«Les nègres de la République»

L’ Etat colonial français instrumentalise avec la violence qui fait partie de son ADN, l’opposition légitime d’une majorité de Guadeloupéens à l’obligation vaccinale et au pass sanitaire, pour détourner l’attention des victimes, de la faillite généralisée de sa politique sanitaire, sociale, économique, environne- mentale en Guadeloupe et pour tuer dans l’oeuf l’explosion sociale qui s’amorce.

C ar, ce qui préoccupe réellement le pouvoir d’Etat français aujourd’hui, ce n’est pas la santé publique, ni la vie des Guadeloupéens, c’est encore moins le dévelop- pement économique, mais l’explosion plus que certaine des mécontentements latents dans la société.

Pourtant, il s’est trompé de logiciel en laissant libre cours à son idéologie totali- taire, en mobilisant son arsenal législatif pour contraindre les citoyens à accepter, sans sourciller, les mesures répressives contre le personnel hospitalier et les frac- tures de la société sur fonds de privation des droits et libertés avec la vaccination obligatoire et le pass sanitaire.

Le gouvernement macroniste qui n’a que mépris pour le peuple, en refusant obs- tinément de comprendre les réalités de la société guadeloupéenne a ouvert par arrogance une crise systémique en Guadeloupe. Placé au pied du mur de ses bêtises, dans un face à face à l’issue incertaine avec le peuple guadeloupéen en colère il reçoit, comme aux heures les plus sombres de notre histoire, le soutien «des nègres de la République».

Dans le même esprit élitiste, condescendant de ceux qui au plus fort de la pique épi- démique d’aout 2021, ont volé au secours des autorités de santé publiques qui avaient failli, tombant à bras raccourci sur les Guadeloupéens non vaccinés jugés responsables de tous les cas de contamination et de mortalité covid au CHUG, des Guadeloupéens qui vivent sous les «lambris dorés» de la République, qui profitent des avantages et pri- vilèges du système de la doxa dominante livrent une nouvelle charge marquée du saut du mépris à l’encontre de nos compatriotes guadeloupéens.

Qu’est-ce qui permet à ces gens-là qui vivent loin des misères de la Guadeloupe, tout médecin, scientifique, chercheurs qu’ils sont, planqués dans les hôpitaux, universités et institutions françaises, de traiter les Guadeloupéens qui ne veulent pas encore se vacciner, d’abrutis, d’obscurantistes, d’irresponsables ? Je les accuse d’être les adeptes de l’idéologie du mensonge en affirmant qu’il y aurait un consensus mondial sur les vaccins anti-covid. Partout dans le monde, des scientifiques, des spécialistes en mala- die infectieuses expriment leur scepticisme, leur opposition à ces vaccins, mais ils sont marginalisés, exclus, qualifiés de complotistes.

Dans les pays d’Europe et particulièrement en France, de milliers de citoyens manifestent contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Tous les dirigeants des pays ou le taux de vaccination est le plus élevé reconnaissent que la durée de protection assurée par les vaccins imposés ne dépasse pas six mois. En France les élus de la Haute-Savoie ont demandé l’abandon du pass sanitaire qui serait à l’ori- gine des fractures dans la société.

J’aurais préféré que ces éminents savants élèvent, en France, leur voix pour défendre les droits des Guadeloupéens et notamment des soignants, médecins des villes, infir- miers et tous les agents hospitaliers aujourd’hui suspendus de leur fonction sans salaire, livrés à la précarité. Sont-ils aussi désincarnés pour ne pas comprendre que«empêcher les gens de travailler ne peut pas être dans l’intérêt de leur santé. Parce que lorsqu’on n’a pas de source de revenus, fruit de notre travail, pendant plusieurs mois et qu’on n’a pas d’aide, ce n’est pas à priori ce qui nous mette en bonne santé».

J’aurais préféré aussi qu’ils prennent la défense de leurs confrères médecins qui ont été totalement écartés de la stratégie de lutte contre le covid et qui ont fait l’objet d’inter- diction de prescrire et de soigner. Mais mieux encore, leur parole de scientifique, de professeurs de médecine aurait certainement pesé dans le combat titanesque livré par les compatriotes, condamnés à vivre sans eau depuis des décennies, à mourir des pathologies liées à l’empoisonnement au chlordécone.

Pourquoi n’ont-ils pas entendu le directeur du CHUG, Gérard Cottelon qui, bien avant la vague mortelle du Covid en août 2021 avait lancé un appel désespéré pour le recru- tement de médecins de haut niveau de compétence ? Aujourd’hui, la Guadeloupe n’a aucune leçon de civisme et d’engagement à recevoir de tous ces pontifes planqués dans leur confort parisien en situation de «nègres de la République».

Il ne suffit pas d’aller en pèlerinage à l’île de Gorée, de se prosterner au pied du baobab au Sénégal, d’allumer des lampions sur le parvis de la basilique de Saint-Denis en mémoire de nos ancêtres déportés d’Afrique pour se revendi- quer nègre guadeloupéen.