Investir dans la jeunesse

P ratiquement, tous les acteurs de la société reconnaissent que la crise sanitaire causée par la Covid-19 a mis à nu la crise qui ronge depuis longtemps le système dans lequel nous évo- luons. Cette crise, elle est globale et se décline en quatre aspects : économique, sociale, culturelle et sociétale.

De l’avis de nombre d’acteurs, elle n’est pas seulement une catas- trophe, mais, peut être une opportunité pour tout remettre en cause et repenser notre avenir. Elle invite à changer de paradigme, à rompre avec le système de pwofitasyon, de l’économie parasitaire qui se nourrit d’un marché de consommation captif.

La Covid a sonné la fin de ce modèle. Ce serait une erreur politique de mobiliser les ressources encore disponibles pour le relancer. Certes, il ne s’agit pas de tout raser d’un coup. Il y a des vies en jeu : salariés, entrepreneurs, financeurs, tous ceux qui font tourner ce système même bancal. Il faudrait accompagner la mutation de tous ceux qui veulent s’inscrire dans le changement.

L’exigence de ce temps imposé par la Covid, c’est d’investir dans un nouveau modèle de développement économique, social et culturel qui nous ouvre ce nouvel avenir que nous espérons tous. Ces inves- tissements doivent être en lien avec une stratégie bien pensée de conduite du développement, capable de déclencher un mouve- ment coordonné de toutes les forces vives du pays.

En répétant «urbi et orbi»que nous sommes une population vieillissante, ce qui est une tendance démographique consta- tée depuis une dizaine d’années, mais pas pour autant irré- versible, nous oublions que notre plus grande richesse, notre «atout» maître, c’est notre jeunesse.

Ce sont les 35% des jeunes de moins de trente ans aujourd’hui qui vivront, travailleront, feront la Guadeloupe, dans ces trente pro- chaines années. Ils font déjà la démonstration sur leur sol national et à l’international, et avec quel talent, de leur aptitude à conduire le nouveau modèle de développement dont l’idée semble, aujourd’hui, faire l’unanimité. Alors, il faut la voir cette jeunesse, l’en- tendre, lui montrer de l’estime et du respect.

Investir dans la jeunesse guadeloupéenne est, aujourd’hui, la priorité des priorités. Cela signifie, mobiliser des moyens financiers, tech- niques et institutionnels d’un niveau exceptionnel pour l’éducation, la formation, l’emploi, la culture. Cela signifie aussi, mettre en place des politiques publiques pour améliorer les conditions de vie des jeunes pour les encourager à rester dans leur pays et pour inciter ceux qui sont partis à revenir : logements, foyers d’hébergement, moyens de déplacements, espaces sportifs et culturels aux normes techniques. Cela permettra certainement aux jeunes de regarder l’avenir avec plus de confiance, à s’enraciner, à fonder des familles, ce qui contribuera assurément à inverser la courbe du vieillissement.

L’écrivain et économiste Malien, Bouacar Bouaré, a écrit :«L’avenir d’un pays, d’un continent dépend de ses jeunes. L’avenir c’est la jeunesse. L’avenir c’est par la jeunesse». Cela ne peut pas être différent pour nous.

Paru le 24 décembre 2020 - N°902