Le changement climatique c"est pour nous aussi !

Le coup de marteau final de la COP 26, ouverte le 31 octobre 2021 à Glasgow, sera donné le vendredi 12 novembre. Elle réu- nit les pays signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements cli- matiques. Lors de la COP 26 en 2015, 194 pays et l’Union euro- péenne ont adopté l’accord de Paris. Ce traité international, juridiquement contraignant, vise à contenir le réchauffement cli- matique «nettement en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriel» et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Le GIEC (le Groupe intergouverne- mental d’experts sur l’évolution du climat) a estimé dans un rap- port en août que les émissions de gaz à effet de serre (GES) devraient diminuer de 45% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010 pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C et de 25% pour le limiter à 2°C. A l’ouverture de la COP 26, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a appelé à une plus grande ambi- tion pour réduire les émissions de GES, sera-t-il entendu ?

1- TABLEAU DE BORD DU CLIMAT A L"OUVERTURE DE LA COP 26Le climat se dérègle

Aux origines de la crise climatique, on retrouve un dérèglement dé- clenché par les activités humaines. Les gaz à effet de serre (GES) s’ac- cumulent dans l’atmosphère et favorisent la hausse des tempéra- tures, et déclenchent de véritables réactions en chaîne.

La concentration du dioxyde de carbone dans l’air a augmenté de 46% par rapport à la période préin- dustrielle, et dépasse actuellement 415 ppm. Elle se mesure en parties par millions (ppm) -1 ppm repré- sente 1 mg/kg. Souvent utilisé comme indicateur, le CO2 est loin d’être le seul gaz à effet de serre. Sans effet de serre naturel, la pla- nète se trouverait à une tempéra- ture peu hospitalière de -18 °C, au lieu de 14 °C en moyenne aujour- d’hui. Mais tous les gaz à effet de serre ne persistent pas la même durée dans l’atmosphère ! La vapeur d’eau, principal gaz à effet de serre naturel, ne reste que quelques jours avant de retomber en pluies

. Le CO2, en revanche, va persister 100 ans, contre douze ans pour le méthane. Tous n’ont pas non plus le même potentiel de réchauffement : une molécule de protoxyde d’azote (N2O) contri- bue ainsi 298 fois au réchauffement qu’une molécule de CO2.

Evolution des températures dans le monde

Principale conséquence de l’aug- mentation des émissions de gaz à effet de serre -converties, en fonc- tion de leur potentiel de réchauffe- ment, en équivalent CO2-, la Terre se réchauffe de plus en plus vite. Depuis 1880, la température moyenne à la surface s’est déjà réchauffée d’environ 1°C. Elévation des eaux dans le monde

L’augmentation des températures entraîne une élévation du niveau marin par deux mécanismes : la dilatation de l’eau de mer, qui occupe de plus en plus de place en se réchauffant, mais également la fonte des pôles et des glaciers. Selon le rapport du Giec sur les océans et la cryosphère de 2019, le niveau marin pourrait monter de près d’un mètre d’ici 2100, mettant en danger de nombreux écosys- tèmes et près d’un milliard d’hu- mains.Fonte des glaciers

C’est une des conséquences les plus visibles du réchauffement clima- tique. Les glaciers disparaissent progressivement. Selon les don- nées du Réseau des relevés glaciolo- giques suisse (Glamos), le glacier de Zmutt -dont dépend celui du Cervin- a ainsi perdu près d"1,2 km de longueur en un siècle, avec une accélération marquée dès les années 1940.2- C"EST NOTRE FAUTE

Les climatosceptiques voudraient voir dans les phénomènes actuels des fluctuations naturelles du cli- mat. Il n’en est rien ! Nos émis-sions de gaz à effet de serre sont e n cause.

Les émissions de gaz à effet de serre

L a responsabilité en revient princi- palement aux pays avec l’histoire industrielle la plus longue, comme l es Etats-Unis et l’Europe. La Chine est régulièrement pointée du doigt, mais rapportées à son nombre d’habitants, ses émissions sont plus faibles que celles de l’Allemagne.

Nos émissions sont en partie pié- gées par ce qu’on appelle des puits de carbone : tourbières, forêts, océans, mais également les sols. La carbonatation du ciment, réaction chimique qui se déroule au contact de l’air pendant la durée de vie du ciment, permet également de pié- ger une petite fraction du CO2 atmosphérique. Mais les change- ments d’affectation des terres, par exemple la déforestation, empê- chent ce stockage durable du CO2. Ces réservoirs ne sont alors plus suffisants pour neutraliser toutes nos émissions.L’ampleur de la déforestation

En 2020, un rapport des Nations unies rapportait que presque 100 millions d"hectares de forêts ont été perdus en deux décennies. Certains pays se démarquent avec de grosses pertes : la Russie (avec près de 5,5 millions d’hectares), le Brésil (près de 3,3 millions) et l’Australie (2,3 millions). A cause du changement climatique, les forêts sont de plus en plus vulnéra- bles, face à des incendies de plus en plus ravageurs. Du fait de leur raréfaction, les forêts stockent aussi de moins en moins de CO2.3. DE NOUVELLES MENACES

Le dérèglement climatique vient directement menacer l’humain et la biodiversité. Météo extrême (ouragans, tornades, canicules), perte de biodiversité, détériora- tion de la qualité de l’air… Au-delà du risque de dégât matériel, la question de l’impact sanitaire de ces aléas se pose aussi.Plus de canicules en Europe

Les températures moyennes aug- mentent en Europe et dans le monde. La décennie 2011-2020 est la plus chaude jamais obser- vée et les six années écoulées depuis 2015 ont toutes atteint des records, selon l’Organisation météorologique mondiale. Le nombre de jours aux tempéra- tures extrêmes devrait égale- ment augmenter.

La biodiversité en danger dans le monde

La fréquence accrue des événe- ments météo extrêmes accroît la pression sur des écosystèmes sou- vent déjà menacés. Dans sa liste rouge, l’Union internationale pour la conservation de la nature dresse la liste des espèces menacées à tra- vers le monde. La pollution de l"air

Selon l’OMS, 91% des habitants de la planète respirent un air pollué. Cette pollution, notamment due aux particules fines, aux oxydes d’azote (NOx) et à l’ozone tropo- sphérique est un fléau silencieux qui diminue l’espérance de vie.

4. LES ACTIONS À METTRE EN PLACE

Regarderons-nous le train passer sans rien faire ? Depuis le premier Sommet de la Terre de Rio en 1992, des accords internationaux comme le protocole de Kyoto (signé en 1997), et plus récemment l’accord de Paris (2015) ont suivi. Mais la diplomatie climatique est un lent processus, souvent peu contrai- gnant, alors qu’il y a urgence.

Les engagements des Etats grave- ment insuffisant

Dans le cadre de l’accord de Paris, 196 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2. A la veille de l"ouverture de la Cop 26, les évaluations des objectifs de réduction de 150 Etats pour 2030 ne changent pas vraiment la donne.

Mais ces promesses de neutra- lité carbone sont vagues, peu transparentes, certains parlent de gaz à effet de serre et d"au- tres seulement de CO2. Beaucoup d"Etats reportent les efforts à faire après 2030.

5. LE SOMMET CLIMATIQUE DE GLASGOW IRA-T-IL PLUS LOIN QUE CELUI DE PARIS EN 2015

S"il faut croire l"activiste clima- tique Greta Thumberg, rien de moins sûr. Elle a en effet déclaré en marge de ce sommet «Le déni de la crise climatique et écologique est tellement ancré que personne n"y prête encore vraiment attention. Les avertis- sements existentiels continuent de se noyer dans des veines pro- messes et dans le flux quotidien des médias. Nous voulons sau- ver la planète, mais en même temps préserver notre mode de vie non durable».

Espérons que la déclaration finale de la conférence en fin de semaine comportera suffisamment d"en- gagements concrets pour nous faire regarder l"avenir de la pla- nète avec plus d"optimisme.