A propos de la Journée du patrimoine

Timide cette année en raison de l’épidémie de Covid-19, elle n’a pas drainé le public habituel, féru de visites de nos bâtiments publics (préfecture, palais de justice, moulins etc.). Le patrimoine est basé sur ce qui fait «l’art de vivre d’un peu- ple» : sa musique, son environne- ment, son rapport à la vie, à la mort, son habitat etc…

La Guadeloupe a, comme d’autres îles voisines, une histoire singulière qui a vu la superposition (certains diront légère fusion) de peuples venus de tous les continents.

De cette vie commune forcée qui a commencé il y a 5 siècles et qui per- dure encore, est né un «art de vivre à la créole» dans la Caraïbe et l’Amérique latine.

Nous considérons que la polé- mique est inutile concernant le mot «créole» quand ce mot sort de son contexte. Il est évident que les Antillais et Caraïbéens descen- dants d’Africains, d’Indiens, d’Amérindiens, d’Arabes ne sont pas des créoles -ce mot «créole» étant réservé aux descendants de «blancs» venus coloniser des terres dès le 15 ème siècle et qui ne sont pas (ou très peu) mélangés aux autres populations.

Mais sur ces terres tropicales humides, dans les cases des esclaves, ou les habitations de maî- tres, les objets et meubles, les jar- dins travaillés et forgés par les esclaves et plus tard, après l’aboli- tion, par des petits artisans noirs ins- tallés dans les faubourgs des villes a donné ce qui fait aujourd’hui le charme de nos pays et souvent l’ad- miration des touristes :

- Notre rhum et nos champs de canne à sucre par lesquels tout a commencé… ; - Nos meubles créoles ;

- Nos bijoux créoles adoptés dans le monde entier et dont les profes- sionnels regrettent de ne les avoir pas brevetés ;

- Nos robes créoles si bien mises en valeur par nos couturiers et nos cuisinières ;

- Nos vérandas créoles avec nos ber- ceuses, nos hamacs, nos jarres, nos chaudières dans lesquelles nos anciens faisaient griller le café ;

- Notre cuisine créole qui s’ex- porte grâce à nos chefs recon- nus mondialement ;

- Nos jardins créoles avec nos plantes médicinales si reconnues par ces temps de Covid ;

- Notre langue créole que nous avons appris à valoriser grâce au tra- vail des patriotes ;

- Notre musique créole symbolisée par le ka, le zouk, le léwoz et nos veillées ;

- Nos danses, biguines, quadrilles inspirés certes d’Europe mais pimentés à la sauce créole locale ;

Ce patrimoine que nous possédons doit être protégé et mis en valeur, car il constitue notre «art de vivre à la créole». Malheureusement, cer- tains de nos artisans du bois voient leur production de meubles concur- rencée par l’extérieur et souvent délaissée par un public jeune sensi- ble au modernisme. Il est dommage que nos enfants ne soient pas sen- sibilisés dès leur plus jeune âge à la connaissance et à la valeur de nos bois précieux (mahogany, bois de rose etc..). Les brocanteurs ne nous démentiront pas, eux qui récupè- rent souvent des objets et meubles de prix dans les décharges publiques. Quel dommage !

Nous espérons que cela changera dans les années à venir, car recon- naissons-le, les Guadeloupéens noirs, indiens ou créoles qui pos- sèdent ce patrimoine que nous avons énuméré acceptent d’ou- vrir au public leurs maisons et habitations lors des Journées du patrimoine et cela est très positif car nous permettant de prendre conscience de la valeur de ce que nous possédons.

Si les communistes avaient leur mot à dire dans les assemblées du pays, nous leur demanderions de condi- tionner toute aide aux structures touristiques du pays à l’achat d’un objet typique de notre patrimoine. Nous pensons aux brodeuses de Vieux-Fort, aux artisans du bois et à nos artistes peintres, sculpteurs afin de valoriseur leur travail.

Vivement demain 2022 après le Covid (nous l’espérons) à la pro- chaine Journée du patrimoine !