LA SÈCHERESSE S’INSTALLE EN GUADELOUPE Une situation très préoccupante

La sècheresse frappe durement la Guadeloupe. Il ne pleut pas suffisamment pour permettre une alimentation normale des cours d’eau et des nappes sou- terraines. Outre que cela com- plique déjà fortement la situa- tion des consommateurs pénali- sés par la récurrence de tours d’eau, liés à la vétusté du réseau, ce phénomène porte de nou- veau un coup dur à l’agriculture.

En l’absence de précipita- tions significatives au mois de mai, la séche- resse, de façon généralisée, s’ins- talle en Guadeloupe. Le déficit plu- viométrique atteint 60 à 80% selon les zones et le débit des cours d’eau baisse dangereusement.

Dans ce contexte, le préfet de Guadeloupe demande à chacun d’économiser l’eau et a pris un arrêté en date du 1er juin 2021, pour une durée d’un mois, de res- trictions provisoires de certains usages de l’eau, par les foyers, les socio-professionnels, les agricul- teurs et les industriels. Ces restric- tions concernent l’ensemble du territoire de la Guadeloupe, sauf Marie-Galante.

LE SECTEUR AGRICOLEEST DÉJÀ DUREMENT IMPACTÉ PAR LA SÉCHERESSE

Les exploitations agricoles déjà fragilisées par la crise sanitaire actuelle doivent désormais faire face à une distribution de l’eau agricole diminuée, voire impossi- ble sur certains secteurs. La pro- duction locale est plus que jamais en péril. Les conséquences ?

- Un très fort ralentissement de la relance économique de l’activité agricole et des pertes en prévision

- Une baisse significative sur les ren- dements, - Un report des plantations

- L’abandon des parcelles déjà plantées - La destruction des surfaces fourragères

- Des charges supplémentaires consécutives aux achats d’aliments

- L’absence de croissance des ani- maux d’engraissement

- La raréfaction d’un certain nombre de produits entraînant inévitable- ment une flambée des prix des pro- duits locaux.

Pourtant, les agriculteurs ne sont pas forcément les plus gros con- sommateurs d’eau. Aujourd’hui, les mesures prises le sont dans l’urgence, sans réel plan d’action cohérent, d’autant que le phéno- mène climatique de la baisse des précipitations nécessaires au renouvellement des réserves d’eau, se répète chaque année.

Il serait opportun de mettre en place un véritable plan de préven- tion sécheresse afin de réfléchir sur les moyens et techniques à mettre en oeuvre pour économiser l’eau.

Il faut aussi des contrôles plus stricts sur l’usage de l’eau par les professionnels, notamment les travaux publics qui sont de gros consommateurs d’eau sur les chantiers. Alors, au-delà de la question du gaspillage de l’eau, les autorités doivent prendre la mesure du danger qui pèse sur l’«or bleu», notamment l’eau potable et doivent restreindre plus drastiquement son utilisation par les professionnels.

UNE ENTREPRISE PUBLIQUE DE L’EAU EN GUADELOUPE DEVRA POUVOIR APPORTER DES RÉPONSES

Sur la problématique liée à la sécheresse, les pouvoirs publics manquent d’anticipation et de logique. L’occurrence croissante de sécheresses appelle à inventer des techniques d’économie, de stockage ou d’approvisionne- ment d’eau. Doit-on envisager la simplification des procédures pour faciliter la cons-truction de retenue d’eau pendant la saison des pluies, afin de les utiliser durant les mois de sécheresse pour l’arrosage des cultures ? Ces retenues peuvent prendre la forme de petits lacs creusés artifi- ciellement et alimentés par pom- page dans le réseau ou dans la nappe souterraine. En réalité, c’est la question de la production, de la distribution et de surcroit de l’eau agricole qui doit être posée.

La création d’une entreprise publique de l’eau en Guadeloupe devra pouvoir apporter des réponses à ces problématiques récurrentes, en matière de pro- duction, de transport et de distri- bution tant de l’eau potable que de l’eau agricole.

Les dispositions du nouvel arrêté visent notamment à réserver les volumes d’eau potable disponi- bles au plus grand nombre d’usa- gers d’une part, et aux usages prioritaires d’autre part. Encore une fois, en cette période de crise sanitaire, on aurait bien pu se pas- ser de telles mesures.

L’eau est une ressource précieuse, vitale, Il convient donc que cha- cun, individuellement, puisse en faire usage mais sans abus, dans l’intérêt de tous.