Leçons des élections de 2021

M. Ary Chalus a obtenu 72,43% des voix expri- mées et Mme Josette Borel-Lincertin, 27,57%. Le coup est dur pour cette dernière, qui courait deux lièvres à la fois, sans parvenir à en attraper un. Elle encaisse donc une double défaite.

S’ il y avait un doute sur le dés- amour entre l’électorat et le politique, il doit être levé car, à l’occasion du 2 ème tour des élections, les électeurs ont con- firmé leur dégoût, pas seulement en Guadeloupe, mais dans tout l’es- pace français.

Quand on regarde les résultats dans les Outre-Mer et en France, cela interpelle : l’abstention a le même tronc commun. Le prési- dent de l’Assemblée nationale française et le gouvernement en sont bien conscients.

Ce ne sont certainement pas les empêchements ponctuels évo- qués lors du 1 e r tour qui en sont les véritables causes. Ce désinté- rêt de l’électorat qui permet à un candidat d’être élu avec très peu de voix exprimées, sans une légi- timité confortable, commence à inquiéter la classe politique fran- çaise sérieusement.

C’est ce qui a poussé le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a annoncé, le mardi 29 juin 2021, par communiqué, le lance- ment d’une mission d’information après le taux record d’abstention de 66% en France pour les élections régionales et départementales.

La mission d’information de la conférence des présidents de l’Assemblée, composée de 26 membres et de tous les groupes politiques, se penchera sur l’identi- fication des ressorts de l’abstention ainsi que les mesures permettant de renforcer la participation électo- rale. Cette mission d’information pourrait enregistrer d’autres pro- positions à titre individuel. La Guadeloupe devrait prendre part à cette réflexion car, aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Il est à noter, toutefois, que cette initiative est motivée par les prochaines échéances présidentielles qui doi- vent avoir lieu en 2022.

D’ores et déjà, les discussions vont bon train sur le sujet en Guadeloupe. Certaines per-sonnes pensent qu’il faudrait rendre le vote obligatoire, à l’instar de la Belgique. D’autres proposent le vote par internet, comme aux Etats- Unis. D’autres encore proposent un étalement du vote sur la semaine, à des heures où les gens seront plus disponibles ou qui considèrent que les bulletins blancs devraient aussi être pris en compte car, c’est une forme d’expression.

En Guadeloupe, le duel qui opposait aux élections régionales la liste «Péyi Gwadloup», conduite par Mme Josette Borel-Lincertin, présidente sortante du Conseil départemental, à la liste«Continuons d’avancer», conduite par M. Ary Chalus, prési- dent sortant du Conseil régional, a été remporté par ce dernier.

M. Ary Chalus a obtenu 72,43% des voix exprimées et Mme Josette Borel-Lincertin, 27,57%. Le coup est dur pour cette dernière, qui cou- rait deux lièvres à la fois, sans parve- nir à en attraper un. Elle encaisse donc une double défaite.

On peut considérer qu’avec cette crise interminable, l’électorat qui s’est exprimé n’a pas voulu prendre le risque d’avoir un long temps mort comme après chaque changement de majorité. Ce fut le cas en 2015.

A ces élections, la Fédération du Parti socialiste sort abasourdi et Guadeloupe unie solidaire et responsable (GUSR) de Guy Losbar semble prendre la main sur les deux Assemblées. La droite s’est disloquée et est à la recherche d’un leader.

On a le sentiment que, pour apai- ser la volonté du changement de paradigme tant réclamé par les Guadeloupéens, le président Ary Chalus a proposé, en retour, un contrat de gouvernance concerté qui, par sa signature, lie concrète- ment poings et pieds tous ceux qui l’ont paraphé.

La Guadeloupe est donc repartie pour six ans d’assimilation ren- forcée.