Les élections passées, revenons aux fondamentaux de la politique !

Nous avons écrit que le taux d’abstention aux dernières élec- tions contenait un message clair. « Il faut arrêter le cirque média- tique, le veglàg, la corruption et revenir à la politique qui sert les intérêts des citoyens et particu- lièrement des plus démunis». Pour répondre à cette exi- gence, nous republions la pre- mière partie de la réflexion sur la refondation de la politique que nous avons commencé au lendemain des élections muni- cipales de juin 2020.

Tous les analystes et observateurs de l’évolution des sociétés sont unanimes à reconnaître qu’il y a une crise de la politique. La poli- tique entendue ici comme ce qui est relatif à l’exercice du pouvoir. Cela se traduit tout d’abord par l’éloignement des citoyens des espaces où s’organise la vie poli- tique et par la distance avec les partis qui concourent à l’expres- sion des opinions publiques.

Les taux d’abstentions de plus en plus élevés aux différentes élec- tions, le déclin des partis politiques sont les signes les plus édifiants de cette crise. Pourtant, le niveau d’en- gagement des citoyens aux der- nières élections municipales en Guadeloupe interpelle.

On relève pour les 32 communes concernées, l’engagement de 140 listes comportant 4620 candidats, ce qui représente une moyenne de 5 listes et 145 candidats par com- mune. Comment expliquer cet écart entre la participation à la vie politique et l’engagement dans la compétition électorale ? Il faut nous attacher à éclairer cette contradiction si nous voulons don- ner un sens à la lutte démocratique en Guadeloupe.

Tout d’abord, il nous faut démythi- fier les mots et les concepts pour bien comprendre sur quel terrain nous évoluons et pour commencer, expurger la confusion entretenue entre élection et politique.

L’élection n’est pas synonyme de la politique. Participer à une cam- pagne électorale n’est pas le graal d e la lutte politique. D’ailleurs, sur les 4 600 engagés aux élections municipales combien étaient-ils à affirmer doctement qu’ils ne font pas de la politique ? Voter est un devoir citoyen, un acte politique individuel, mais la lutte politique ne se résume pas à ce seul geste si important soit-il.

Nous avons précisé dans un numéro de ce journal que : «… L’élection est un processus qui permet de désigner par le vote d’électeurs, de représen- tants destinés à les représenter ou à occuper une fonction en leur nom…».

L’élection participe donc à la lutte politique mais n’est pas la finalité de la lutte politique. L’article paru dans le numéro du journal dont nous avons fait état développe sur les conditions de son efficacité, nous n’y reviendrons pas.

Les pratiques scandaleuses obser- vées à l’occasion des élections muni- cipales et communautaires, les alliances mafieuses qui se sont manifestées, l’absence de toute perspective d’émancipation humai- ne nous conduisent à ouvrir le débat sur les fondamentaux de la lutte politique en Guadeloupe.

Si l’élection n’est pas la politique, c’est quoi alors la politique ? Depuis les philosophes grecs aux spécia- listes des sciences politiques d’au- jourd’hui, la politique est définie comme un ensemble d’idées, de principes, de pratiques relatifs à l’or- ganisation de notre vie, de la cité, de l’Etat et à l’exercice du pouvoir dans une société organisée avec pour finalité l’émancipation de l’homme et la transformation de la société.

Quels sont les moyens qui sont mis en oeuvre et par quels acteurs pour que cette fonction de la politique soit accomplie.

Les voies pour y arriver ne sont pas les mêmes car la société n’est pas homogène. Elle est traversée de courants de pensées différents et met en opposition des intérêts contraires. C’est à ce stade que se situe la lutte politique.

Pour conduire cette lutte nous nous appuyons sur la philoso- phieMarxiste exposée par Karl Marx et Frederik Engels dans le Manifeste du Pari Communiste publié en 1848.

Au coeur de ce Manifeste se trouve cette découverte fondamentale qui a changé le cours historique à l’échelle mondiale et qui continue à mettre en mouvement des millions d’hommes sur toute la planète :«L’histoire de toutes sociétés jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes».

La lutte de classes est donc le moteur des transformations sociales et doit donc s’exprimer à travers l’action politique.

Pour redonner à la politique sa fonction, il nous faut revenir à la lutte de classes et fermer les portes du théâtre où se joue la négation de la politique avec des mauvais acteurs enchaînés à leurs ambitions malsaines, plaquées sur un vide idéologique qui sert toutes les compromissions.

La lutte politique est la transposi- tion en actions de la lutte de classes en oeuvre dans la société. Elle est menée, avec pour objectif, la conquête du pouvoir local, régional ou national. Il s’agit de la conquête du pouvoir politique par la classe pour les intérêts de la classe.

Cela étant établi et reconnu, cela conduit à éliminer d’emblée les travers de la lutte des per- sonnes introduites dans l’action politique et qui conduit aux dérives de la personnalisation et du culte de la personnalité si préjudiciable à la classe.

Pour conduire cette lutte politique, les classes sociales qui sont des regroupements d’individus placés dans les mêmes rapports de pro- duction : salariés ou patrons, doi- vent s’organiser en parti politique pour défendre leurs intérêts pro- pres et créer les conditions pour accéder ou garder le pouvoir de décider de la marche de la société conforme à leurs intérêts de classe.

C’est là, bien entendu, l’approche théorique de la lutte politique, selon la conception des adeptes du Marxisme.