La Guadeloupe face à son destin

Si nous avions un statut politique qui nous permettait de protéger nos frontières, à l’instar de la Nouvelle-Calédonie, nous ne serions pas là à faire face à d’énormes difficultés sanitaires pour la prise en charge de nos malades.

T ous les instruments de mesure de l’état sani- taire en Guadeloupe sont au rouge. Il fallait s’y attendre et nous ne cesserons jamais de le répéter. La santé des Guadelou-péens a été sacrifiée au profit de l’écono- mie touristique qui, nous le reconnaissons, s’essoufflait.

Les choix politiques qui ont primé nous ont conduits vers une catastrophe humanitaire sans précédent car, aujourd’hui, nous comptons les morts. La clientèle s’est effritée.

On n’avait pas besoin «d’être grand Grec», ni grand scienti- fique, pour anticiper sur l’hé- catombe qui nous attendait. Si nous avions un statut politique qui nous permettait de proté- ger nos frontières, à l’instar de la Nouvelle-Calédonie, nous ne serions pas là à faire face à d’énormes difficultés sani- taires pour la prise en charge de nos malades.

Pour préserver l’archipel de la covid-19, le Gouvernement calédonien autonome a fait le choix de fermer ses frontières, en limitant son accès aux seuls voyageurs avec motif impérieux, validés avant le départ et en appliquant des mesures de contrôle et de quarantaine strictes. Des mesures sanitaires qui permettent à la Nouvelle- Calédonie d’être 100% libre, ses habitants libres de circuler et de vivre sans restriction particulière.

Certains de nos compatriotes légitimement autorisés, ont peur de prendre des positions tranchées, pour ne pas gêner les susceptibilités des uns et des autres. Au moment même où le gouvernement interdisait les Français d’aller faire du ski dans l’hexagone à cause de la 3 èmevague, il n’a pas hésité à utiliser les Antilles comme soupape de sécurité, en ouvrant la vanne touristique au cours du mois de juillet. Les résultats ne se sont pas fait attendre, et on a l’air d’être étonné.

Aucun de nos élus influents, de nos scientifiques ou hommes de culture ne s’est dressé face à cette décision inique prise uni- latéralement par le gouverne- ment de l’envoie de milliers de touristes vaccinés oui, mais non immunisés.

La rentrée scolaire approche à grand pas. Malgré le poids de la crise sanitaire, le gouvernement maintient la rentrée scolaire au mois de septembre en le repor- tant de douze jours par rapport à la date initiale. Les élus de Guadeloupe comme un seul homme avaient réclamé le report de cette rentrée scolaire. Sont-ils satisfaits de la date arrêtée ?

Ce mois de septembre sera for- cément chaud puisque le LKP a lancé un appel à la mobilisation générale de tous les travailleurs pour le 1 er septembre. Les syndi- cats d’enseignants n’ont pas eu de vacances puisque durant les deux mois, ils sont restés mobili- sés sur le terrain pour la défense de leurs libertés.

Dans cette crise sanitaire, en plus des morts du covid, beaucoup de gens meurent sous l’effet de stress et dans l’indifférence la plus totale. On n’en parle pas. Certains dépriment et font des accidents vasculaires cérébraux (AVC), à cause de pressions exercées sur eux. L’heure du bilan arrivera inexorablement.

Le plus dur reste à venir car, il y aura d’autres choix à faire pour sauver la Guadeloupe qui sera encore une fois, face à son destin.