’ont été aussi divisés, voire opposés, sur un sujet qui touche directement à la vie, peut-être même au devenir de l’hu- manité, sans vouloir jouer aux oiseaux de mauvais augure. On est aux abois. Certes, la vérité scienti- fique ou celle que l’on peut admet- tre, car s’avérant plus plausible, peut se révéler, par la confrontation des idées, des hypothèses, des expériences, des découvertes, et chacun est conduit à s’en appro- prier pour continuer à la mettre au service de l’humanité, en espérant que des recherches ultérieures ne remettent pas en cause cette vérité consensuelle à un moment donné. En effet, n’a-t-il pas fallu admettre, conventionnellement, le sens de déplacement du courant électrique continu, «de la borne positive vers la borne négative», ce qui a permis ensuite toutes les grandes décou- vertes ? «Et pourtant elle tourne !»s’était exclamé l’Italien mathémati- cien Galilée en direction de ses contradicteurs, en défendant sa théorie, en 1633, que «la terre tourne autour du soleil». Une vérité qui a contribué, en 2021, à l’am- marsage d’un engin sur la planète Mars, après l’alunissage de terriens sur la Lune, le 21 juillet 1969.DES POLÉMIQUES POLITICO-POLITICIENNES COMBINÉES À DES QUERELLES SCIENTIFICO- MÉDICALES AU DÉTRIMENT DE LA SANTÉ ?

Toutes ces polémiques et querelles qui s’étalent au grand-jour, à l’ère de la communication instantanée de l’information, en temps réel, sur de multiples supports, presse écrite, radiophonique ou télévisuelle, réseaux sociaux, bouche à oreilles ou «radyo bwa patat», sont des plus inquiétantes, sèment même la panique, la méfiance du citoyen envers tous ceux qui sont appelés, théoriquement, à lui donner l’assu- rance d’une bonne qualité de vie. Tout devient finalement douteux, mensongers, dans les mesures pré- conisées : gestes barrières, particu- lièrement, le port de masques, le lavage des mains au gel hydro alcoo- lique, la vaccination et certaine- ment, les médicaments quand le moment arrivera. Notre pays Guadeloupe ne fait pasexception.

Bien au contraire, il entre de plus en plus dans ce bal masqué car, ici comme ailleurs, tout le monde s’y connait dans tout et voudrait faire valoir ses connaissances sans réserve pour se forger une «person- nalité» et essayer d’obtenir l’adhé- sion de la population à sa théorie. C’est ainsi qu’une mère d’enfant s’est autorisée à injurier un médecin sur les réseaux sociaux au point«d’avoir envie de le tuer»parce qu’il n’a pas voulu accéder à sa demande de certificat médical, sans doute de complaisance, pour le non- port du masque.

L’occasion nous a même été don- née d’entendre sur une chaîne de radio la déclaration solennelle d’un médecin : «Je ne suis pas un béni oui- oui», sous-entendu, du monde médical. Des répliques auxquelles seuls les hommes politiques nous avaient habitués, quand on les accuse d’être des «godillots du pou- voir». C’était aussi au sujet du port des masques par les enfants.

Nous avons aussi entendu sur un plateau de télévision, cette autre déclaration : «Nous vivons quotidien- nement avec des virus que nous hébergeons dans notre corps. Un virus a besoin d’un support pour se repro- duire. Donc, il suffit de conforter notre corps par des vitamines, tisanes ou autres «rimèd razié» pour qu’il puisse résister». Affreuses, n’est-ce pas toutes ces déclarations ?LA SÉRÉNITÉ ET LA RÉSERVES’IMPOSENT

Alors, nous avons jugé utile de nous reporter à deux docu- ments officiels qui, à notre hum- ble avis, devraient rappeler à certaines réserves, car le public, en général, n’est pas suffisam- ment averti pour interpréter tout ce qu’il entend, pour faire la part du vrai et du faux. Dans toute société, il y a différents niveaux de connaissances et c’est d’ail- leurs cela qui fait sa force, sans occulter cependant qu’il y a tou- jours dans ces débats, la puis- sance du capitalisme à outrance dont le souci premier n’est certai- nement pas la notion d’équité et de justice sociale.

Alors que faire ? Qu’il nous soit permis de rappeler quatre sagesses, principes ou pro- verbes : 1) «Ethique et politique, un code moral pour les élus»(Parti Com- muniste Guadeloupéen en 1993) 2) «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme»(François Rabelais 1494-1553) 3) «Le serment d’Hippocrate», revu p ar l’Ordre des médecins en 2012, même s’il n’a pas de valeur juri- dique, est considéré comme l’un d es textes fondateurs de la déonto- logie médicale. Parmi ses différents articles, on note : - «Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances c ontre les lois de l’humanité. - J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs rai- sons et de leurs conséquences. - Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences». 4) La déontologie de l’Ordre départemental des médecins qui informe que l’Ordre : - «est l’interlocuteur privilégié des médecins pour tout ce qui touche à l a qualité de leur exercice, la rédac- tion des différents certificats et d"une manière générale le conseiller d e référence face à toute difficulté rencontrée dans leur mission de santé publique - a un rôle de solidarité entre les membres de la profession en ce qui c oncerne les drames de la vie civile ou professionnelle».

En conclusion, il serait vivement souhaitable que dans ce domaine vital, et face à cette crise sanitaire aussi critique, qu’une plus grande sérénité s’installe dans ce pays de Guadeloupe petit par sa superfi- cie et sa démographie, dans l’inté- rêt de tous et en particulier de cette jeunesse qui doit garder espoir pour le bâtir.«Mieux vaut s’adresser à Dieu qu’à ses Saints»dit le proverbe. Tel est le c hoix qu’avancent de nombreux Guadeloupéens dans un tel climat suspicieux, ne sachant à quel Saint s e vouer, encore moins à quel mèd- (saint) se vouer car, même le médecin traitant ne leur inspire plus confiance et c’est dommage.

Alors, oui, une obligation de réserve devrait s’imposer en la matière sur la place publique. Cela n’empêcherait pas que les diver- gences, les oppositions, les contra- dictions soient mises en question, mais dans les espaces appropriés, pour ne pas affoler la population. Ce n’est certainement pas une utopie. L’ensemble des médias devrait aussi se montrer vigilant.