Une rentrée scolaire loin d’être idéale

Compte tenu des difficultés rencontrées pour effectuer cette rentrée scolaire en pleine crise Covid et en plein confinement, Nouvelles-Etincelles a interrogé Michel Gédéon, Président de la Fapeg pour un premier point sur l’état de la rentrée scolaire.

Michel Gédéon vous êtes président de la FAPEG, après bien des tergi- versations, la rentrée a eu lieu le 13 septembre, quelle est la position de votre organisation sur cette rentrée scolaire ?

Michel Gédéon :Je dois vous dire que ce n’est pas évident parce que le rectorat aurait souhaité mainte- nir la rentrée au 02 septembre comme prévue initialement. Avec les organisa- tions syndicales, les fédérations des parents d’élèves et tous les élus guadeloupéens nous avons considéré que, vu la situation sanitaire de la Guadeloupe on ne pouvait maintenir la rentrée sco- laire à cette date.

Mais nous avons considéré, nous aussi à notre niveau, qu’il fallait que nos enfants rentrent à l’école, car c’est important, parce qu’une ren- trée scolaire c’est un marqueur du temps, c’est aussi une manière de dire aux enfants que les vacances sont terminées et qu’ils doivent retourner à l’école.

Bien évidemment cette rentrée qui vient de se faire n’est pas une rentrée idéale, mais il fallait selon nous ce contact avec l’école

. Nous souhaitons et c’est notre premier objectif, que les enfants soient à l’école, mais naturellement il y va de la santé de nos enfants que nous privilégions en toutes circons- tances avant tout.

Aussi, nous avions demandé au rec- torat que toutes les conditions soient réunies, notamment le res- pect du protocole sanitaire. C’est-à- dire qu’on ait le minimum dans les établissements scolaires, à savoir de l’eau, du gel hydro-alcoolique, du savon, du papier et ce pour tous les enfants. Je sais qu’il y a des cri- tiques qui se font jour, car cette rentrée est loin d’être l’idéale. Pour beaucoup, elle se fera en distanciel et là nous avons soulevé un gros problème qui est celui de l’outil informatique, du numérique chez les parents, car beaucoup ne dispo- sent pas de cet outil.

Nous avons souhaité que les collec- tivités de Guadeloupe et le rectorat répertorient les enfants qui sont en grosses difficultés pour pouvoir les aider au mieux, en leur donnant les outils nécessaires car il y a beaucoup de parents situés en zones blanches qui ne peuvent pas se connecter à internet. Nous avons été même plus loin en demandant que les enfants en très grosses difficultés soient accueillis à l’école. Un autre aspect de la problématique de cette ren- trée, c’est qu’elle se fera sans restau- ration scolaire avec des complica- tions supplémentaires pour les parents, entrainant des difficultés pour la garde des enfants.

Nous avons interpelé le rectorat en lui demandant d’intervenir auprès des organisations patro- nales pour leur demander d’avoir une certaine souplesse quant aux absences de leurs salariés car il y a énormément de parents qui ne pourront pas se rendre au travail car ils seront jusqu’au 25 septem- bre obligés de garder leurs enfants à la maison, car même les inter- nats sont fermés en ce moment.

Malgré toutes ces difficultés, pour nous à la FAPEG, il fallait qu’il y ait une date pour démarrer cette ren- trée et après le 25 septembre bien sûr, il est impératif pour nous de se préparer pour aller vers quelque chose d’autre.Comment imaginez-vous la suite au niveau de la FAPEG ?

Tout ce que nous espérons c’est d’avoir une situation meilleure que celle d’aujourd’hui. Manifes- tement les indicateurs ont ten- dance à montrer qu’il y a une baisse de la circulation du covid. Si tel est le cas, cela signifie que l’on va pouvoir assouplir le protocole sanitaire et ainsi permettre aux enfants de retourner à l’école.

Concernant les élèves des lycées professionnels, c’est vraiment la galère pour eux car depuis deux ans et demi, ils sont dans une situation de grande souffrance et de stress terrible dont les parents font les frais bien évidemment. Après le 25 nous allons discuter à partir d’un groupe de travail qui a été créé dans lequel on trouve : les syndicats, les fédérations de parents d’élèves, le rectorat pour justement dès ce jeudi 16 sep- tembre 2021, aborder la conti- nuité pédagogique, le pro- gramme, le calendrier scolaire.

A partir de là, on espère obtenir un assouplissement bien entendu en tenant compte de toutes les m esures de sécurité pour nos enfants, mais surtout faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus d ’enfants dans les établissements scolaires. Pour nous au niveau de la FAPEG, nous restons vigilants c ar notre priorité c’est de défen- dre les intérêts des parents et des enfants de Guadeloupe.

Il y a des questions qui défraient la chronique, c’est la question concer- nant le pass-sanitaire et l’obliga- tion vaccinale, qu’elle est la posi- tion de la FAPEG ?

Notre fédération a clairement indiqué sa position sur ces deux problématiques. Concernant l’obligation vaccinale nous disons que les Guadeloupéens sont suffi- samment intelligents et savent ce qu’ils doivent faire, donc on ne doit pas imposer aux gens ce genre de choses, il faut laisser la liberté à tout un chacun le droit de se faire vacciner ou pas.

Concernant nos enfants qui sont mineurs dans les établissements scolaires, la vaccination doit être décidée par les parents et non par les enfants, donc il faut laisser la décision aux parents. Nous disons d’autre part que la situation en Guadeloupe est explosive, il faut éviter de transformer nos établisse- m ents scolaires en vaccinodrome, nous sommes contre cette solution.

N ous croyons à l’intelligence col- lective, à l’intelligence de notre peuple et croyons également q ue ce dernier saura prendre la décision la plus adéquate en la circonstance. Nous avons discuté de tous ces problèmes avec la rectrice, nous espérons bien qu’elle tiendra compte de cette réalité, en tout cas nous demeu- rons vigilants.Peut-on dire que l’école se porte mal en Guadeloupe ?

L’école est à l’image de la société guadeloupéenne. Au niveau de la FAPEG nous ne cessons de dire que cette école évolue dans une société donnée qui est la société guadeloupéenne. Je crois que ces difficultés que l’on rencontre au niveau économique, au niveau social, on les retrouve à l’école éga- lement. Elles se manifestent parti- culièrement au niveau des enfants qu’on appelle les «décrocheurs» et qui sont des enfants véritablement en grosses difficultés.

L’école aujourd’hui, n’est que l’in- carnation de cette société, mais c ’est vrai que la crise engendrée par le covid a conforté les inégalités que l’on retrouvait dans l’école. Il va falloir mener une réflexion très approfondie sur l’école d’au- j ourd’hui, car on a l’impression qu’on est à un tournant au niveau de la manière d’enseigner car avec l es outils informatiques quis’impo- sent, il faudra penser différem- ment notre école, je rappelle que depuis des années nous disons qu’il faut une école ancrée dans la réalité guadeloupéenne et peut- être aujourd’hui plus que jamais s’y atteler sérieusement.

Cette crise du covid a permis aussi, peut-être une prise de conscience des élus guadeloupéens sur la question de l’école. Ce que nous espérons c’est que cette prise de conscience puisse continuer et voire s’approfondir sur la question des bâtis scolaires qui sont aux alentours de 75% qui doivent être confortés ou reconstruis, d’après un rapport de la Deal. On pose également la question de la clima- tisation des salles de classe de même que l’accueil des enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, est-ce que l’école se porte plus mal que hier, je pense que la société guadeloupéenne va très mal, for- cément l’école va très mal.