Les vacances apprenantes un concept d’avenir

«Vive les vacances, les cahiers au feu et les livres au milieu» chantaient les gosses de France, de Navarre et de Guadeloupe, à l’approche du mois de juillet. Les «vacances», mot magique synonyme d’évasion de repos, était-ce une réalité pour tous ?

Il y a toujours eu, dans toutes les sociétés, des gosses qui, une fois les portes de l’école refer- mées, se transformaient en agricul- teurs, en pêcheurs, en éleveurs, afin d’aider leurs parents. D’émouvants reportages de la chaîne culturelle Arte tournés en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en Europe nous montrent des enfants qui, après des kilomètres dans le froid, la boue, la chaleur de la jungle, arrivent épui- sés chez eux mais sont encouragés par leurs parents qui savent que l’école peut être une porte de sortie de leur grande misère. Et ceci se passe au 21 ème siècle.

Qu’en est-il de notre société gua- deloupéenne ? Le système capita- liste élitiste qui régit notre vie a comme conséquence de faire comprendre à de plus en plus de familles l’importance d’avoir des «diplômes» ou une formation de haut niveau pour s’assurer un ave- nir «acceptable» et ceci, quel que soit le domaine choisi : littéraire, scientifique, technique… Nous savons tous que l’école n’est pas égalitaire. Les parents dont les moyens financiers le permettent ont la possibilité, tout au long de l’année, de s’assurer l’aide de profes- seurs reconnus pour aider leurs enfants dans des domaines où ces derniers ont des difficultés. Il faut, bien sûr, l’accord de l’élève qui, l’ex- périence le prouve, préfère se retrouver dans un petit groupe de 2 ou 3 camarades de même niveau. Qu’en est-il de la grande majorité de nos enfants en échec scolaire ?

LES VACANCES «APPRE- NANTES», UN CONCEPT QUI PLAÎT AUX PARENTS DE TOUTES CONDITIONS SOCIALES

La mobilisation sans faille des syndi- cats d’enseignants et de parents d’élèves depuis toujours a permis de petites améliorations du système scolaire. Rappelons quand même que rien n’est possible sans moyens matériels certes, mais surtout sans l’implication des parents d’enfants concernés (ce qui n’est pas toujours le cas malheureusement).

Les psychologues sont mieux à même que nous pour expliquer combien un gosse épanoui au sein d’une famille même monoparentale a autant de chance de réussir sa sco- larité ou sa vie que le fils du nabab du coin. Mais là n’est pas le sujet…

Conscients de leur devoir moral envers les enfants du peuple, cer- taines autorités politiques ou admi- nistratives ont inventé les vacan- ces «apprenantes», concept qui plaît aux parents de toutes condi- tions sociales, puisque la Caf, les services sociaux des communes, de l’Etat, interviennent pour les parents ayant des difficultés finan- cières. Il s’agit donc, au cours des mois de juillet et août, de permet- tre aux enfants d’apprécier la vie de groupe et d’alterner heures de remise à niveau scolaire, sorties pédagogiques et ateliers de pein- ture, de théâtre, de danse avec des professionnels.

Ce qu’il y a d’intéressant dans ce concept de vacances studieuses c’est que les parents (qui soit dit en passant en profitent pour souffler un peu) peuvent choisir, soit le séjour à la journée, soit le camp de vacances d’environ 20 jours, soit le séjour à l’étranger, de plus en plus prisé pour l’apprentissage des langues étrangères.

Sachons utiliser avec nos enfants le confinement que nous subissons depuis deux années pour les fami- liariser avec tous ces jeux de société que des jeunes guadeloupéens ont inventés au cours de ces dernières années. Cela développe la concen- tration, la mémoire tout en s’amu- sant. Et ainsi passera le temps… Bonnes vacances donc à tous nos écoliers !