Situation financière des communes de Guadeloupe

Cette situation des communes exige une mise à plat et une analyse de fond portant sur le financement des collecti- vités publiques, que les élus locaux et les parle- mentaires n"ont jamais voulu aborder dans la transparence.

Les finances des collec- tivités locales trou- vent leur fonde- ment depuis la Déclaration des Droits de l"Homme et du citoyen de 1789, essentiellement dans ses articles 13 et 14. L"article 13 stipule : «Pour l"entretien de la force publique et pour les dépenses d"ad- ministration, une contribution com- mune est indispensable, elle doit être également répartie entre les citoyens en raison de leurs facultés».

L"article 14 précise : «Les citoyens ont le droit de constater, par eux- mêmes et leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, d"y consentir librement, d"en suivre l"emploi et d"en déter- miner la quotité, l"assiette, le recouvrement et la durée».

Ce postulat étant dressé, il convient de regarder l"état des finances des collectivités terri- toriales de Guadeloupe et en particulier les communes.

Des études récentes et les derniers rapports de la chambre régionale des comptes passent au peigne fin le budget des communes et de leurs établissements annexes.

En termes d"endettement, de taux d"imposition et de fiscalité, de capa- cité d"emprunt, de capacité de dégager des marges d"autofinance- ment, la tendance ne s"inverse pas vers ce qu"ils appellent une ortho- doxie budgétaire et comptable. Ce n"est donc un secret pour per- sonne, la quasi-totalité des collecti- vités de la Guadeloupe sont dans une situation financière exception- nellement dégradée et préoccu- pante. Elles croulent sous des défi- cits chroniques et voient leur bud- get placé sous la tutelle de l"Etat ou le contrôle de la Chambre régionale des comptes avec pour consé- quence la réduction de leurs moyens d"intervention dans le développement économique et social de leur territoire.Ce constat existe depuis des décen- nies déjà, au point que certains par- lent de spécificité guadeloupéenne. Non! Les élus guadeloupéens ne sont pas des cancres, et il n"y a aucune fatalité liée à ce constat. Il trouve sa source dans l"asphyxie économique qui affecte durable- ment le pays de plus en plus où des pans entiers d"activités pour- voyeuses d"emplois, tels que l"in- dustrie sucrière, les productions agricoles, la pêche, l"artisanat, le BTP et d"autres encore sont en train de disparaître, sous l"effet conjugué de la politique coloniale et mondialiste de la France et de l"Europe. Nous vivons une crise sanitaire mondiale qui s"ajoute à une crise financière structurelle où l"Etat français et l"Europe par leur politique de restrictions bud- gétaires aggravent la situation qui risque de devenir explosive.

Le taux de chômage dépasse large- ment les 30% et est devenu depuis longtemps une situation perma- nente au pays. Les communes bien évidemment ont embauché pour calmer la grogne sociale, avec en prime pour ces nouveaux agents, les 40% de vie chère. Aujourd"hui encore avec les syndicats des dis- cussions sont en cours pour une meilleure prise en charge de la car- rière des agents.

Cette situation des communes exige une mise à plat et une ana- lyse de fond portant sur le finance- ment des collectivités publiques, que les élus locaux et les parle- mentaires n"ont jamais voulu abor- der dans la transparence.

Gouverner c"est prévoir mais c"est surtout faire des choix en termes de rigueur budgétaire, de mutualisation des moyens, de recherches de recettes alter- natives à la baisse des dotations de l"Etat pour retrouver sa crédi- bilité, sa solvabilité pour aller plus loin et faire des choix entre projets et politiques publics.