Sous-couvert de pandémie, le gouvernement français livre une guerre sale contre le peuple guadeloupéen

«L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, n’a été que l’histoire de luttes de classes». Karl Marx (Manifeste du Parti Communiste -1848).

B ien naïf ou complice, celui qui, agissant dans la société guadeloupéenne se refuse- rait de voir et de comprendre que la pandémie du Covid19 n’est pas la cause première des confrontations qui bousculent le pays.

Les travailleurs français ont vite perçu que la sortie «gaullienne» du Président Macron, le lundi 16 mars 2020, «nous sommes en guerre !», ne visait pas le virus. Car, reprodui- sant comme en 1939, la stratégie de sa classe, face à l’Allemagne de Hitler, il n’avait pris aucune disposi- tion pour protéger le peuple de France. Son adversaire n’a jamais été le coronavirus, mais les travail- leurs, les gilets jaunes, les anti-capi- talistes, les communistes.

Sa violente sortie dans le journal «Le Parisien» : «J’ai très envie d’emmer- der les non vaccinés»en parlant de ceux qui s’opposent à sa politique vaccinale, ne fait que confirmer son choix du début de la pandémie : La confrontation des classes.UNE GESTION DE LA PANDEMIE AU SERVICE DU GRAND PATRONAT

La vraie guerre, celle qui n’a jamais cessé pour le camp de Macron, la lutte de classes, connait une vio- lente offensive des forces capita- listes qui pensent pouvoir stériliser le mouvement social pour asseoir leur totale domination sur le monde du travail.

La preuve de ce que nous avan- çons ? Le gouvernement, au ser- vice du grandcapital, a pris des ordonnances le 25 mars 2020, en plein confinement, pour permettre de renforcer l’exploitation des tra- vailleurs. Cela pour répondre à la demande de Monsieur Geoffroy Roux de Gezieux, le chef du Medef, qui a déclaré : «Qu’il faudra se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire».

Ce sont les entreprises capitalistes qui tirent profit de la pandémie du coronavirus. Elles ont reçu au titre de la première phase du plan d’ur- gence national, 1 milliard et cin- quante millions d’euros de l’Etat. En Guadeloupe, les entreprises ont bénéficié dans le cadre d’un plan de relance :

- D’une contribution commune de l’Etat et de la Région de 205 millions

- De 500 millions du Conseil régional - De 154 millions du Ségur

Ce qui représente un engagement financier total en faveur des entre- prises de 859 millions d’euros.

S’il a été vérifié que les grandes entreprises ont été les premières bénéficiaires des largesses des pou- voirs on ne peut pas dire autant des petites entreprises et des travail- leurs en Guadeloupe. Les retom- bées ne sont pas au rendez-vous du développement local.

La crise sanitaire a fait éclater la «bulle» dans laquelle évolue la Guadeloupe, et a projeté un fais- ceau de lumière sur la situation réelle du pays. Cela s’est d’abord manifesté par la mobilisation des entreprises du BTP, des transports, du tourisme, qui ont paralysé le pays pendant 2 jours pour réclamer le paiement de leurs factures, un moratoire sur les charges sociales et fiscales, l’ouverture de grands tra- vaux pour pérenniser leurs activités.

C’est dans le prolongement de cette situation de crise économique que le gouvernement français, ignorant délibérément le contexte social, culturel et politique, a lancé son offensive autoritaire et anti- démocratique pour imposer son obligation vaccinale et le pass sani- taire. Ce choix délibéré a plongé le pays dans une crise systémique aux conséquences imprévisibles.L’OFFENSIVE DU GOUVERNEMENT CONTRE LA GUADELOUPE

L’acharnement du gouvernement a obligé les Guadeloupéens à se faire vacciner et particulièrement les personnels de santé s’inscrit d ans une offensive préméditée beaucoup plus large, livrée sur plusieurs fronts :

- La mobilisation de l’appareil judi- ciaire pour imposer un non-lieu d ans l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone.

- L’instrumentalisation d’un juge pour empêcher de traduire en jus- tice des gendarmes soupçonnés de violence ayant entraîné la mort d’un citoyen guadeloupéen.

- Le vote d’une loi d’exception pour dessaisir les élus guadelou- péens de la compétence de gérer l’eau et l’assainissement.

- La convocation-provocation d’un militant indépendantiste devant des enquêteurs judiciaires pour répondre d’une accusation virtuelle «d’appel à la haine raciale».

- Les poursuites engagées contre un avocat guadeloupéen pour bâillonner une voix qui s’élève contre les abus de pouvoir.

- L’exploitation cynique de la crise sociale pour nous imposer un nouveau mode de vie qui impacte nos relations de famille et le vivre ensemble.

Confronté à la résistance des Guadeloupéens contre la vaccina- tion et au mécontentement des travailleurs et de la jeunesse qui expriment leurs revendications, leur colère et leur souffrance dans les rues, le gouvernement français n’a comme seule réponse, la répres- sion, en déployant sur le territoire guadeloupéen ses forces spéciales de luttes contre le terrorisme et le grand banditisme.

LA STRATEGIE DE GUERREMISE EN OUVRE PAR LE POUVOIR FRANÇAIS EN GUADELOUPE

Il ne faut pas se tromper. Les mili- taires déployés sur le terrain en Guadeloupe ne sont pas là, unique- ment pour démonter les barrages et nettoyer la Guadeloupe des encombrants. Il est évident qu’ils sont là pour assurer la sécurité des groupes capitalistes : le centre com- mercial Carrefour, Milénis, les hôtels, les installations stratégiques de la France en Guadeloupe : Le port, l’aéroport, la Sara. Les sym- boles de la présence de l’Etat : la préfecture, la sous-préfecture, les palais de justice.

Là, c’est la face visible de la straté- gie. La mission cachée, c’est celle qui se décline dans l’attitude et les déclarations du ministre des Outre- m er Lecornu lors de son passage éclair en Guadeloupe : L’ultimatum :«Je ne discute pas avec des délin- q uants, des adeptes de la violence et du séparatisme politique».

L ’humiliation : «Je vous demande de condamner la violence perpétrée sur les forces de l’ordre et les biens des particuliers, comme préalable à toute ouverture de négociation».

Jamais aucun ministre, n’aurait adopté une telle posture en France. C’est l’expression sans fard des rapports coloniaux qui régissent les relations entre le pouvoir français et notre pays. Cela se traduit très clairement dans la présentation que fait le procureur de la République de Pointe-à-Pitre s’adressant à un prévenu, «Mon-sieur est employé au CHU et touche 2220 euros par mois. Il est l’employé de l’Etat français qu’il critique tant et qui est pourtant très généreux envers lui». Entendez par là, c’est l’Etat français qui vous fait vivre géné- reusement, vous lui devez obéis- sance et gratitude. Si ce n’est pas l’esclavage et le colonialisme, alors c’est quoi ?

C’est une déclaration de guerre aux syndicats, aux associations, aux gré- vistes du CHUG, à tous les Guade- loupéens debout sur les barricades et piquets de grève pour défendre leur droit au travail, à la liberté et au respect de leur identité.

Cette ligne étant affichée, le pas- sage à l’acte ne pouvait se faire qu’à trois conditions :

- Déstabiliser les élus et les placer en position de confrontation avec les Guadeloupéens en luttes, pour les discréditer.

- Mobiliser les Harkis et les «nègres de la République» en Guadeloupe dans leur rôle de supplétifs.

- Choisir le lieu symbole de la résistance pour ouvrir la confron- tation : le CHUG.

Après le rassemblement des Harkis et de «nègres de la République» sur le parvis du MACTe, pour soi-disant condamner la violence, le feu vert était donné aux forces spéciales de l’armée française pour, comme à Kolwezi, sauter dans la nuit sur le village de la résistance au pied du CHUG et le détruire.

Prolongeant la provocation a rmée qui a pris naissance dans l’enceinte du CHUG, les forces armées françaises ont transformé l e boulevard de l’hôpital en vérita- ble champ de bataille.

L es travailleurs en lutte ont fait preuve d’intelligence et de tac- tique. La confrontation s’est ter- minée cette fois sans victimes. Mais manifestement les forces d’intervention installent dans le pays un climat de mai 1967. Nous sommes désormais en légitime défense !DEJOUER L’OFFENSIVE GUERRIERE DE L’ETAT EN GUADELOUPE

L’Etat français qui pense avoir la supériorité des armes, cherche à résoudre la confrontation qu’il a lar- gement alimentée par la force, il se trompe. Il a réduit les gilets jaunes en France, parce qu’il manquait à ce puissant mouvement social, une dimension identitaire et nationale. Il était là dans une confrontation franco-française.

En Guadeloupe, il fait face à la montée d’une révolte sociale et nationale. Les raisons pour les- quelles il a perdu en Indochine, en Algérie, et ailleurs, sont les mêmes qui se mettent en place ici. Les Guadeloupéens en lutte doivent s’inspirer de ces expériences pour déjouer et anéantir la stratégie de guerre du pouvoir français.

La force incommensurable dont nous disposons est celle de l’unité de tout le peuple mobilisé sous la bannière de la justice sociale, de l’égalité des droits, de l’identité cul- turelle et nationale.

C’est cette ligne que nous devons développer et respecter dans tous les secteurs d’activité et de vie en Guadeloupe pour contrer la poli- tique de domination et d’exploita- tion que la France entend perpé- tuer dans notre pays. Aucun Guadelou-péen fondal natal, hon- nête et intègre ne peut soutenir cette offensive de l’Etat en Guadeloupe.

Cette affirmation de Christiane Taubira, pour caractériser la ges- tion capitaliste de la crise : «Ces vieux réflexes qui consistent à dire que la vie des gens, leur sécurité, leur santé, leurs conditions de vie, tout ça est hors champ, ce qui compte, c’est la productivité, la rentabilité, les cadences, ça, c’est terminé», est toujours d’actualité. Un autre monde se lève. Le temps de construire notre futur a sonné.