Le pronom personnel «iel» : Le connaissez-vous ?

Si non, il suffit de vous reporter au dictionnaire Le Robert en ligne pour découvrir qu’il s’agit d’un nouveau pronom person- nel, contraction de «il» et de «elle». Il est employé pour évo- quer un individu, quel que soit son sexe, dans le but de ne pas donner le genre, masculin ou féminin, de la personne qu"il représente.

I# faudra désormais dire : «iel est très content de cette nouveauté» au lieu de «il» ou «elle». Ainsi, le genre de cette per- sonne peut être masculin, féminin, ou indéfini, notamment pour celles et ceux qui se disent «non- binaires», c’est-à-dire qui ne se reconnaissent, ni dans le masculin, ni dans le féminin. Et voilà ! Le décor est planté. «Du chinois»a-t- on coutume de dire pour tout ce qui apparait compliqué à com- prendre. Par respect pour ce peu- ple, nous ne le dirons pas.

Dans Nouvelles-Etincelles N° 927 du jeudi 17 juin 2021, dans un texte intitulé «L’écriture inclusive sous l’angle du féminisme», nous évoquions le mouvement qui se développait dans la langue fran- çaise pour obtenir que, dans toute formulation écrite ou verbale, il soit pris en compte les deux genres, masculin et féminin, en clair, que la sempiternelle règle d’accord «le masculin l’emporte sur le féminin» soit bannie. Nous n’avons pas manqué de regretter cette volonté de complexification d’une langue estimée déjà si com- pliquée par les linguistes mon- diaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Académie française, dans sa lettre du 7 mai 2021, a condamné ce mode d’écriture.

S’agissant de ce nouveau pronom «iel», qui peut être utilisé aussi au pluriel, son introduction dans Le Robert a créé un tollé, jusque dans le milieu politique. Pour bien le com- prendre, il faut remonter à la pen- sée «woke»du début du 20 ème siècle qui a créé aujourd’hui le substantif,«wokisme», de l’idéologie Lgbt. Ce substantif est «devenu l’ennemi désigné de toute une partie de la classe politique». Le ministre de l"Education nationale, notamment, Jean-Michel Blanquer, l’a condam- né, «accusant les militants woke de fragmenter l’unité républicaine pour renvoyer les citoyens à une identité fondée sur leur origine, leur sexualité ou leur genre». En tout cas, les réac- tions sont diverses, selon que leurs auteurs relèvent des domaines poli- tique, littéraire, philosophique, sociologique, anthropologique.

Certains affirment que le «wokis- me»est le fruit du Marxisme ou lui succède, par le fait que la notion si révolutionnaire de «prolétariat» n’existe comme classe que vu sous l’angle de ce substantif. Les Français sont partagés, à propos de «iel» et parlent :

- d’enrichissement de la langue, pour Le Robertet ses partisans.

- de «virus de déconstruction de la langue française» avec ce «pronom factice iel» (Jean-Marie Rouart, romancier, essayiste entré dans l’Académie française depuis 1997).

- de «putsch en octobre 2021, dans un ouvrage de référence, pour arra- cher l’officialisation du mot», au sein de la langue française. Bien qu’existant, en effet, depuis le tout début des années 2010, il semble que ce soit seulement en 2013 qu’on a vraiment noté sa diffusion. En 2014, il a été de plus en plus employé, surtout dans des milieux militants.

-de volonté de toucher à la constitution symbolique de l"être humain, de faire admettre l’exis- tence d’un troisième genre qui ne serait ni masculin, ni féminin et dans lequel certaines personnes se reconnaîtraient.

Dans notre belle langue créole, nous n’avons aucun problème de genre avec nos pronoms «i» et «yo» dans,«i alé», «yo alé»par exemple. Et nous savons de qui nous parlons en disant, pour évoquer notre compa- triote philosophe, Henri Bernard,«yo mété nou asimilé, apwézan, yo vlé rann nou zenzen». Moralité ?...

Nous avons décelé, pourtant, en Guadeloupe, de nombreux adeptes de l’écriture inclusive et du parler inclusif, qui ne vont pas manquer de s’emparer de ce nou- veau pronom, surtout par un effet de mode. C’est leur liberté. C’est aussi la liberté des autres de pen- ser qu’il y a bien plus urgent à régler sur cette planète pour amé- liorer les conditions d’existence de l’humain, quel qu’il soit.

Le coronavirus SARS-Cov-2, igno- rant lui-même son sexe, n’épar- gne aucun genre. Mieux vaudrait donc se préoccuper à le terrasser, quel que soit le genre dont nous nous réclamons !