Sarah Léonie Cysique, une judokate doublement médaillée aux JO

A 23 ans, la judokate d’origine guadeloupéenne Sarah Léonie Cysique a décroché une médaille d’argent en individuel aux Jeux Olympiques de Tokyo dans la catégorie des moins de 57 kg et une médaille d’or en équipe mixte. Tout juste rentrée d’un mois au pays du Soleil Levant, elle se confie sur cette incroyable expérience et se concentre déjà pour les JO 2024 à Paris.

Comment s’est passé le retour en France avec vos deux médailles autour du cou ?

Sarah Léonie Cysique : C’était fou ! Nous sommes arri- vés à l’aéroport à Paris dans la nuit et des gens nous attendaient. J’étais surprise qu’autant de personnes aient fait le déplace- ment pour nous accueillir. C’est là que j’ai réalisé l’impact que nos podiums avaient eu en France. Car sur place, nous, nous étions dans notre bulle et nous n’avions pas conscience de l’euphorie qui se tra- mait ici. Puis, j’ai été encore plus sur- prise quand les gens nous remer- ciaient ! Ils me remerciaient de quoi ? Nous leur avons apporté de la joie et une grande fierté et je suis vrai- ment heureuse d’avoir fait honneur à notre sport et à notre pays. Ensuite, nous avons poursuivi la fête sur l’esplanade du Trocadéro avec tous les autres athlètes et c’était fort en émotions. Nous étions aussi émus que la foule ce jour-là. Elle nous a offert une telle chaleur humaine et une telle énergie que je suis rechargée en bloc !Comment vous sentez-vous après ce mois de compétition qui s’est terminé de la plus belle des manières pour vous ?

Je suis en vacances, je souffle un peu et je réponds à tous mes textos ! Plus, sérieusement, clôturer des JO par une médaille d’or en équipe c’est quelque chose d’exceptionnel

. J’avais un sentiment d’inachevé à l’issue de ma défaite en finale mais je me suis reconcentrée pour pou- voir affronter l’équipe japonaise sur leurs terres. Ils étaient très stressés et sous pression et nous, à l’inverse, nous étions super détendus. Nous voulions marqué l’histoire en gagnant et ce fut le cas. C’est la pre- mière fois dans l’histoire que nous les battons ! Notre équipe a été sou- dée jusqu’au bout et, à ce moment- là, les larmes n’arrêtaient pas de couler. C’était aussi la première médaille d’or de ma carrière en senior (ndlr : Sarah est vice-cham- pionne du monde en équipe mixte en 2019 et 3ème au championnat d’Europe en 2020 et 2021).Ces JO vous les attendiez ?

Oui ! J’étais bien dans ma tête et bien dans mon corps. J’avais confiance en mon judo et j’avais fait une préparation régulière. L’objectif était clairement défini, je voulais être sur le podium. Lors de la finale, j’ai été disqualifiée pour une action dangereuse. J’ai posé, involontaire- ment, la tête au sol pour éviter une prise, ce qui peut-être dangereux, et l’arbitre a jugé que c’était de mon fait… Ce sont les règles et, même si aujourd’hui je ne comprends tou- jours pas cette décision, j’essaie de relativiser. Ce sont mes 1ers JO et je suis médaillée d’argent. Je suis très satisfaite de moi et de notre équipe (huit médailles au total). Maintenant, je suis prête à gagner encore beaucoup d’autres titres.

Est-ce que le contexte de crise sani- taire a été perturbant lors de la compétition ?

Honnêtement, non. Les Japonais sont très professionnels et très rigoureux dans l’organisation de tels événements sportifs et nous avons été très bien encadrés. A notre arri- vée, nous avons passé une semaine isolée dans un hôtel près d’Osaka avant de rejoindre le village des JO à Tokyo. Ensuite, chaque jour, nous avions des tests de dépistage sali- vaires mais la vie au village a été sim- ple et agréable. J’avais presque oublié le virus … Nous étions libres de nous déplacer à l’intérieur du vil- lage, de côtoyer les autres nations et autres athlètes et de profiter de toutes les infrastructures mises à dispositions (réfectoire, dojo, salle de jeux, etc). Je ne me suis pas sen- tie confinée même si nous ressen- tions le manque de nos proches du fait que les compétitions se dérou- laient à huit clos. Je trouve que ce fut de beaux JO. Je vais reprendre, en octobre, les entraînements et le tra- vail (ndlr : Sarah travaille en tant qu’agent de sureté à la SNCF à Paris). J’aurais aimé pouvoir me ren- dre en Guadeloupe pour voir ma famille à Petit Canal et rencontrer les supporters là-bas mais les condi- tions sanitaires ne le permettent malheureusement pas. Ce n’est que partie remise je l’espère !