La République ?

D ans le «Parlons vrai» du 14 octobre, j’ai écrit «la lutte contre le covid-19 que tous les acteurs de la santé et la population guadelou- péenne continuent à livrer, n’est plus la préoccupation du pouvoir et des autorités de santé». Nous en avons la preuve aujourd’hui.

Interpellé par la députée Justine Bénin à la séance de questions au gouver- nement le mardi 19 octobre 2021, en ces termes : «Sur l’ensemble du ter- ritoire de la Guadeloupe, je vois chaque jour la peur, l’angoisse, les tensions, face à l’obligation vaccinale. Comment accompagner cette situation dans une souplesse de gestion pour éviter le chaos ?».

Le ministre de la Santé et de la solidarité, Olivier Véran, drapé en gardien du temple de «la République», a répondu avec la morgue de ceux qui pen- sent qu’ils sont «le pouvoir», que : «l’obligation vaccinale des soignants doit s’appliquer comme sur tout le territoire de la République».

De quelle République parle-t-il ? Celle qui a illuminé le monde avec ses idéaux de liberté, de justice et de liberté ? Mais, vient-il d’un autre monde, ce Monsieur Olivier Véran ? Car, cela fait belle lurette que ses congénères traînent les principes républicains dans les caniveaux, les violences, les crimes, l’exploitation des hommes et des peuples.

Il a tout faux ! Car la République qu’il défend, celle des nantis, des brigands, des assassins, n’a aucune vertu pour s’imposer à la conscience des hommes libres et intègres. Surtout pas chez nous, en Guadeloupe, où elle représente les heures sombres de notre histoire de peuple.

Contrairement à cette idée savamment entretenue, la France n’est pas [La République]. La République est un mode d’organisation d’un pays dans lequel le pouvoir est exercé par des représentants du peuple. De ce fait, il y a plusieurs modèles de République et autant de formes de pouvoir qui s’exercent, selon la loi constitutionnelle de chaque Etat national ou fédéral.

La Constitution fait de la France un Etat unitaire caractérisé sur le plan juridique par une seule catégorie de lois adoptées par les élus de la nation et qui ont vocation à s’appliquer sur l’ensemble du territoire. C’est sur ce principe, déjà dépassé dans la révision constitutionnelle de mars 2003, que le ministre de la Santé s’est retranché pour ne pas répondre à la question feutrée posée par la députée Justine Benin. C’est la position de classe de la majorité gouvernementale qui exerce le pou- voir dans le cadre de l’Etat républicain qu’il a exprimé.

Certes, toute loi votée par le Parlement national français peut être modi- fiée ou abrogée, mais, la question de la député Benin faisait une ouverture sur l’article 73 de la Constitution révisée de 2003 qui stipule, dans son ali- néa 1 er : «Dans les départements et les régions d’Outre-mer, les lois sont applicables de plein droit. Elles peuvent faire l’objet d’adaptation tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités».

Là, on comprend mieux que ce n’est pas la République qui est l’obstacle à la résolution de la crise sociale enfantée par la crise sanitaire mais le carac- tère franchement colonialiste du Gouvernement français.

L’idée que nous avons de la République n’est pas celle de Véran, de Macron et de leurs commanditaires. Nous sommes pour une République sociale qui respecte le droit des peules à l’Autodétermination et à la libre adminis- tration de leur territoire.

La pandémie du Covid a mis à nu les mensonges de la France qui se pré- tend «pays des droits de l’Homme», de la solidarité, de la démocratie et de la fraternité. Nous voilà placés face à nos responsabilités de peuple !