Pas de prescription pour les crimes de l’Etat français en Guadeloupe !

Le plus grand crime qu’a commis la France a été la déportation des Africains, lesquels ont été réduits en esclavage pour enrichir l’économie française. D’autres crimes innom- brables ont été ordonnés et commis au nom de l’Etat français, toujours pour garantir la domina- tion d’un système écono- mique et politique au ser- vice des puissants.

Le lundi 20 septembre 2021, peu de Guadelou- péens étaient peut-être à l’écoute des informations pour entendre le Président de la Répu- blique française Emmanuel Macron demander pardon aux harkis, 59 ans après la guerre d’Algérie.

Cela n’a suscité en effet aucune réaction de la part de nos élus, de nos historiens et de nos intellec- tuels, si friands des commémora- tions du souvenir, notamment des évènements du 27 mai 1967. Et pourtant, c’est une information de haute importance qui est pas- sée en Guadeloupe, comme la comète de Halley.

Plusieurs monuments historiques ont été érigés pour se rappeler des crimes perpétrés par l’Etat français en Guadeloupe, colonie française. Les premiers crimes ont commencé par le début de la colo- nisation, en 1635, et perdurent jusqu’à nos jours, avec l’empoison- nement des Guadeloupéens au chlordécone.

Le plus grand crime qu’a commis la France a été la déportation des Africains qui ont été réduits en esclavage, pour enrichir l’écono- mie française. D’autres crimes innombrables ont été ordonnés et commis au nom de l’Etat français, toujours pour garantir la domina- tion d’un système économique et politique au service des puissants.

Le 14 février 1952 au Moule, quatre victimes mouliennes, Marignan, François Dernon, Capitolin, sont tombées sous les balles des mili- taires français, dans le cadre d’un mouvement de grève des ouvriers agricoles et des travailleurs de l’usine de Gardel.

Les 26 et 27 mai 1967, à Pointe-à- Pitre, les forces de répression fran- çaises ont tiré, sans état d’âme sur un peuple misérable et désarmé. Jusqu’à ce jour, on ignore avec exac- titude le nombre de morts. Beaucoup de documents restent scellés, sous le couvert du secret d’Etat. Il s’ensuivit une chasse à l’homme durant 3 jours pour liqui- der ceux qui osaient leur tenir tête.

De nombreux Guadeloupéens «français» furent abattus par les gendarmes français, sans somma- tion, d’après les nombreux témoi- gnages recueillis. Les Guadelou- péens ont soif de connaître la vérité et réclament, à juste titre, les réparations.

Jusqu’à ce jour, aucun Président français n’a demandé pardon au peuple guadeloupéen pour les exac- tions, les crimes perpétrés par l’Etat français en Guadeloupe.

Pourquoi deux poids, deux me- sures, dans la conduite de la poli- tique française ? Où est l’égalité, si chère soit disant à la République française et affichée sur le fronton de tous les édifices symbolisant cette Républi-que, inscrite dans l’article 2 de la Constitution fran- çaise de 1958 et que l’on retrouve dans la devise au triple mots : «Liberté - Egalité - Fraternité» ?

La demande de pardon aux harkis par Emmanuel Macron, 59 ans après la guerre d’Algérie, n’est pas fortuite, puisqu’elle est placée à quelques mois des élections prési- dentielles de 2022.

Les harkis et leurs descendants représentaient, en 2012, entre 500 000 à 800 000 personnes en France. Ce serait un vivier élec- toral qui vaudrait son pesant d’or et fortement courtisé par tous les can- didats en lice pour les prochaines élections présidentielles de 2022.

La Guadeloupe aussi, à l’instar de l’Algérie, attend que la France recon- naisse ses actes odieux et impres- criptibles perpétrés sur le sol guade- loupéen, et qu’elle se décide enfin à aborder le volet des réparations, seule solution indispensable pour la réconciliation des deux peuples.