La lutte contre l’illetrisme (2 ème partie)

Si la «lutte contre l’illettrisme» fait l’objet aujourd’hui de forums et autres manifestations mon- diales, on ne peut exclure qu’elle a toujours préoccupé certains responsables conscients de l’aide qu’il fallait apporter à des populations parfois en détresse.

On peut citer en exemple des municipalités qui par le passé et pour aider à la promotion de leurs agents communaux, avaient mis au point ce que l’on appelait les «cours d’adultes», système qui s’étendait parfois aux habitants de leurs villes. Pointe-à-Pitre a été de celles-là. Les enseignants volontaires prenaient en charge les employés et autres citoyens inscrits à cet effet.

D’ailleurs, les prémices de la décen- tralisation et la montée du syndica- lisme au niveau territorial exi- geaient de passer des concours internes pour être promus.

Ces cours d’adultes avaient des avan- tages et quelques inconvénients :

- La proximité des maires avec leurs électeurs créait chez ces derniers un degré de confiance qui les pous- saient à s’inscrire. D’ailleurs, ces agents électeurs ou citoyens libres connaissaient le plus souvent les enseignants et l’école que fréquen- taient leurs enfants.

- Les heures de cours de 18h à 20h permettaient à ces hommes et à ces femmes de rentrer chez eux en toute tranquillité dans les différents quartiers de la ville.

- Les résultats en fin d’année étaient mitigés. Un taux de réussite impor- tant chez les hommes, moindre chez les femmes souvent absentes le soir (enfants à récupérer, repas à préparer, mauvaise volonté des maris etc..). Quand on connaît la sociologie de la famille antillaise, cela n’est pas surprenant.

Illustrons nos propos par les 3 exemples suivants montrant le rôle important de la «motivation» ani- mant certains de ces grands élèves :

- Ce jeune homme de 27 ans qui apprit à lire en un mois et demi et qui avoua au prof qu’il avait pani- qué lorsque son fils de 6 ans entré au CP lui avait présenté un texte à lire le soir.

- Cet artisan heureux de pouvoir enfin lire les chèques que lui remettaient ses clients.

- Cette brave pointoise dont les 7 enfants vivaient en France et qui refusait de leur rendre visite tant qu’elle ne pourrait pas, disait-elle, s’orienter seule dans le métro à Paris après lecture des panneaux de signalisation, ce qu’elle a pu concrétiser après une année d’ap- prentissage.

Ces expériences du passé peu- vent suggérer une prise de conscience des méthodes nou- velles à utiliser aujourd’hui.

Le code du travail ne permet plus, dans les collectivités, des recrute- ments ou des montées en grade fantaisistes comme autrefois. La Cour régionale des comptes et les syndicats veillant chacun de leur côté. Les entreprises privées qui recrutent exigent des niveaux de formation où la technologie joue un rôle essentiel. Les très petites entre- prises pour recevoir des aides et survivre doivent suivre le courant.

Reste donc à détecter les jeunes qui, entre 16 et 25 ans ont des diffi- cultés de lecture afin de les mettre en confiance. C’est un point impor- tant et c’est le travail des psycho- logues, sociologues, coachs pour n’oublier personne.

Il faut ensuite orienter ces jeunes dans des structures privées ou publiques, et par petits groupes leur permettre de «sauter les étapes» car il s’agit bien de cela, leur apprendre à lire vite et bien, s elon leur centre d’intérêt. Celui qui rêve de devenir agriculteur assimilera des textes au vocabu- l aire axé sur les jardins, les plantes etc…. Le futur mécanicien, lui, composera des textes ou lira sur i nternet des résumés des courses automobiles pour prendre des exemples, tout cela sous la conduite des enseignants formés pour cela, car apprendre à lire « par imprégnation» est une méthode connue des éducateurs, même si dans ces cas précis il faut p rivilégier la lecture en négligeant quelque part l’écriture (chaque chose en son temps).

Certains diront que, de toute façon, les ordinateurs corrigent les fautes d’orthographe. Il restera au jeune, s’il a de l’ambition, à s’améliorer par l a suite, ce qui arrive assez souvent. Ces réflexions sur la lutte contre l’il- lettrisme, nous les versons comme c ontribution au débat qui, selon nous, devra impérativement avoir lieu pour refonder «notre école» et aider notre jeunesse, comme le réclament d’ailleurs les syndicats et l es Comités de parents d’élèves.