29 avril 2015 : 70e Anniversaire du premier vote des femmes en France

«Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes». C'est par ces mots que l'ordonnance du 21 avril 1944, prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger, instaure le droit de vote des femmes en France. A l'occasion de ce 70eanniversaire, il est bon d'éclairer objectivement que l'origine du droit de vote des femmes en France a été à l’instigation de Fernand Grenier, député communiste.

Le 29 avril 1945, les femmes françaises se rendaient pour la première fois aux urnes. Pour la première fois aussi les femmes de Guadeloupe qui n'avaient pas attendu la proclamation du décret du 21 avril 1944 pour se jeter dans le combat électoral, sont allées aux urnes. Beaucoup de femmes se souviennent encor e de la satisfaction ressentie lors de leur premier vote, car elles étaient nombreuses à être très actives au cours des campagnes électorales, et aspiraient ar demment à choisir leur candidat. C'était une revendication très forte des femmes, mais également du corps électoral dans son ensemble. D'aucuns y voyaient une véritable «manne électorale» facilement récupérable, d'autr es par contr e, étaient préoccupés par l'exploitation abusive des lar ges masses féminines qui se préparait. Ceux-là, dont les communistes au pr emier chef, ont décidé de combattre l'obscurantisme qui sévissait. Les communistes de la Guadeloupe, avec Gerty Archimède et bien d'autres militantes, se sont attelés à «l'é ducation populair e» pour permettr e à la grande majorité des femmes notamment, d'accéder à la lecture et à l'écriture, mais aussi à la compréhension du mouvement social. C'est dans ce contexte qu'en 1946, deux communistes : Gerty Archimède et Rosan Girard furent élus à l'Assemblée nationale. Avec ces deux députés communistes, le combat à l'Assemblée nationale pour réclamer «l'égalité des dr oits» pr omise par la loi de départementalisation, a été vivace, constant, et soutenu dans le pays par des masses de femmes, toutes convaincues de la nécessité de se bat tr e pour fair e aboutir leurs revendications concernant leur droit de travailleuses, de mères, et de citoyennes à part entièr e. C'est aussi dans la foulée qu'à l'initiative de Gerty Ar chimède et de quelques autres femmes communistes, fut créée en Guadeloupe, la pr emièr e or ganisation de femmes appelée «Union des Femmes Guadeloupéennes», et affiliée à l'Union des Femmes Françaises (U.F.F.). On peut donc affirmer sans forfanterie, que les communistes, que ce soit en France ou en Guadeloupe, ont été les pionniers et les plus fidèles défenseurs desdr oits des femmes : dr oit de vote, mais aussi droit de prendre toute leur part dans tous les domaines de la société. Droit à la dignité, au r espect, dr oit de concilier vie professionnelle et vie familiale ; droit d'avoir les mêmes salaires et les mêmes possibilités de promotion, à qualification égale avec leurs collègues masculins… Depuis l'intr oduction du principe de la parité dans le système électoral français en 1999, et jusqu'à mars der nier avec l'innovation du scrutin «binominal paritair e», les femmes ont conquis quelques postes électifs. Il convient d'enregistr er cette avancée, sans pour autant s'en satisfaire. Car, il y a encor e beaucoup de failles dans le système en place. Les statistiques ministérielles précisent que sur «les 101 départements, seules 10 présidences ont été confiées aux femmes». C 'est dire que le combat pour l'égalité ne fait que commencer ! La parité ne peut pas se limiter à la simple obligation légale de faire figurer sur une liste autant de femmes que d'hommes. Il faut prendre en compte les effets nocifs de la logique ultra libérale qui pointe la «rentabilité financière» comme une arme contre les acquis spécifiques des femmes. Il faut agir sur deux axes : la vie des femmes elle-même et l'idée qu'elles se font de la politique. Il faut bien mesurer leur charge de travail : double journée, conditions de travail pénibles, problème de temps disponible pour se consacrer à une activité associative, syndicale ou politique ; leur rapport aux enfants, les soucis aggravés par le manque d'équipement, la scolarité, l'insécurité, les déviances, sont souvent pour elles source de culpabilisation et de frein de leur activité. Pour fair e vivr e réellement la parité il faut que des mesures concrètes soient prises concernant notamment le statut de l'élu, la garantie de l'emploi et du déroulement de carrière, des droits sociaux permettant à la femme élue d'élever ses enfants dans des conditions acceptables, de se former , d'acquérir les compétences indispensables à sa fonction d'élue. On se rend compte qu'aujourd'hui la «parité» c'est juste un mot qui cherche à faire illusion, par contre, notre pays lui, a réellement besoin de l'apport des femmes pour avancer. C'est pour quoi les femmes de Guadeloupe doivent redoubler d'effort pour être des citoyennes averties, des combattantes aguerries, capable d'af fr onter les pratiques d'un autre âge découlant d'une idéologieréactionnair e et sexiste. Les avancées enregistrées sur le chemin de l'émancipation des femmes c'est avant tout le résultat de leur lutte et des humanistes épris de justice et de liberté.