Comment s’adapter au vieillissement de la population ?

En 2030, en Guadeloupe, il y aura 134 seniors pour 100 jeunes, contre 54 séniors pour 100 jeunes en 2013. Le constat est sans équivoque : il y a aura plus de personnages âgées que de jeunes actifs sur l’archipel. De plus, le départ de ceux-ci vers l’Hexagone et la baisse de la natalité ne vont pas dans le sens d’une meilleure démogra- phie. Dès lors, il est plus que nécessaire aux comportements à adopter vis-à-vis des personnes âgées pour les intégrer davan- tage à la vie citoyenne. Marie- Chantale Saint-Sauveur, élue au Conseil départemental et conseillère technique action sociale en faveur des retraités, au sein de la Caisse Générale de Sécurité Sociale de la Guadeloupe, a mené une réflexion sur ce sujet qu’elle évoque dans son livre «Nos parents vieillissent … nous aussi».

Quel est le postulat de départ devotre réflexion ? Marie-Chantale Saint-Sauveur :Je mène depuis plu- sieurs années sur la commune de Morne-à-l’Eau des actions à destina- tion des seniors.

Avec l’association ENSENM (Enga- gés pour la Solidarité et l’Environ- nement à Morne-à-l’Eau), nous avons édité le «Guide du bien vieil- lir»et créer une application mobile citoyenne, «Kenbé rèd», un dispositif d’écoute, de conseil et de soutien psychologique. C’est un sujet qui me touche parce que je suis très proche de ma maman qui a 78 ans. Ce nou- vel ouvrage, je l’ai écrit à la sortie du confinement, une période très dure pour de nombreuses per- sonnes âgées qui ont dû rester isolées de longues semaines par crainte de cevirus, mais égale- ment très difficile pour de nom- breuses familles qui ont dû s’occu-per ardemment de leurs parents. Courses, ménage, déplacements mais aussi soutien moral quoti- dien. J’étais pourtant sensibilisée au vieillissement et aux efforts que cela incombe mais j’ai compris que le vieillissement peut être vue comme une charge pour la famille

. A tort car il y a des choses simples à engager pour une meil- leure gestion de nos aînés.

Quelles sont les mesures actuellesmises en place pour les aînés ?

Je pense que les institutions font très bien leur travail. Sur le plan national, il y a un plan de préven- tion du vieillissement qui accom- pagne les personnes âgées dans leurs démarches. Le Conseil départemental et la Sécurité sociale ont des budgets impor- tants alloués à la vieillesse. D’ailleurs, de nombreux dispositifs d’aides (aide à domicile, téléassis- tance) ont été mis en place et les petites retraites sont également soutenues.

Bien sûr, ce n’est jamais parfait mais ils ont pris conscience que l’augmentation de l’espérance de vie allait modifier la structure de la société et les institutions ont enclenché une dynamique dans ce sens. Les acteurs économiques ont fait de même en créant un pôle de services lié à la vieillesse ; constructions de logements adap- tés, développement de services à la personne (transport, loisirs etc.). Mais, selon moi, le problème est plus profond et plus personnel.L’état d’esprit de la sociétémoderne serait trop excluant envers les personnes âgées ?

Il y a un manque d’appropriation du vieillissement c’est certain. On élude la question tant qu’on n’est pas concernés et on met de coté les seniors alors qu’ils ne sont pas impotents. Eux ont envie de consommer, de participer. Ils représentent un patrimoine immatériel et affectif important et ont une expérience de vie et une sagesse. Ils disposent aussi de capitaux immobiliers qui peuvent être mis au service des plus jeunes mais pour cela il faut ôter leur réticence. Certains sont parfois obtus mais c’est aux jeunes de les inclure en étant présents et dis- ponibles. Il faut encourager le dia- logue entre les deux parties et j’ai foi que les efforts porteront leurs fruits. Pour agir face au vieillisse- ment, il faut faire preuve de plus de solidarité familiale.

Vous donnez des pistes sentimen- tales. Y a-t-il d’autres manières d’agir sur le vieillissement ? Vers un vieillissement moins subi ?

Le vieillissement est inévitable mais la manière dont on le vit peut être anticipée. On ouvre le débat sur des questions relatives à l’ali- mentation, à l’alcool, à la précarité des logements. Ce sont des fac- teurs aggravants en matière de santé mais qui vont au-delà de mon champ de réflexion à ce jour. Nous avons pris du retard sur la question du vieillissement mais nous devons nous questionner sur qui sera l’aîné de demain… «Nos parents vieillissent, nous aussi» écrit par Marie-Chantale Saint-Sauveur. Mail : msaintsauveur30@gmail.com