Le baccalauréat 2021 : Ouf ! Se disent bacheliers et professeurs

Un soupir plus ou moins top ou plus ou moins flop, mais en tout cas légitime, compte tenu du contexte sanitaire, depuis le 16 mars 2019 et, de façon non négligeable, du stress généré par la valse des réformes du ministère de l’Education nationale française.

N ous ne le répéterons jamais assez. L’Education est un do-maine vraiment trop sensible pour que chaque ministre, arrivé au 110 rue de Grenelle dans le 7 è me arrondissement de Paris, veuille marquer son passage par des réformes qui, le plus souvent, jet- tent le désarroi sur tous ceux qui sont chargés de les exécuter, en tant que fonctionnaires, ainsi que sur tous ceux qui les subissent, les enseignés, contraints et forcés, pour élaborer un projet d’venir.

A titre d’exemple, un ministre, quel qu’il soit, n’a pas forcément, la pra- tique d’une profession quelconque et, en l’occurrence, celle de l’ensei- gnement et de la pédagogie. Il devrait, obligatoirement, tenir compte des acteurs, hommes et des femmes sur le terrain de l’en- jeu, celui de l’Education. Force est de regretter que ce n’est jamais le cas car, son vécu personnel durant son parcours scolaire ou universi- taire, l’emporte toujours, comme s’il avait une certaine vision per- sonnelle à satisfaire.

Et pourtant, que de grands péda- gogues, que de grands philo- sophes, affinés à la psychologie et à l’éducation de l’enfant, adulte en devenir, ont fait leur preuve

. On peut et on doit en tirer profit, si et seulement si, on a le courage et l’humilité de remonter le temps, au moins jusqu’à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle. On lirait ou relirait alors, avec intérêt, des auteurs, tel Alain, pseudonyme choisi par Émile-Auguste Chartier (1868-1951), professeur de philo- sophie au lycée et tant d’autres qui restent d’actualité.

La Guadeloupe en regorge aussi de ces pédagogues, même s’ils n’ont pas laissé de traces écrites, mais cer- tainement des disciples qui sont passés par leur école et qui peuvent encore témoigner. Cela s’appelle chez nous : «vié kannari ka fè bon soup». C’est-à-dire que la parole des anciens permet de mieux réussir, à condition de ne pas se comporter en «sachant» dans tout.

Le baccalauréat, cette année encore, n’a pas fait exception de ces réformes à répétition, tant par les modalités des épreuves, pour cause de pandémie, que par des «nouveautés», telle l’épreuve dite «le Grand Oral».

De mémoire de personnels de l’Education nationale française, retraités depuis des décennies, cette propension à réformer s’est accentuée à partir de la réforme des collèges confiée à Louis Le Grand, en 1982, par le ministre de l’Education nationale Alain Savary, des réformes qui, singuliè- rement en Guadeloupe, n’ont pas permis pour autant de juguler la situation d’échec et de décro- chage scolaires, le taux croissant d’illettrés, l’arrêt précoce de la scolarité, le chômage chronique. D’ailleurs, ici comme en France, les mouvements de protestation des enseignants, des Agents techniques, ouvriers et de service, des lycéens, se répètent, sans pour autant aboutir, car la tech- nocratie, voire l’autocratie, ont toujours raison malheureusement sur la pédagogie.

La volonté de considérer l’école comme une entreprise devant prendre en compte des notions de «rentabilité», de «plus-values», de «valeur ajoutée», doit être prédo- minante, pour ceux qui détiennent «les cordons de la bourse». Atteindre de tels objectifs, n’est donc pas à l’abri de complaisance.

Oui, tel était l’objectif du ministre de l’Education nationale, pro- clamé en 1985, Jean-Pierre Che- vènement, «Amener 80% d"une classe d"âge au niveau du bacca- lauréat», sans doute coûte que coûte, question de chiffres.

Les résultats pour la session du bac- calauréat 2021 sont. Incontesta- blement, il a fallu susciter la bienveil- lance des examinateurs et des jurys, pandémie et réformes non maîtrisées ayant obligé. Quoi qu’il y ait une légère baisse dans cer- taines filières et légère progression par rapport à la session de 2020, on s’enorgueillit ainsi d’avoir raison de réformer, et surtout en ne pas tenir compte des situations anté- rieures à 2020, pour ne pas avoir à justifier une forte augmentation par rapport à 2019.

Il nous revient cependant, dans ces colonnes, de féliciter tous ceux qui, en dépit de tout, ont arraché ce diplôme qui n’est qu’une porte ouverte sur la poursuite des études. Qu’ils soient conscients des condi- tions matérielles et pédagogiques dans lesquelles ils ont travaillé pour réussir ce baccalauréat 2021 qui est la première édition du nou-v eau baccalauréat général et tech- nologique. Cela doit les inciter à relever le défi, à ne pas baisser la g arde car, il faut le dire, certaines insuffisances dont ils ne sont pas responsables seront ressenties dans leur parcours qu’ils poursuivront en Guadeloupe ou ailleurs, selon leurs c hoix. Nous savons aussi que la soli- darité, marque indélébile de la cel- lule familiale guadeloupéenne, sera au rendez-vous pour l’encadrement nécessaire. Cette solidarité familiale ne fera pas non plus défaut à ceux qui ont échoué pour les encourager à reprendre le travail, pour en sortir victorieux l’an prochain.

On aura noté le taux de réussite à 100% du lycée La Persévérance d e Boissard Les Abymes et celui de 97% du lycée Jardin d’Essai qui a valu la visite de la rectrice C hristine Gangloff-Ziegler pour des félicitations, dans la matinée du mardi 06 juillet 2021. L es chiffres du baccalauréat 2021, toutes filières confon- dues, communiqués par le R ectorat de Guadeloupe, à l’is- sue du 2 ème groupe d’épreuves, se présentent comme suit.