Le parrainage : Un atout pour la citoyenneté et le vivre ensemble

Dans notre numéro 954 du jeudi 23 décembre 2021, nous avons exposé la finalité du par- rainage qui, jadis, permettait de resserrer les liens familiaux et amicaux, en assurant à l’enfant baptisé religieusement, la conti- nuité de son éducation et de son insertion sociale, dans le cas où ses parents, pour différentes rai- sons, ne seraient plus en mesure d’assumer leur responsabilité.

C ependant, le principe du parrainage a été adopté, dans la société dite civile, sans aucune approche religieuse. Il a différentes finalités. Par exemple :

1) L’engagement d’exercer en res- pectant l’éthique et la déontologiePar le serment traditionnel symbo- lique d"Hippocrate, du nom de ce médecin grec et aussi philosophe, né vers l’an 460 avant Jésus-Christ. sur l’île de Cos et mort en l’an 377 avant Jésus-Christ à Larissa, les médecins, chirurgiens-dentistes et les sages-femmes, en Occident, jurent jusqu’à aujourd’hui, qu’ils exerceront leur art avec honneur, probité, générosité et justice, dans l’intérêt et le respect des malades.

2) Pérennisation de la mémoire d’une sommité Dans certaines écoles de forma- tion professionnelle, la promotion d’étudiants qui commence sa 1ère année est identifiée par l’at- tribution du nom d’une sommité de la discipline. Cette action contribue à créer des liens forts de camaraderie pouvant se pro- longer par la solidarité profession- nelle ou entre les familles.

En Guadeloupe par exemple, la pro- motion d’infirmières ayant com- mencé leurs études à l’hôpital général en 1967, porte l’appella- tion «Promotion Joseph Ricou» du nom du médecin chirurgien guadeloupéen, spécialiste de médecine tropicale, né en 1876 à Le Moule, décédé en 1957 et qui a terminé sa carrière comme direc- teur de cet hôpital, après avoirdirigé le service sanitaire de la concession française de Shanghai en Chine de 1905 à 1920.

3) Eveiller et développer la citoyenneté Il s’agit d’amener à la réussir par la bonne conduite, l’effort, le travail et l’émulation. C’est ainsi, qu’au collège Nestor de Kerma- dec à Pointe-à-Pitre, la commu- nauté éducative, à l’initiative du Prin-cipal, a adopté, à partir de 1998, le principe du parrainage de chaque flux d’élèves arrivant en sixième, par une personnalité représentant un modèle d’iden- tification positive, jusqu’à leur sortie de la classe de troisième pour continuer au lycée.

Notre célèbre compatriote Guy Cornély, qui a été le premier pres- senti, a décliné la proposition, sans explication, après l"avoir pourtant accepté, laissant à supposer que c"était en raison de l"image négative des élèves que véhiculait l"anima- teur I.S sur une chaîne de télévision privée. Ceux-ci, en effet, à l’exté- rieur, avaient à l"époque un com- portement déplorable, que les directions n"étaient pas parvenues à corriger au cours de la précédente dizaine d’années. Il y eut ainsi les promotions : Antoine Chérubin, dit «Toutoune» ; Jacqueline Cache- mire Thôle ; Docteur Pédiatre Gérard Brédent, décédé en juillet 2015, à l’âge de 63 ans, Ray-monde Torin, Fred Deshayes. Des person- nalités très connues dans le monde sportif, éducatif,artistique, médi- cal, et musical.

4) Soutenir, encourager, conseiller, dans le parcours d’étudiantDes étudiants en médecine de la Faculté de médecine Hyacinthe Bastaraud, en Guadeloupe sont parrainés depuis plusieurs années par des membres de l’association Esculape, créée le 14 juin 2008, par l’épouse de l’éminent profes- seur de chirurgie Hyacinthe Bastaraud (1930-2007), pour pérenniser sa mémoire.

5) Produire un effet de marketing, de publicité commercialeUne technique commerciale pour élargir la clientèle et qui peut avoir un certain intérêt matériel ou finan- cier pour le parrain ou la marraine.

6) Donner une image et une enver- gure à une manifestation Cette stratégie peut même pren- dre la forme d’un co-parrainage constitué par un binôme parrain- marraine. Il s’agit de populariser la manifestation de manière à atti- rer le plus grand nombre possible de participants, spectateurs ou acteurs. Les évènements relatifs à la lutte contre le cancer, les mala- d ies génétiques, la semaine bleue, répondent à cette finalité.

7) Honorer l’implication au cours d’une carrière professionnelle ou l es services rendus à la société dans un domineCertains ordres de médaillés, telle que la section de la Guadeloupe de l’Ordre des Palmes Académiques, honorent les hommes et les fem- mes reconnus par la distinction de chevalier, officier ou commandeur dans l’Education nationale fran- ç aise, par un parrainage dont le par- rain est choisi par le futur décoré. Après avoir retracé le parcours de son filleul, le parrain lui épingle sur la poitrine la médaille, selon un proto- c ole, très solennel.

8) Accomplir un geste de convi- vialitéUn geste des us et coutumes qui consiste souvent à inviter l’ami que l’on reçoit à ouvrir la bou- teille de boisson encore cache- tée et à se servir d’abord, en lui d isant de la «baptiser», par la phrase créole : «Ou ka batizéy», surtout s’il s’agit d’un bon cru.

Dans tous les cas, le parrainage, s ’avère une action noble, appéciée, qui honore toujours celui ou celle qui répond à l’appel. On peut admettre qu’il contribue, selon le cas, à entretenir le vivre ensemble, l’économie, le social, et, de façon plus générale, la citoyenneté.