ENERGIE ANTILLESQuatorze mois de mobilisation sans relâche

Outre la crise sanitaire liée au covid-19 qui fait l’actualité au quotidien, il y a d’autres crises sur le terrain social qui n’ont tou- jours pas trouvé leur aboutisse- ment. C’est le cas à la centrale de production d’Energie Antilles à Jarry. Pour mieux appréhen- der la situation, nous avons interrogé M. Jean-Pierre Baden, représentant à la Fédération Energie CGTG qui nous porte un éclairage.

Pouvez-vous nous rappelerla raison de votre mobilisation ?Jean-Pierre Baden : Lundi 23 août, cela fait 14 mois que nous sommes mobilisés pour le redémarrage de la centrale de production d’Energie Antilles.Qu’est ce qui bloque ?

C’est l’Etat qui n’a toujours pas rendu sa décision s’agissant de la programmation pluriannuelle énergétique, laquelle a été validée par la Région Guadeloupe depuis le 06 novembre 2020. C’est un projet qui prend en compte la poursuite de la centrale avec une énergie renouvelable, le bio-liquide. C’est une énergie qui tourne le dos au fuel lourd pour faire place à l’éner- gie végétale. La première étape a été réalisée par la Région qui a t ransmis le document dans les ser- vices de la préfecture. S’il présen- tait une anomalie en termes de la légalisation, la préfecture avait deux mois pour faire un recours. C e qui ne fut pas le cas. Nous avons appris, selon nos sources, que le document est en train de « dormir» au sein du ministère de l’Energie à Paris

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C’est une situation qui prive certains salariés de leur salaire depuis 14 mois. Cinq salariés ont déjà été licenciés. Le 19 juillet dernier, après le nouveau refus de l’Inspection du travail d’accepter d’autres licencie- ments, le ministère du Travail qui est la hiérarchie, est passée outre sa décision et a décidé de licencier le personnel protégé tels que ceux qui ont des mandats, soit au niveau de l’entreprise, soit au niveau de la Région. Ils peuvent être conseillers du salarié, défenseur syndical, juge prud’homal etc…Combien de salariés sontconcernés ?

Cela concerne une dizaine de sala- riés protégés.

Ont-ils la volonté de finir définiti- vement avec l’entreprise ?

Je répondrai, peut-être. Cepen- dant, jusqu’à ce jour, les disposi-tions réglementaires pour une fer- meture définitive du site ne sont pas réunies. Il revenait à la Deal qui était chargée de recueillir et de communiquer aux différentes au- torités un certain nombre d’élé- ments, de faire ce travail. Ce qui n’a pas été fait. C’est pour cela que je réponds avec des réserves sur leur intention de fermer.Quelle suite comptez-vous donner à un conflit social qui a déjà trop duré ?

Nous continuons à résister. Nous allons faire un pourvoi devant les tribunaux des prud’hommes pour faire cesser le licenciement des cinq camarades. Une fois que nous aurons la notification pour les sala- riés non protégés, à l’issue des deux mois, nous agirons sur le ter- rain politique afin d’obtenir la réu- nion tripartite attendue. Nous avons adressé un nouveau courrier au préfet Alexandre Rochatte, il y a de cela une semaine, pour lui rappeler que nous sommes tou- jours dans l’attente de la réunion qu’il nous a promise le 23 juin 2021. Notre deman-de est tou- jours sans réponse. La crise sani- taire ne peut en aucun cas servir de prétexte, puisque nous pou- vons très bien travailler par visio- conférence, comme cela est fait un peu partout.