VIA CAMPESINA*: LA PRIVATISATION DE L’EAU, “UN CRIME CONTRE LA TERRE ET L’HUMANITÉ” DÉCLARATION DE LA VIA CAMPESINA AU FORUM AL TERNATIF MONDIAL DE L’EAU TENU À MARSEILLE

Nous, organisations paysannes de dif- férents pays du monde, membres de La Via Campesina nous sommes rencon- trés du 12 au le 17 mars 2012 à l’occasion du Forum Alternatif Mondial de l’eau à Marseille, en France. Des délé - gués venus entre autres de Turquie, du Brésil, du Mexique, du Mali, ont expri- mé la détresse des «affectés» environnementaux et particulièrement, ceux qui sont touchés par la construction des barrages, les gaz de schistes, les mines, l’accaparement, la marchandisa - tion, la rareté de l’eau, les pollutions généralisées, les répressions et les meurtres envers les militants défenseurs de l’eau.

Nous revendiquons que le droit «de» et «à» l’eau soient respectés dans le cadre de la souveraineté ali - mentaire. Le droit «de» l’eau étant le respect permanent du cycle de l’eau dans son intégralité. Nous affirmons que la privatisation et la marchandisation de l’eau et de tout autre bien commun (semences, terre, connaissances locales et traditionnelles, etc) sont un crime contre la terre et l’humanité. Les grands pro - jets de barrage et de centrales hydro- électriques emprisonnent et accaparent l’eau, ne tenant compte ni des besoins, ni des pratiques traditionnel - les ni de l’opinion des communautés locales, et faisant fi de la préservation de l’écosystème. Les crises de l’eau, de la biodiversité, les crises sociales, énergétiques et financières sont toutes liées et sont les co nséquences du néolibéralisme et du modèle d’agriculture industrielle promu par les institutions financières internationales (Banque Mon-diale, Fond Monétaire internatio-nal,Organisation Mondiale du Com-merce), les t raités de libres échanges, le Conseil Mondial de l’Eau, les multinationales et la majorité des gouvernements.

L’économie verte est une fausse solu- tion face au changement climatique et à la pénurie d’eau. La marchandisation de l’eau, du carbone, de la biodiversité, les OGM, les nanotechnologies, la géo- ingénierie sont les nouveaux débouchés du néolibéralisme pour répondre aux crises. La fuite en avant continue alors que ces réponses technicistes et marchandes sont les principales responsables des chaos écologiques et sociaux que nous subissons. Le modèle de production industrielle, les monocultures, l’agrochimie, ont pollué nos eaux mis en péril notre santé. Nous défendons les pra - tiques agro-écologiques et l’agricul- ture paysanne qui mettent en pratique la souveraineté alimentaire et contribuent à la préservation et l’utilisation soutenable de l’eau. L’eau est un bien commun au bénéfice de tous les être vivants et doit être sou - mise à une gestion publique, démocra - tique, locale et soutenable. Les connaissances locales et traditionnelles de gestion de l’eau, qui protègent et considèrent l’écosystème dans sa globalité, existent depuis des millénaires. Elles ont fait preuve au fil du temps de leur efficacité. Les politiques publiques et les lois sur l’eau doivent reconnaître et respecter ces connaissances. Pour la souveraineté alimentaire : Stop à l’accaparement de l’eau !

*) Via Campesina : Mouvement Paysan International