Assistanat avez-vous dit ?

En ce début du 21 è me siècle, la pensée coloniale et réactionnaire, sous-couvert d’analyse scientifique à visée sociologique, tente insidieusement de remettre dans le débat la thèse méprisante développée par l’inénarrable journaliste Philippe De Baleine dans son livre publié en 1979 : «Les danseuses de la France».

L’idée centrale de ce livre était de démontrer, à partir d’un calcul sim- pliste, que l’aide de la France aux Dom-Tom revenait à tondre cynique- ment le contribuable français. Les renégats politiques, lors de la consultation pour l’Assemblée unique en 2003, ont repris, avec un cynisme inouï, l’idée de De Baleine, que nous ne pouvons exister sans l’assistance de la France, pour dévoyer la consultation.

Depuis, les plus hauts dirigeants de l’Etat français ont invalidé cette thèse en affirmant sur tous les tons que : «La France reçoit plus des «Outre-mer» que ce qu’elle donne», en précisant que «la France sans les «Outre-mer» ne serait plus la France».

Aujourd’hui encore, dans le contexte de la crise sanitaire et de la résis- tance opposée par de milliers de Guadeloupéens à la politique vaccinale du Gouvernement français, on trouve des personnes qui, sous-couvert d’études scientifiques, réactivent cette vieille lune de De Baleine, pour tenter de dénigrer les luttes des Guadeloupéens pour la défense de leurs droits, de leur identité de peuple, en insinuant que les contestataires de la domination française revendiquent la reconnaissance, l’assistance et le soutien de l’Etat français. En clair, ils veulent pour parler comme les Français «le beurre, l’argent du beurre et le c… de la fermière».

Non ! Je rejette catégoriquement cette pensée coloniale déguisée. Car, si la lutte pour l’égalité des droits avec les travailleurs français a conduit les communistes guadeloupéens à soutenir la loi de départementalisation, l’expérience a très vite montré que ce nou- veau statut ne faisait qu’aggraver les mécanismes de l’exploitation capitaliste et de la domination coloniale.

En clair, il est apparu très vite pour les communistes que la départe- mentalisation était un marché de dupes et que l’égalité des droits était un leurre qui ne faisait que masquer les spoliations des richesses natu- relles et le produit du travail humain dans notre pays.

J’affirme en effet, que les revendications ont été trop souvent mal posées par les partis politiques et les syndicats, depuis les 60 dernières années en Guadeloupe. Les travailleurs guadeloupéens n’ont pas à considérer les acquis de leurs luttes comme une faveur de l’exploiteur. Le peuple guadeloupéen ne peut pas considérer comme une aumône les financements attribués à la Guadeloupe par la France.

Il s’agit, et cela doit être considéré comme une infime rétribution, de l’exploitation des travailleurs et du pillage organisé depuis des siècles des ressources de notre pays. Ce n’est qu’une partie du prix à payer par la France pour l’occupation du terroir guadeloupéen.

Aujourd’hui, la France est la deuxième puissance maritime mon- diale juste derrière les Etats-Unis. Elle possède à elle seule 10,2 mil- lions de km 2 d’espace maritime, grâce aux «Outre-mer» qui com- prennent aussi la Guadeloupe.

Ce potentiel représente 14% du PIB de la France, soit près de 40 mil- liards d’euros. Outre ces avantages économiques cette position de 2 ème puissance maritime permet à la France d’avoir une présence militaire à plusieurs endroits stratégiques du globe terrestre. Nous sommes pro- priétaires d’une grande partie de ces richesses.

Les Guadeloupéens ne peuvent donc nullement organiser leur lutte de libération à partir d’une position d’assistés, de débiteurs, mais dans une démarche de créanciers vis-à-vis de la France, en particulier.

Ils doivent contraindre la France à honorer sa dette coloniale et à restituer à la Guadeloupe tous ses droits de gestion de ses affaires.