Pour un Smic en adéquation avec les réalités de la Guadeloupe

Un a rrêté publié au journal officiel du 30 septembre 2021 porte le S mic à 1 589,47 € (brut mensuel) pour un emploi à temps plein. C e qui correspond à un Smic net de 1 257 €, soit environ une a ugmentation de 26 euros.

Il ne s’agit pas d’une revalorisation du Smic à la seule initiative du gouverne- ment pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés, en particulier des bas revenus. Cette augmentation ridicule de 2,2%, correspond tout simplement à l’application de l’article L. 3 231-2 du Code du travail qui garantit l’évolution du Smic sur la base de l’évolution de l’indice national des prix à la consomma- tion qui s’élevait au 30 septembre à 2,2%.

Cette augmentation du Smic est censée maintenir le pouvoir d’achat des ménages. Mais, l’Insee le reconnaît lui-même, l’indice des prix à la consom- mation n’est pas un indice de dépenses, ni un instrument de mesure du coût de la vie. Cette augmentation n’a nullement vocation à lutter contre la vie chère. La preuve, c’est que plusieurs organisations politiques et sociales en France jugent le montant du Smic, totalement insuffisant.

La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Parti Communiste Français de Fabien Roussel proposent un Smic net de 1 400 € soit 147 euros de plus que le Smic légal au 1 e r octobre 2021. Quant à la CGT, elle réclame un Smic net de 1 760 € mensuel, ce qui représente un gain de 503 €.

Je ne connais pas tous les éléments qui servent de base à ces propositions. Mais, j’observe qu’elles sont loin de la situation insoutenable, en termes économiques et sociales, générée par la crise sanitaire du Covid-19.

Cette crise a, incontestablement, exacerbé les inégalités économiques et aggravé les injustices sociales. Selon le rapport annuel d’Oxfam, présenté à l’ouverture du forum économique de Davos, «Les plus grosses fortunes mon- diales se sont enrichies à la faveur de la crise. Les milliardaires ont retrouvé le niveau de richesse qui était le leur avant la pandémie en seulement neuf mois, alors qu’il faudra plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des conséquences économiques du coronavirus».

Dans le contexte actuel, dans lequel on voit augmenter la pauvreté, il est urgent, non pas de donner un simple coup de pouce au Smic, mais de redon- ner un véritable pouvoir d’achat aux salariés.

Il faut augmenter les salaires, mettre en place une échelle des bas aux moyens salaires pour qu’ils progressent en même temps, faire en sorte que travailler permette d’élever ses enfants, d’avoir des activités de loisir, de vivre.

En Guadeloupe, cela ne peut pas être traité en agitant l’épouvantail de la République une et indivisible. Ce dogme a été éventé depuis 1953, lorsque le pouvoir français, acculé par le mouvement social, a élargi par décret l’indem- nité de 40% de vie chère aux fonctionnaires guadeloupéens.

Le Smic en Guadeloupe doit prendre en compte le niveau de pauvreté réel qui existe dans le pays, le recul du pouvoir d’achat et surtout gommer une fois pour toutes cette discrimination salariale entretenue par le pouvoir avec les 40% de vie chère.

Je remets sur la table ma proposition d’un Smic en Guadeloupe, en adéqua- tion avec les réalités du coût de la vie, formulée en 2004 et actée dans le pro- tocole de suspension de conflit avec le LKP en 2009.

Ce Smic en Guadeloupe doit être calculé en intégrant les 40% de vie chère. Sur cette base, il devrait s’élever au 1 er octobre 2021 à 1759,80 € net pour 35 heures de travail. Ce salaire minimum au niveau du Smic, doit être le point de départ de toute grille de salaire ou de traitement et le salaire de première embauche sans diplôme et sans qualification.

Le gouvernement a toujours la possibilité, à tout moment de l’année, de déci- der d’une augmentation plus importante du Smic. La loi ne fixe aucune limite à la «générosité» du gouvernement.