RÉFORME DE L’ASSURANCE - CHÔMAGE :Précarité et misère assurées !

Après plusieurs reports, la réforme de l"assurance chômage rentrera en vigueur partiellement le 1er juil- let 2021. Décidée en juillet 2019 après l"échec d"une négociation sociale très encadrée par l’exécutif, la réforme de l’assurance chômage, rejetée par les organisations syndi- cales, et un temps différée, pen- dant la pandémie, est remise sur les rails au 1er juillet 2021 par le gouvernement. Le décret, prévoit d’appliquer de nouvelles régres- sions pour limiter l’accession aux allocations chômage et vise à réa- liser de 1 à 1,3 milliard d"écono- mies par an en durcissant les règles d’indemnisation.

UNE RÉFORME POUR LUTTER CONTRE LES PRÉCAIRES, PAS CONTRE LA PRÉCARITÉ

La réforme purement budgétaire va faire beaucoup d’économies et sans doute beaucoup plus que celles annon- cées, tant les règles sont dures, plus de 2.3 millions par an.

À partir du 1er juillet 2021, les droits au chômage feront l"objet d"un nouveau mode de calcul, controversé de l’in- demnisation, avec le salaire journalier de référence bien différent. Jusqu"alors, le montant de l"allocation était calculé à partir des jours travaillés sur une période de 12 mois. Désormais, une période de 24 mois sera prise en compte, incluant les jours travaillés ou non. Les conditions pour toucher les allocations seront durcies, puisqu’il fau- dra travailler plus longtemps avant de pouvoir y prétendre.

Ainsi, bien nombreux seront les alloca- taires dès juillet prochain, qui vont être pénalisés en perdant totalement ou par- tiellement des droits, alors que, déjà, 6 chômeurs sur 10 n’étaient pas indemni- sés avant la crise. La diminution des allo- cations peut atteindre en moyenne 17%. L’argumentaire de l’augmentation de la durée est peu acceptable tenant compte du fait que de nombreux alloca- taires peuvent retrouver du travail avant les 18 mois de chômage.

AU 1ER JUILLET, LE CHANGEMENT DU MODE DE CALCUL DE L’ALLOCA- TION FERA BAISSER LES DROITS MENSUELS JUSQU’À 40%

A une date indéterminée et selon une petite baisse du chômage total (plutôt en janvier 2022), le durcissement du seuil d’accès passant de 4 à 6 mois de travail et concernera, en majorité des jeunes. Une dégressivité des allocations des cadres commençant au 1 er juillet et durcie à la même date de «baisse constatée du chômage» - cheval de Troie pour l’imposer à toutes et tous. En revanche, le projet dédouane les employeurs qui usent et abusent de contrats courts. Un coup de «com» pour faire semblant de ne pas faire subir la réforme aux seuls demandeurs d’emploi indemnisés, en prévoyant une micro modulation de la cotisation patronale (bonus-malus sur l’abus de recours aux contrats courts) : ce bonus-malus entrera en vigueur hypo- thétiquement en septembre 2022.

Dans un rapport publié, l’Unedic apporte une partie de la réponse. Selon l’organisme paritaire qui gère l’assu- rance chômage, la réforme voulue par le gouvernement va avoir un effet négatif pour près de 40% des nouveaux entrants à partir d’avril 2020 (ceux déjà inscrits ne sont pas concernés).

Trois effets principaux pourront entrer en jeu : une allocation journa- lière plus faible, une attente plus longue pour pouvoir toucher le chô- mage, ou une durée d’indemnisation plus courte.

En Guadeloupe, le nombre de bénéfi- ciaires est déjà plus faible qu’en France malgré un taux de chômage largement supérieur, ce qui laisse à craindre une forte augmentation de la précarité et une précarisation extrême des demandeurs d"emploi.

Après la réforme de la retraite dont les objectifs étaient les mêmes : baisse des droits et des pensions, c’est sans conteste un nouveau recul en matière de droits sociaux et de garanties collectives. Les syndicats appellent à se mobiliser.