54 ans après, la revendication d'autonomie rassemble les patriotes et les anticolonialistes
En cette année du 54e anni- versaire de la création du PCG et du lancement officiel de la revendication d'Autonomie,les choses semblent bouger dans le champpolitique guadeloupéen. Des forces politiques engagées sur le terrain de la lutte de décolonisation,mais opposées sur le niveau des statuts politiques à revendiquer et surtout sur la question des voies et moyens ont dépassé leurs antagonismes pour mettre en place une stratégie du possible :La conquête d'un statut de large Autonomie par la voie démocratique et la lutte politique de masse. Les réflexions et la recherche permanente de l'unité par leP ar ti C ommuniste Guadeloupéen ont lar ge ment contribué à cette év o lution positiv e. P our marquer cet anniv ersai r e et r enforcer le mouv ement qui est enclenché, Nouv elles- Etincelles publie quelques documents fondamentaux quiser v ent de boussole au Parti C ommuniste Guadeloupéen.
RÉSOLUTION POLITIQUE ADOPTÉE PAR LE CONGRÈS CONSTITUTIF DU PARTI COMMUNISTE GUADELOUPÉEN
En présence des délégués du Parti Communiste Martini-quais et de ceux du Parti Français, cent quarante-sept des meilleurs fils et filles de la Guadeloupe prennent une résolution tendant à intensi - fier la lutte en vue de l'extension des pouvoirs du Conseil Général et décident de transformer la fédération communiste en Parti Communiste Guadeloupéen.
L a IXeConférence Fédérale tenue les 29 et 30 mars 1958, à Capesterre (Gpe), après avoir discuté le rapport du Comité Fédéral sortant et s'être transformé en Congrès constitutif du Parti Commu-niste Guadeloupéen approuve l'orien- tation politique nouvelle proposée dans le projet de thèse. La gestion démocratique des affaires guadeloupéennes par les Guadeloupéens eux-mêmes sur la base de rapports nouveaux avec la France. L'érection de la Fédération de la Guadeloupe du Parti Communiste Français en Parti Communiste Guadeloupéen. Le Congrès réclame un Statut qui donne à la Guadeloupe : 1. Une Assemblée locale élue disposant d'un certain pouvoirlégislatif. 2. Un Exécutif guadeloupéen responsable devant cetteAssemblée. L'Assemblée locale doit disposer du pouvoir : a) de réglementer l'application dans le territoire des lois votées par le Parlement français. b) de voter des lois spéciales applicables au seul territoire. Dans l'opinion de ce changement de statut, le Congrès estime que c'est à juste titre que l'union avec la France est maintenue.
NÉCESSITÉ DE LA CRÉATION D'UN PARTI COMMUNISTE GUADELOUPÉEN
Examinant cette question, le Congrès déclare que vu les objectifs de la lutte actuelle, notre plus grande responsabilité dans la direction de notre nouvelle orientation politique, il est normal et nécessaire qu'un Parti Communiste Guadeloupéen Autonome soit constitué. Le Congrès précise que des liens nouveaux qui ne sauraient enta - cher en rien l'indépendance au Parti Communiste Guadeloupéen devraient être définis entre le Parti Communiste Français, allié et ami sûr du peuple guadeloupéen et nous-mêmes. Le Congrès préconise le renforcement des organisations du Parti et des organisations démo - cratiques de masses :
a) PARTI : Recrutement -création de cellules et de sectionsformation de cadres, écoles -respect du centralisme démocratique- direc - tion collective ferme. b)
MASSES : Organiser, renfor- cer, nous montrer les meilleurs dans les syndicats, les mouve- ments de jeunes et de femmes.
Le Congrès préconise également un renforcement de la forma - tion idéologique des militants base indispensable de l'union, de la réussite dans le travail et de la marche du Parti vers la réalisation de ses intérêts : le Socialisme et le Communisme. Le Congrès recommande à tous les communistes de faire un effort particulier pour acquérir une instruction géné- rale suffisante. Il préconise aussi l'amélioration de l'éducation des masses. Il appelle les intellectuels du Parti à un ef fort créateur , pour l'épa- nouissement de la personnalité guadeloupéenne. Le Congrès décide que desef forts doivent être poursuivis pour que l'activité des élus communistes soit élevée au niveau des exigences du moment et placés résolument sous la responsabilité des organismes réguliers du Parti. Le Congrès af firme sa volonté de lutter pour une réforme agraire, condition d'une indispensable reconversion de notre économie. Déjà, la lutte doit être menée pour la distribution des terres de la zone des 50 pas géométriques, en priorité, aux petits agriculteurs dans l'attente d'une véritable réforme agraire. Le Congrès recommande particulièrement aux militants de se pénétrer du rôle considérable que doit jouer l'hebdomadaire du Parti «L'Etincelle» dans la propagation de nos idées, sa rédaction, sa dif fusion, sa lectu - re, sa défense permanente doi - vent être un devoir de première urgence pour chacun. Le Congrès salue la lutte actuelle de tous les peuples coloniaux pour l'indépendance. Il salue tout particulièrement celle héroïquement menée par le peuple algérien contre les colo - nialistes français.
NÉCESSITÉ D'UN FRONT GUADE- LOUPÉEN ANTI-COLONIALISTE
Le Congrès considère que la réalisation de l'objectif essentiel de l'heure, à savoir : Le nouveau statut politique sera félicité par la constitution du Front guadeloupéen anti-colo- nialiste depuis longtemps préconisé par notre Parti. Dans ce front, pouvant se ras- sembler pour des objectifs com- muns à réaliser toutes les victimes et tous les adversaires de la politique colonialiste, dans le respect des convictions de tous.
LE RÔLE DÉCISIF DE LA CLASSE OUVRIÈRE
Sans vouloir diminuer en rien l'importance et le rôle de nos alliés éventuels, le Congrès estime que notre Parti s'appuyant sur les larges masses ouvrières et paysannes qu'il représente doit jouer complètement son rôle dans le Front guadeloupéen de lutte contre le colonialisme, étant entendu que les travailleurs constituent la classe la plus résolue à en flair avec lecolonialisme. La réalisation du Front ne signifie point pour notre Parti l'abandon de son programme : notre objectif final restant le triomphe du Socialisme et duCommunisme. Le Congrès proclame sa foi dans l'avènement de ce régi - me où la dignité de l'homme sera respectée, sa liberté garantie, la paix assurée. Nous ne sommes plus au temps où l'Union Soviétique luttait seule. Aujourd'hui, le Socialisme est un système mondial, la solidarité internationale du proléta - riat se renforce et quelque sinueux que soit le chemin, l'hu- manité atteindra inévitablement cet objectif radieux : La société communiste. Aucune force ne pourrait l'en empêcher. A l'heure où nous conviens les Guadeloupéens à prendre en mains les destinées de leur pays, nous renouvelons l'expression de notre indéfecti - ble attachement à la classe ouvrière française et son grand Parti Communiste dont nous savons pouvoir compter sur l'ap - pui constant et éclairé, nous réaffirmons notre solidarité avec tous les travailleurs du monde et tous les Parti Communistes frères, heureux et fiers d'apporter notre contri - bution à l'œuvre exaltante de la libération humaine.