C’est quoi la politique culturelle de la Guadeloupe ?

Pour répondre à cette question suscitée par la présence des «Awtis an Rezistans» au Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre, nous avons interrogé M. Jean-Claude Nelson, l’élu responsable de la Commission culturelle au Conseil régional.

Y-a-t-il une politique culturelle en Guadeloupe ?

Jean-Claude Nelson :Je dirai même qu’il y a des politiques cul- turelles en Guade- loupe. Je rappelle que la culture est une compétence partagée avec la collectivité régionale, départe- mentale, les communes et l’Etat. Une politique culturelle, consiste à définir de grandes stratégies et orientations pour le développe- ment de la culture.

Les EPCI (établissements publics de coopération intercommunal) dont la culture n’est pas de leur domaine de compétence, y pren- nent une part importante, parce qu’aujourd’hui, la culture est un vecteur de développement éco- nomique.

Le fait que la culture soit une com- pétence partagée, donc les diffé- rentes collectivités ont leur propre politique culturelle. Donc, c’est aux maires de définir leur politique cul- turelle, il en est de même pour l’Assemblée départementale et idem pour l’Etat.

Contrairement à ce que pensent certains, les politiques publiques en matière de culture sont celles qui supportent le plus la culture

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Il y a des politiques culturelles éla- borées, qui se croisent et parvien- nent à se mettre en place. De toute façon, les grands axes de la politique culturelle se trouvant en Guade-loupe sont très larges et couvrent pratiquement l’ensemble des besoins du territoire. Comment expliquez-vous que les «Awtis an Rezistans» au Centre des Arts et de la Culture de Pointe- à-Pitre réclament à cor et à cri, la création d’une politique culturelle en Guadeloupe ?

Vous savez, les gens ont toujours l’impression que rien ne se fait et que tout peut se faire que par eux. Je rappelle que pour certains d’entre eux, ils ont bénéficié des politiques publiques mises en place. Ce qui veut dire qu’il y a bien une politique publique autour de la culture. Aujourd’hui, les salles de spectacles appartiennent aux communes. Le Centre des Arts et de la Culture est une salle de commune.

L’Artchipel à Basse-Terre est une salle financée par l’Assemblée départementale et l’Etat. Les gens ont toujours tendance à penser que dans la filière où ils sont, on ne fait jamais assez. De ce fait, ils considèrent qu’il n’y a pas de poli- tique culturelle. La Région Guadeloupe a une politique cultu- relle répartie en plusieurs axes :

• Autour du patrimoine. Nous avons à entretenir, rénover le patrimoine existant.

• Nous avons une politique cul- turelle autour du livre et de son édition.• Nous avons une politique cultu- relle déterminée avec le cinéma.

• Nous avons une politique autour du spectacle vivant, nous soutenons quatre ou cinq festivals et le cinéma.

• Dans notre démarche, nous sou- tenons aussi des projets ponctuels autour de la musique.

•Nous avons un pôle régional des Arts du spectacle qui est chargé de tout ce qui est enseignements artistiques et culturels.

• Nous avons une politique autour de l’art contemporain et de l’art visuel. Nous avons en projet, la création d’une salle d’exposition d’Arts contemporains.

• Chaque année, pour soutenir le monde des plasticiens, la Région Guadeloupe achète des oeuvres pour soutenir l’activité.

Nous avons un volet de soutien des porteurs de projets. On ne peut pas avoir une pensée unique sur la culture. Elle est vaste et diversifiée, c’est quelque chose qu’on ne peut pas brider. C’est quelque chose qui est censée être l’aune de l’humanité.Est-ce que le Conseil régional s’intéresse à ce qui se passe auCentre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre ?

J e rappelle que le Centre des Arts est une salle communale qui appartient à la ville de Pointe-à- P itre. Cap Excellence y est inté- ressé parce que c’est aussi une activité économique et beaucoup d ’activités culturelles sont des activités économiques. Le Centre des Arts a plusieurs problèmes :

• Le coût de la réparation de l’édifice

• C’est un bâtiment en chantier et en tant que politique, je ne peux pas me rendre sur un lieu squatté, même si je peux soutenir cer- t aines actions culturelles en tant qu’acteur culturel.

• D’autre part, il faut qu’il y ait un projet. C’est à la ville de Pointe-à- Pitre et à Cap Excellence de rédi- ger ce projet de gestion du Centre des Arts.

En tant qu’observateur culturel, en dehors des besoins du monde cul- turel pour avoir des lieux pour s’ex- primer, diffuser, la vraie question est, comment répondre à la demande des artistes qui sont au Centre des Arts ? Le Centre desArts est une salle mythique, qui a permis à des générations d’ar- t istes de s’exprimer. Maintenant, pour moi, la réponse c’est la possi- bilité pour les artistes de trouver d es lieux d’exposition disséminés sur tout le territoire de manière à assurer l’équilibre.

Passée la nostalgie de cette salle m ythique, on doit aller vers la construction d’une salle couverte avec une capacité de 2 à 3 000 personnes permettant au produc- teur de rentrer dans son borde- reau de production. Donner aussi de la qualité au spectacle dans une vraie salle de spectacle.