Terrassons la bête à trois têtes !

Malgré la situation de faillite qu’illustrent les chiffres des indicateurs économiques et sociaux et cette misère sociale réelle qui affecte de plus en plus de Gua-delou- péens, surtout en cette période de crise sani- taire liée au covid-19, on n’entend aucun élu légitimé s’exprimer sur une volonté réelle de rupture avec le système de pwofitasyon.

La Guadeloupe est une île d’une superficie de 1 628 km 2 et d’une popu- lation de 375 857 âmes en 2021.

Elle a une administration tricé- phale : l’Etat, représenté par le préfet avec deux Assemblées dites majeures : le Conseil régional et le Conseil départemental. Cette administration tricéphale a déjà montré que cela constitue un véri- table obstacle à la mise en oeuvre d’un plan de développement inté- gré pour le pays.

Les orientations économiques et sociétales de la France continentale en Guadeloupe ne profitent pas à l’économie guadeloupéenne mais plutôt à l’économie française.

En dépit de la déclaration du Général De Gaulle, à Brazzaville, au Congo, en 1944, la Guadeloupe ne s’est jamais départie du fonction- nement de colonie. Le rôle pré- pondérant reste toujours à l’Etat colonial qui dicte sa politique dans tous les domaines de la société guadeloupéenne et mise en oeuvre par les Assemblées locales à la botte du pouvoir.

La politique française a fait de la Guadeloupe une base de loisirs pour Européens, une grande plate- forme de redistribution des mar- chandises européennes, une terre de villégiature, et des Guadelou- péens, des éternels assistés.

On est donc bien loin des pro- messes du Général De Gaulle qui en 1944 à Brazzaville, en République du Congo, a prononcé un discours rempli d’espoir, je cite : «…il n’y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n’en profitaient pas moralement et matériellement, s’ils ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capa- bles de participer chez eux à la ges- tion de leurs propres affaires. C’est le devoir de la France de faire en sorte qu’il en soit ainsi».Le cadre institutionnel de la Guadeloupe ne permet, ni au Conseil régional, ni au Conseil départemental, d’impulser un développement salvateur.

L’indice de développement humain et les indicateurs en matière d’équi- pement des ménages placent la Guadeloupe parmi les pays plus ou moins développés et modernes.

Mais ce n’est qu’une apparence, dans un pays dans lequel vivent 30% de chômeurs, 27% de per- sonnes au-dessous du seuil de pau- vreté, 25% en situation d’illet- trisme, 11 000 personnes en attente d’un logement, un pays avec un taux de 8% de couverture de ses importations par ses expor- tations. La politique mise en oeuvre par l’Etat français, avec des mesures économiques et sociales ciblées, contribue à asservir les forces économiques, contenir les forces populaires, s’attacher les élites, détourner la jeunesse de ses responsabilités en ce qui concerne l’avenir du pays.

Malgré la situation de faillite qu’il- lustrent les chiffres des indica- teurs économiques et sociaux et cette misère sociale réelle qui affecte de plus en plus de Gua- deloupéens, surtout en cette période de crise sanitaire liée au covid-19, on n’entend aucun élu légitimé s’exprimer sur une volonté réelle de rupture avec le système de pwofitasyon.

La question principale à résoudre en urgence est celle d’un pouvoir guadeloupéen, avec une collecti- vité unique et non un contrat de gouvernance entre les deux col- lectivités «majeures». Pour y par- venir, il convient que les patriotes, les communistes, les nationalistes guadeloupéens honnêtes se met- tent ensemble et reprennent le flambeau de la lutte de décoloni- sation avec comme objectif, à terme, de décrocher un statut de large autonomie.