Marie-Galante : Les planteurs seraient-ils les damnés de la canne ?

Cette question est plus que jamais d’actualité, si on se réfère aux récents courriers qu’ils ont adressés par le biais de diffé- rentes organisations, syndicats et groupements, à tous ceux et toutes celles en mesure de faire écho à leurs souffrances.

C etteîle dont l’histoire est inti- mement liée à celle de l’ar- chipel guadeloupéen a pour- tant joué un rôle combien héroïque dans la lutte pour briser les chaînes de l’esclavage d’avant 1848 et la poursuivre jusqu’à ce jour, tant sur le plan politique, qu’économique.

Et pourtant, cette «île aux cent moulins», si enchantée du père Maurice Barbotin et du poète Guy Tirolien, autrement appelée la Grande Galette, qui a aussi fait jadis la fortune des Européens et de leurs descendants, en dépit de ses merveilleux paysages marins et terrestres, n’est pas favorisée par son relief, la nature de son sol, sa pluviométrie, pour la diversifi- cation des cultures et le dévelop- pement de l’élevage. Et pourtant, elle a bien été pendant des décennies l’un des plus riches greniers de la Guadeloupe, grâce au courage, à la volonté et à la foi de ses occupants.

Depuis une quarantaine d’années, la situation de cette île devient de plus en plus préoccupante et la dernière mésaventure dont ont été victimes les planteurs de cannes de Marie-Galante, par l’explosion de la chaudière de la seule sucrerie survivante, les plonge dans le total désarroi.

Privés de revenus annuels pour l’an- née 2021, un très fort tonnage de cannes n’ayant pas été récolté, ils espéraient légitimement une in- demnisation en rapport avec leur manque à gagner, d’autant plus que la situation de l’emploi à Marie-Galante, plus qu’ailleurs, ne leur permet pas d’avoir une quel- conque activité de substitution ou complémentaire pouvant leur permettre une existence avec un minimum de dignité.

UNE RESPONSABILITÉ AVOUÉE,DES PROMESSES NON TENUES

Usinier, Etat, personnalités poli- tiques avaient formulé des pro- messes après ce véritable drame mettant l’usine hors d’usage pour une année entière, d’autant plus que la seule responsabilité de l’usi- nier a été reconnue, si nous en croyons les documents que nous avons reçus et signés par :

Messieurs Guy-Henri Vingataramin; Philippe Bavarday ; Madame Anita Diallo-Boécasse : l’Union pour la défense des agriculteurs de Marie-Galante (Udamag) ; l’Union pour la défense du terri- toire rural pays Marie-Galante (Udpmag) ; le Mouvement d’ac-tion agricole syndicale de Marie- Galante (Mas) ; Union des Commerçants, artisans et presta- t aires de services de Marie-Galante (UCAMAG).

T ous ces plaignants de leur juste cause demandent à ceux à qui ils s’adressent, soit en leur qualité de p arlementaires, d’intervenir au niveau du gouvernement ou de prendre les décisions relevant de leurs compétences, pour ne pas commettre cette injustice d’une rétribution pour la perte d’une année de travail, par une aumône annuelle de «70,00 € par mois alors que le revenu minimum en France perçu par le versement du Revenu minimum d’activité (RSA) est de 450,00 € mensuel». Une décision machiavélique prise unilatérale- ment lors de la réunion de suivi de cette catastrophe, le 29 septembre 2021, par la Société SA. Sucreries Rhumeries de Marie-Galante (Srmg), l’Etat, l’interprofession, le député Olivier Serva de la première circonscription de Guadeloupe.

Les destinataires de ces courriers sont : Le préfet et le sous-préfet de Guadeloupe ; les élus de Guade- loupe ; le Directeur général de la DAAF ; les dirigeants des instances de la canne en Guadeloupe ; le Directeur de la Compagnie finan- cière européenne de prise de parti- cipation (Cofepp) ; le Président du Conseil d’administration de la Srmg; le Président de la Société d’intérêt collectif de Marie-Galante (Sicama).

S’appuyant sur des luttes héroïque- ment menées jadis par les planteurs de cannes de la Guadeloupe et sur- tout sur deux jurisprudences ainsi que sur le contrat liant l’usinier aux planteurs, leurs revendications se résument en trois mots : «Huma- nité, Responsabilité et Respect». Ils ont ainsi donné l’alerte générale sur l’île, notamment en s’adres- sant solennellement, notamment aux «Collectif unis» ; «Collectif Moun Marie-Galante» ; «Syndicat intercommunal d’exploitants de Marie-Galante» (Siea) ; à «l’Union générale des travailleurs de la Gua-deloupe» ; à la «Confédé- ration générale des travailleurs de la Guadeloupe» (CGTG) ; aux «opérateurs de transport» ; au «Comité d’entreprise de la Srmg» pour qu’ils se mobilisent afin que les planteurs ne soient pas floués par cette décision scandaleuse, quitte à porter l’affaire devant les tribu- naux, pour faire entendre le droit à la dignité et le droit tout court. Nous renvoyons nos lecteurs à la lecture de ces différents docu- ments, caractérisés par leur clarté, leur précision et leur justesse.

Une affaire dont vous trouverez inexorablement la suite dans notre journal Nouvelles-Etincelles, tou- jours au front de la défense des tra- vailleurs, pour des causes légitimes.

Non ! Les planteurs de Marie- Galante ne doivent pas être les damnés de la canne ! Ils n’atten- dent pas l’aumône mais seule- ment réparation, pour continuer à travailler et se mettre au ser- vice de l’économie de la Guadeloupe qui en a le plus grand besoin.

Alors, oui, l’homme, qu’il soit fonc- tionnaire, libéral ou privé d’emploi toujours par la faute du capitalisme ultra-libéral, mérite le respect.