Woupwan sans an-nou pou kalbandé kovid-la

L ors du dernier point de presse hebdomadaire sur la situation de l’épi- démie de la Covid-19, nous avons retrouvé le triumvirat des fonction- naires allogènes, en charge de la lutte contre la Covid-19 en Guadeloupe, les visages dépités, les yeux hagards à la limite de l’exaspéra- tion. Ils pouvaient à peine cacher leur peur et leur sentiment d’impuissance.

La directrice de l’ARS, Madame Valérie Denux, placée au pied du mur, a mangé son chapeau. Après avoir passé son temps à dénigrer nos «Mès é labitid», elle n’avait pas d’autres choix que de faire appel au sens des res- ponsabilités et à la force des valeurs qui fondent notre société, pour bar- rer la route à ce virus mutant, en laissant le préfet dans son rôle de gen- darme de la sécurité publique.

Cette conférence de presse qui signe un aveu d’échec de l’Etat colonial, nous renvoie à ce leitmotiv que nous avons lancé ici dès le début de la crise : «Gwadloupéyen sovè nou nou-menm». Mais, ce qui interpelle le plus dans cette image projetée sur les écrans de télévision, c’est l’ab- sence des élus endogènes, les seuls représentants légitimes de la popu- lation guadeloupéenne.

Au moment où des menaces graves pour la vie des Guadeloupéens se profilent à l’horizon, affirment les autorités de l’Etat, il n’y a sur la table occupée par trois fonctionnaires venus de l’autre côté de l’océan, aucun visage autochtone, ni président du Conseil régional, ni présidente du Conseil départemental, ni président de l’Association des maires pour joindre leur voix à cet appel solennel à la responsabilité et à la mobilisa- tion «pou sové fanm et nonm a péyi-la».

Que font-ils, où sont-ils ? Où se cachent-ils ? Ah ! N’oublions pas, il y a peut- être plus urgent à leurs yeux que l’humain. En deux mois, il y a les élections. Il y a des mandats a sauver ou à gagner.Que l’on ne vienne pas, dans cette situation de crise exceptionnelle, nous «enfumer» avec cette histoire que la santé, c’est de la compétence de l’Etat, alors qu’il s’agit de la vie des Guadeloupéens. Nous sommes certes attachés à la vie démocra- tique, à l’expression, en toute transparence, des choix citoyens, mais nous sommes, avant tout, pour l’émancipation humaine.

Les chiffres de progression du virus mesurés par l’ARS, sont inquié- tants. Il faut donc regarder les choses au sérieux et nous organiser pour l’empêcher de nous «avoir».

Le choix de la finance, du marché libre et ouvert au détriment de la vie, fait par les plus hautes autorités de l’Etat, depuis le début de la crise, et les mesures controversées et improductives prises ici par ses serviteurs, auraient certainement plongé la Guadeloupe dans une situation sani- taire ingérable.

Et les conséquences de cette épidémie seraient pires, si les Guadeloupéens n’avaient pas, naturellement, mobilisé toutes leurs ressources d’auto-défense, actionné tous leurs réflexes sécuritaires, exercé une saine solidarité dans les familles et la population.

Ce que nous avons fait depuis un an, nous devons continuer à le faire. Ne baissons pas la garde face à ce virus, qui donne le tourniquet aux plus grands infectiologues sur la planète.

Redoublons de vigilance, maintenons toutes les mesures de précau- tions, aimons-nous les uns, les autres, oublions les attraits du bien matériel et des plaisirs faciles. Pa fè kosyè. An nou woupwan sans an- nou pou kalbandé Kovid-la.