Combattre le racisme par la suppression du mot «race : Absurdité ou foutaise

Le samedi 10 mars 2012, dans son allocution à l'adresse des Outre-Mers,le candidat socialiste à la Présidence de la République fr ançaise, François Hollande,déclarait,sous de chauds applaudissements,son intention de faire rayer le mot «race» dans l'article 1 de la Constitution fran- çaise.Cet article 1 est ainsi formulé :«La France est une République indi- visible,laïque,démocra- tique et sociale.Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine,de race ou de religion.Elle respecte toutes les croyances.Son organisation est décentralisée».

Il n'en fallait pas davantage à notre député V ictorin Lurel, Président du Conseil Régional, à l'initiative de cette proposition, semble-t-il, depuis 2004, pour enfourcher cette même bicyclette. Tête dans le guidon, il va beaucoup plus loin dans ses affirmations, fondées, se demande-t-on, sur quelle recherche scientifique. Comme un faux «postulat», il déclare : «il n'y a pas de races humaines ; la race s'applique à la zoologie, donc aux animaux. L'homme n'est pas un animal. Il n'y a qu'une race, la race humaine. Ce mot doit être supprimé dans la Constitution française».Venant d'un intellectuel, voire d'un érudit, les auditeurs non avertis seraient tentés de répondre en langage biblique : «Amen».

Ainsi, pour François Hollande et Victorin Lurel, le mot «race», une fois rayé dans la Constitution française, le problème connu jusqu'à ce jour , sous le nom de racisme, sera éradiqué.

Dans cette course effrénée pour l'accès à l'Elysée, c'est oublier ou faire fi trop facilement des nombreux travaux de scientifiques que ni François Hollande ; ni Victorin Lurel ne peuvent ignorer.

Sans entrer dans les détails, par définition, et nous renvoyons monsieur le Député au Larousse et aux différents trai- tés concernant les animaux, l'homme est bien un animal et il l'est autant que moi. Avec les autres animaux, nous nous dis - tinguons des végétaux par notre mobilité, notre mode de nutrition et de reproduction. Nous ne sommes pas évidemment des bêtes, contrairement à tous les animaux du monde animal car, doués d'intelligence, de langage, de la faculté à raisonner et à penser.

Toutes les sciences qui étudient le règne animal :la zoologie, la biologie, la physiologie, l'anato - mie descriptive, l'anatomie com- parée, la neurologie, l'embryolo - gie etc… tiennent compte de l'espèce humaine autant que de tous les autres animaux, considérés habituellement comme étant des bêtes.

Alors, oui, tous les hommes, tous les peuplements humains sur la planète T erre appartiennent à une grande famille qu'il a été convenue d'appeler l'espèce humaine. Ignorer ou faire semblant d'ignorer , pour des rai - sons politiques, qu'au sein de cette espèce, de cette grande famille humaine, il y a des différences, d'abord physiques, qui tombent naturellement sous les sens, ou génétiques, révélées par d'autres moyens scientifiques, relève tout simplement de la démagogie.

Certes, la notion de race a fait l'objet de longues discussions, de discours, de controverses, de traités, tout au long des siècles, sans qu'aujourd'hui on ait abouti à un consensus, encore moins à une certitude.

La liste de savants, naturalistes, anatomistes, physiologistes, neurologues, anthropologues, généticiens, ethnologues ; théologiens, philosophes, biologistes, sociologues, etc… qui ont tenté, avec les moyens de leur époque, d'apporter une explication à l'évolution de l'homo sapiens, apparu depuis environ 200 000 ans, est extrêmement longue. Le débat n'est pas achevé, en dépit des tra- vaux des personnalités suivan- tes, pour ne citer que celles-ci : Carl V on Linné ; Darwin ; Johann Friedrich Blumenbach ; Joseph Deniker; Henri V allois ; Albert Jacquard ; André Langaney : Théodosius Dobzhansky ; Luigi Lucia Cavalli Storza ; Georges Montandon et j'en passe.

Tous ces travaux, plus ou moins discutés, ou plus ou moins admis, ont permis néanmoins des avancées considérables des sciences naturelles, devenues aujourd'- hui, Sciences de la Vie et de la Terre, de la médecine, selon que le problème se pose dans des populations aux caractéristiques visibles à l'œil nu ou par des procédés scientifiques plus ou moins élaborés etcomplexes.

Et, plus près de nous, nous ne manquerons pas de citer les découvertes de deux de nos compatriotes, en matière de drépanocytose, le docteur Guy Merault et le Professeur Camille Berchel, tous deux aujourd'hui décédés, mais qui se sont intéressés à différents groupes humains qu'on veuille les appeler : races, ethnies, communautés ou autres. Prétendre donc combattre le racisme par la suppression du mot race dans un traité, fût-il la Constitution française, est une fausse solution à un réel problème. Chacun doit assu- mer, avec fierté, son origine ancestrale, ses caractéristiques identitaires, physiques, épidermiques, génétiques, avec le plus grand respect des caracté- ristiques originaires ou ancestrales de l'autre. C'est ce qui est fondamental. Alors, qu'on soit réduit à parler de races, d'ethnies, de groupes humains ou autres, c'est l'idéologie qui consiste à inférioriser , dévalo- riser, déshumaniser certains composants de l'espèce humaine, qu'il convient de combattre, sans ménagement, sans essoufflement, sans dés- emparer. Ce combat-là passe assuré- ment par d'autres préoccupa- tions, bien plus urgentes, bien plus légitimes et qui figurent également dans la Constitution française. C'est dommage que monsieur le Député V ictorin Lurel ne l'a pas encore compris pour s'en approprier. Nous le renvoyons néanmoins à l'article 72-3, ainsi formulé :

«La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'Oure-Mer, dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité».

Notre compatriote Député et Président du Conseil Régional,V ictorin Lurel, porteur de la voix de son maître, François Hollande, devrait nous pro - mettre de tout mettre en œuvre pour que les hommes et les femmes qui bâtissent, depuis plus de 500 ans, ce pays de Guadeloupe, ne soient plus considérés comme une popu- lation au sein du peuple fran- çais. Qu'ils soient légitimement reconnus, par un statut de Peuple Guadeloupéen, au même titre que le peuple fran- çais avec qui il est prêt à collaborer dans la dignité et un mutuel respect.

Il en va de même pour les aut- res pays d'Outre-Mer. Et cela conforterait justement la présence du mot «race» dans cette même Constitution.